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Morins

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Les Morins sont une des tribus gauloises belges[1]. Ils furent mentionnés pour la première fois par Jules César, qui a eu des difficultés à les contrôler.

Leur origine (et langue) était probablement germanique. César et Tacitus les citent souvent ensemble avec les Ménapiens, dont l'origine germanique n'est pas discutée.

Boulogne-sur-Mer était leur port le plus important, le port par excellence pour accéder en Grande-Bretagne pour les Romains qui l'appelaient Portus Itius.

Zosime (historien) précise que Bononia (Boulogne) était germanique à la fin du quatrième siècle (Bononia germanorum). Le nom médiéval, quand le ville était encore flamande, était Bonen[2].

Le nombre d'habitants à l'époque peut être estimé à quelque 100 000 personnes. Leur culture était pleinement celtique.

Territoire

Leur territoire, avait pour civitas (capitale administrative Romaine) Taruanna, Terwaan en néerlandais qui deviendra Thérouanne en français. La Morinie s'étendait de l'embouchure de l'Escaut - frontière avec les Ménapes au nord - à la vallée de la Canche, frontière avec les Ambiens. Dans le nord, ce territoire se limitait aux polders Belges et leurs 'rives'.

Une grande partie de leur territoire était constituée de polders, terrains très argileux et impropres à l'habitation et de forêts humides dont il reste par exemple la forêt de Clairmarais (drainée depuis) dans le sud. Les polders s'inondaient régulièrement durant l'hiver, soit à cause des pluies, soit à cause des tempêtes, soufflant du nord-ouest combinées avec des marées hautes, qui poussaient la mer vers l'intérieur des terres.

Les Morins vivaient suppose-t-on surtout en bordure de ces territoires, soit à l'ouest où ils ont produit du sel durant au moins 800 ans (de 400 av. J.-C. à 400 ap. J.-C.), sur la côte dans les dunes, soit à l'est où le sol sablonneux remplace l'argile.

Ces moëres furent de temps en temps inondés par la mer. Les Morins jetaient des monticules pour bâtir des habitations au-dessus. Ces mottes s'appelaient pol, comparez avec 'boule', d'où polders[3]. Les Moëres étaient fertiles, moyennant un bon drainage.

Étymologie

Leur nom semble dérivé du mot moer (marais), mot proto-indo-européen relaté à mer (français), mare (latin), etc[4] Une région est encore appelée "Les Moëres" du coté français et De Moeren du coté belge. Le "-in" dans Morin est probablement un pluriel (-en), encore de nos jours le pluriel le plus commun en Néerlandais (comparez avec Moeren, aussi un pluriel). Ceci serait une autre indication du caractère bas-germanique de ce peuple.

Guerre des Gaules

César fut très intéressé dans cette partie du territoire Morin où la traversée vers la (grande) Bretagne était "le plus court"[5]. Les Morins avaient plusieurs ports dont le plus important était Portus Itius, le port moderne de Boulogne-sur-mer[6]. César voulut induire la peur auprès des Morins du nord espérant ainsi "qu'ils ne l'attaqueraient pas"[7]. La région des Morins et Ménapiens était bien protégée par des marais et forêts, un terrain idéal pour des attaques terroristes. Les dangers pour César ne valaient pas les bénéfices économiques dans la partie Morin du nord. En 55 avant J.C., le légate (général) Labienus renforça l'autorité romaine dans la partie sud et ouest (environs de Boulogne et Calais)[8]. En 54 avant J.C., César décida de laisser hiberner une légion sur place sous le commandement de légate Caius Fabius[9]. En l'an 53 avant J.C. les Morins, probablement ensemble avec les Ménapiens, furent "donnés" par César à Commius l'Atrébate[10]. Commius enverra (selon César) un contingent de quelques 5000 guerriers Morins vers Alésia, pour se battre à coté de Vercingétorix[11].

César estimait leur armée à quelque 25 000 hommes en 57 av. J-C.[12]. En réalité, ce chiffre est largement exagéré. Le chiffre de quelque milliers de Morins (+ Ménapiens?) combattant à Alésia est probablement plus proche de la réalité.

César nous a donné quelques détails intéressants concernant les Morins. La tribus comptait des pagi (sous-régions) qui apparemment jouissaient d'une grande autonomie. Ceci rendait la 'pacification' difficile[13]. Les Morins attaquèrent et ensuite se réfugiaient dans les "moeren" sur leurs "pols" et restaient ainsi hors de portée de l'armée romaine. En l'an 56 av. J.C., cette manœuvre réussissait bien après un automne très pluvieux, par contre, un an plus tard, la bonne saison était nettement plus sèche et la tactique échouait[14].

Les Morins auraient participé avec d'autre peuples vivant sur la côte (Lexovii, Namnetes, Ambiliati, Diablintes, Ménapiens, Vénètes et des tribus de la (grande) Bretagne) dans la grande 'rébellion' des Vénètes[15]. En théorie, tous ces peuples étaient impliqués dans le transport et les échanges commerciaux avec le sud de la (grande) Bretagne, une activité que César avait exigé pour lui-même.

Bien que César s'est battu contre les Morins, il n'a réussi à conquérir qu'une partie assez réduite de leur territoire (notamment le sud-ouest autour de Boulogne et Calais). La partie nord des Morins restait indépendante jusqu'à ce que l'empereur Auguste les annexe entre 33-23 av. J.C. Plus tard un fort (Castellum Rodanum) temporaire fut bâti là où se trouve de nos jours la petite ville hollandaise d'Aardenburg (près de la frontière belge). Ce fort devait probablement contrôler l'embouchure de l'Escaut.

Les Morins furent converti au Christianisme par Saint Victorius et Saint Fuscian, apparemment sans grand succès car la région fur ré-évangélisée durant le septième siècle.

Les Morins, qui plus tard ont pris le nom de 'Francs', n'ont pas participé avec Clovis dans la conquête de la Gaule. Clovis les a annexés dans son royaume vingt ans plus tard.

Morins modernes

Les Morins survivent dans la province belge moderne Flandre-Occidentale. Ils ont gardé leur langue très distincte, qualifiée de dialecte dans le groupe linguistique néerlandais, mais en réalité assez incompréhensible pour les Hollandais.[réf. nécessaire]

Réferences

  1. Les Gaulois étaient pour Rome les gens qui vivaient entre les Pyrenées et le Rhin. Une langue ou ethnie spécifique n'était pas supposée
  2. à voir les cartes de haut Moyen-Age
  3. Etymologisch Woordenboek v/h Nederlands - mot PIE *bel signifiant gonflé dont sont dérivé des mots comme balle, boule, etc.
  4. Etymologisch Woordenboek v/h Nederlands- (Ke-R) 'moer' se prononce 'mour'. vieux Saxon: môr - vieux Haut Allemand: muor - veil Anglais: môr (Anglais : moor) - vieux Nordique: moerr = terrains marécageux. Relaté au mot pour 'mer'- Breton: mor - Latin: mare - etc. du proto-indo-européen *mor-i.
  5. Caesar(la plus courte), "D.B.G." IV 21.3 - auparavant César ne connaisait que la traversée à partir de la région des Vénètes
  6. Caesar, "D.B.G." V 2.3;Strabon, "Geographica" IV 5.2. La traversée la plus facile se faisait à partir de Boulogne, de Wissant(?) la plus courte.
  7. Caesar, "D.B.G." IV 22
  8. Caesar, "D.B.G."IV 38.1-2
  9. Caesar, "D.B.G.", V 24.2
  10. Caesar, "D.B.G.",VI 8.4 et VII 76.2
  11. Caesar, "D.B.G." VII 75.3
  12. Caesar, "De Bello Gallico", II, 4.
  13. Caesar "D.B.G." IV 22.1.5 "apparemment" parce que César a dû croire trop aisément que tous les Morins allaient se soumettre à lui. La dernière paragraphe du livre IV démontre que ce fut une illusion
  14. Caesar "D.B.G." III 28-29; IV 38 César décrit des "forêts et marais ininterrompus". Dans le livre IV, il note que les Morins s'étaient retirés dans les marais et les Ménapiens dans les forêts (IV 38.2-3) - La province moderne belge de Flandre-Occidentale est caractérisée par des polders longeant la côte d'une dizaine de kilomètres de large au nord et d'une trentaine au sud. Dans le nord-est sableux de la province on trouve beaucoup de forêts. Ces forêts continuent dans le nord de la province de Flandre-Orientale, probablement le territoire des Ménapiens
  15. Caesar, "D.B.G." III 9.10