Kate Holt/Africa Practice
A girl collects water from a stand pipe in Costa del Sol near Maputo, Mozambique in April 2009
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Eau potable

13 septembre 2023

Principaux faits

  • En 2021, plus de deux milliards de personnes vivaient dans des pays en situation de stress hydrique, phénomène que les changements climatiques et la croissance démographique devraient exacerber dans certaines régions (1).
  • En 2022, au moins 1,7 milliard de personnes dans le monde utilisaient une source d’eau potable contaminée par des matières fécales. La contamination microbienne de l’eau potable due à la contamination par des matières fécales constitue le plus grand risque pour la salubrité de l’eau potable.
  • La présence d’arsenic, de fluorure ou de nitrate dans l’eau potable est le risque chimique le plus important, mais les nouveaux contaminants tels que les produits pharmaceutiques, les pesticides, les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) et les microplastiques inquiètent le grand public.
  • La disponibilité d’eau salubre en quantité suffisante facilite l’hygiène, essentielle pour prévenir non seulement les maladies diarrhéiques mais aussi les infections respiratoires aiguës et de nombreuses maladies tropicales négligées.
  • La contamination microbiologique de l’eau potable peut être à l’origine de la transmission de maladies telles que la diarrhée, le choléra, la dysenterie, la fièvre typhoïde et la poliomyélite, et on estime qu’elle entraîne chaque année 505 000 décès consécutifs à des maladies diarrhéiques.
  • En 2022, 73 % de la population mondiale (soit 6 milliards de personnes) utilisaient un service d’alimentation en eau potable géré en toute sécurité, c’est-à-dire situé sur le lieu d’usage, disponible à tout moment et exempt de contamination.


Vue d’ensemble

À des fins de santé publique, il est important d’avoir facilement accès à de l’eau salubre, destinée à la consommation, à un usage domestique, à la production alimentaire ou aux loisirs. L’amélioration de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement, ainsi qu’une meilleure gestion des ressources en eau, peuvent favoriser la croissance économique des pays et contribuer sensiblement à faire reculer la pauvreté.

En 2010, l’Assemblée générale des Nations Unies a reconnu explicitement le droit à l’eau potable et à l’assainissement comme un droit humain. Chacune et chacun a droit à un accès suffisant, continu, sûr, acceptable et abordable à de l’eau pour un usage personnel et domestique.

Services d’alimentation en eau potable

La cible 6.1 des objectifs de développement durable consiste à assurer l’accès universel et équitable à l’eau potable à un coût abordable. Les progrès réalisés en vue d’atteindre cette cible sont suivis au moyen de l’indicateur relatif aux « services d’alimentation en eau potable gérés en toute sécurité », c’est-à-dire l’eau potable issue d’une source d’eau améliorée située sur le lieu d’usage, disponible à tout moment et exempte de contamination fécale et de pollution par des substances chimiques d’intérêt prioritaire.

En 2022, 6 milliards de personnes utilisaient des services d’alimentation en eau potable gérés en toute sécurité, c’est-à-dire qu’elles utilisaient des sources d’eau améliorées situées sur le lieu d’usage, disponibles à tout moment et exemptes de contamination. Parmi les 2,2 milliards de personnes restantes n’ayant pas accès à des services gérés en toute sécurité en 2022 :

  • 1,5 milliard de personnes avaient accès à des services de base, c’est-à-dire à une source d’eau améliorée située à moins de 30 minutes aller-retour ;
  • 292 millions de personnes avaient accès à des services limités, c’est-à-dire à une source d’eau améliorée située à plus de 30 minutes aller-retour ;
  • 296 millions de personnes utilisaient l’eau de puits et de sources non protégés ; et
  • 115 millions de personnes collectaient des eaux de surface non traitées provenant de lacs, d’étangs, de rivières et de ruisseaux.

De profondes inégalités géographiques, socioculturelles et économiques subsistent, non seulement entre les zones rurales et urbaines, mais aussi dans les villes, petites et grandes, où les personnes ayant de faibles revenus et habitant dans des implantations spontanées ou illégales ont en général moins accès aux sources d’eau améliorées que les autres citadins.

Eau et santé

L’eau contaminée et le manque d’assainissement entraînent la transmission de maladies comme le choléra, la diarrhée, la dysenterie, l’hépatite A, la fièvre typhoïde et la poliomyélite. L’absence de services d’alimentation en eau et d’assainissement, ou leur insuffisance ou mauvaise gestion, expose les personnes concernées à des risques sanitaires évitables. C’est particulièrement vrai dans les établissements de santé où les patients et le personnel courent un risque supplémentaire d’infection et de maladie lorsqu’il n’y a pas de services d’alimentation en eau, d’assainissement et d’hygiène.

Sept patients sur 100 dans les pays à revenu élevé et 15 patients sur 100 dans les pays à revenu faible ou intermédiaire contractent au moins une infection nosocomiale pendant leur séjour à l’hôpital.

La mauvaise gestion des eaux usées urbaines, industrielles et agricoles implique pour des centaines de millions de personnes une contamination dangereuse ou une pollution chimique de l’eau potable. La présence naturelle de produits chimiques, notamment l’arsenic et le fluorure, en particulier dans les eaux souterraines, peut également avoir une incidence sur la santé, tandis que d’autres produits chimiques, comme le plomb, peuvent être libérés dans l’eau potable en quantités importantes en raison de leur présence dans les éléments du réseau d’approvisionnement.

On estime que, chaque année, environ un million de personnes meurent de diarrhée à cause de l’insalubrité de l’eau potable et du manque d’assainissement et d’hygiène. La prévention de la diarrhée est pourtant largement possible, et on pourrait éviter chaque année la mort de 395 000 enfants de moins de cinq ans si on luttait contre ces facteurs de risque. Lorsqu’il est difficile de se procurer de l’eau, il arrive que les gens décident que le lavage des mains n’est pas une priorité, ce qui augmente le risque de diarrhée et d’autres maladies.

La diarrhée est la maladie la plus connue associée aux aliments et à l’eau contaminés, mais elle n’est pas la seule. En 2021, plus de 251,4 millions de personnes avaient besoin d’un traitement préventif de la schistosomiase, une maladie aiguë et chronique causée par des vers parasites qui peuvent être présents dans l’eau.

Dans de nombreuses régions du monde, les insectes vivant ou se reproduisant dans l’eau sont vecteurs de maladies, comme la dengue. Certains d’entre eux se reproduisent de préférence dans une eau propre, et les conteneurs d’eau pour la consommation des ménages peuvent servir de gîtes larvaires. L’intervention simple qui consiste à couvrir les conteneurs pour la conservation de l’eau permet de réduire la reproduction des vecteurs et pourrait aussi avoir l’avantage de diminuer la contamination fécale de l’eau au niveau des ménages.

Effets économiques et sociaux

Lorsque l’eau provient de sources d’eau améliorées et plus accessibles, les gens passent moins de temps et consacrent moins d’efforts à la collecter, ce qui libère leur productivité pour d’autres choses. Il peut aussi en résulter une plus grande sécurité personnelle et une réduction des troubles musculosquelettiques, puisque cela évite les déplacements longs et risqués pour aller chercher de l’eau et la transporter. L’amélioration des points d’eau implique en outre une baisse des dépenses de santé, car la probabilité de tomber malade et de devoir assumer des frais de santé diminue ; il est alors plus facile de maintenir la productivité économique.

Les enfants étant particulièrement exposés au risque de maladies d’origine hydrique, l’accès à des sources d’eau améliorées peut leur permettre de vivre en meilleure santé et ainsi améliorer leur fréquentation scolaire, ce qui aura des conséquences positives à long terme sur leur vie.

Défis

Le rythme de progression historique doit être multiplié par deux pour parvenir à une couverture mondiale des services d’eau potable de base d’ici à 2030, et par six pour parvenir à des services universels gérés en toute sécurité. Les changements climatiques, la raréfaction de l’eau, la croissance de la population, les évolutions démographiques et l’urbanisation posent déjà des problèmes aux systèmes d’approvisionnement en eau. Plus de deux milliards de personnes vivent dans des pays en situation de stress hydrique, phénomène que les changements climatiques et la croissance démographique devraient exacerber dans certaines régions. Le recyclage des eaux usées, pour récupérer des nutriments ou de l’énergie, devient une stratégie importante. L’utilisation des eaux usées et des boues est répandue dans le monde entier, mais elle se pratique souvent de manière informelle et/ou sans traitement suffisant ni autres contrôles pour assurer la protection de la santé humaine et de l’environnement. Si elle s’effectue dans des conditions appropriées, l’utilisation sûre des eaux usées et des boues peut présenter de multiples avantages, notamment accroître la production alimentaire, renforcer la résilience face aux pénuries d’eau et de nutriments, et rendre l’économie plus circulaire.

Les sources utilisées pour l’eau potable et l’irrigation continueront d’évoluer et dépendront de plus en plus des eaux souterraines et de nouvelles sources d’approvisionnement, dont les eaux usées. Les changements climatiques entraîneront de plus grandes fluctuations dans la collecte des eaux pluviales. Il faudra améliorer la gestion de l’ensemble des ressources hydriques pour garantir la quantité et la qualité de l’approvisionnement.

Action de l’OMS

En tant qu’autorité internationale en matière de santé publique et de qualité de l’eau, l’OMS dirige les efforts mondiaux visant à prévenir les maladies d’origine hydrique, tout en conseillant les gouvernements sur la réglementation et les objectifs sanitaires.

L’OMS produit une série de lignes directrices sur la qualité de l’eau couvrant l’eau potable, l’utilisation sans risque des eaux usées et la qualité des eaux de baignade. Les lignes directrices relatives à la qualité de l’eau se fondent sur la gestion des risques. Depuis 2004, les Directives de qualité pour l’eau de boisson promeuvent l’application du cadre destiné à garantir la sécurité sanitaire de l’eau de boisson. Ce cadre recommande la définition d’objectifs sanitaires, l’élaboration et la mise en œuvre de plans de gestion de la salubrité de l’eau par les fournisseurs, afin de repérer et de gérer les risques le plus efficacement possible, du captage au consommateur, et une surveillance indépendante pour que les plans de gestion de la salubrité de l’eau soient efficaces et que les objectifs sanitaires soient bien atteints.

Les Directives pour la qualité de l’eau de boisson s’appuient sur des publications qui constituent le fondement technique des recommandations. Par ailleurs, l’OMS apporte un appui aux pays dans la mise en œuvre des Directives en élaborant des guides pratiques et en leur fournissant un soutien direct. Ces efforts consistent, entre autres, à élaborer des réglementations localement applicables sur la qualité de l’eau de boisson qui soient conformes aux principes figurant dans les Directives, à élaborer, mettre en œuvre et contrôler des plans de gestion de la salubrité de l’eau, et à renforcer les pratiques de surveillance.

Depuis 2014, l’OMS teste les produits de traitement des eaux utilisés dans les ménages au regard des critères de performance sanitaire de l’OMS dans le cadre de son programme international visant à évaluer les technologies de traitement des eaux au niveau des ménages (en anglais). Le but est de veiller à ce que ces produits protègent les utilisateurs contre les agents pathogènes à l’origine des affections diarrhéiques et de renforcer les politiques, réglementations et dispositifs de suivi au niveau national pour contribuer au ciblage adapté de ces produits, ainsi qu’à leur utilisation correcte et régulière.

L’OMS collabore étroitement avec l’UNICEF dans plusieurs domaines relatifs à l’eau et à la santé, y compris en ce qui concerne l’eau, l’assainissement et l’hygiène dans les établissements de santé (en anglais). En 2015, les deux organisations ont conjointement mis au point l’Outil d’amélioration de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène dans les établissements de santé (WASH FIT), qui est une adaptation de l’approche du plan de gestion de la sécurité sanitaire de l’eau. WASH FIT vise à guider les petits établissements de soins de santé primaires dans les zones à revenu faible ou intermédiaire par le biais d’un cycle continu d’améliorations obtenues grâce à l’évaluation, à la hiérarchisation des risques et à la définition d’actions ciblées spécifiques. Un rapport de 2023 (en anglais) présente les mesures pratiques que les pays peuvent prendre pour améliorer les aspects relatifs à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène dans les établissements de santé.

 


  1. UN-Water. Summary progress update 2021: SDG 6 – water and sanitation for all. https://www.unwater.org/sites/default/files/app/uploads/2021/12/SDG-6-Summary-Progress-Update-2021_Version-July-2021a.pdf