« Rue de la Paix (Paris) » : différence entre les versions
(34 versions intermédiaires par 16 utilisateurs non affichées) | |||
Ligne 20 : | Ligne 20 : | ||
| DGI = 6998 |
| DGI = 6998 |
||
}} |
}} |
||
La '''rue de la Paix''' |
La '''rue de la Paix''' est une rue des [[1er arrondissement de Paris|1{{er}}]] et [[2e arrondissement de Paris|{{2e|}}]] arrondissements de Paris. |
||
== Situation et accès == |
== Situation et accès == |
||
La rue de la Paix fait la jonction entre la [[place Vendôme]] et l'[[Opéra Garnier]]. Située dans un quartier prestigieux et aisé de la capitale, elle comprend principalement des maisons de [[joaillerie|haute joaillerie]] comme [[Cartier (entreprise)|Cartier]], [[Van Cleef & Arpels]], [[Fred Joaillier|Fred]], ou [[Mellerio]], des magasins de luxe, des grands hôtels et [[palace (hôtel)|palaces]] comme l'hôtel ''Westminster'' et le ''Park Hyatt''. |
La rue de la Paix fait la jonction entre la [[place Vendôme]] et l'[[Opéra Garnier]]. Située dans un quartier prestigieux et aisé de la capitale, elle comprend principalement des maisons de [[joaillerie|haute joaillerie]] comme [[Cartier (entreprise)|Cartier]], [[Van Cleef & Arpels]], [[Fred Joaillier|Fred]], ou [[Mellerio dits Meller|Mellerio]], des magasins de luxe, des grands hôtels et [[palace (hôtel)|palaces]] comme l'hôtel ''Westminster'' et le ''Park Hyatt''. |
||
Ce site est desservi par les lignes |
Ce site est desservi par les lignes [[Ligne 3 du métro de Paris|3]], [[Ligne 7 du métro de Paris|7]] et [[Ligne 8 du métro de Paris|8]] à la [[Liste des stations du métro de Paris|station de métro]] [[Opéra (métro de Paris)|''Opéra'']]. |
||
== Origine du nom == |
== Origine du nom == |
||
Elle porte ce nom en mémoire de la signature du [[Traité de Paris (1814)|traité de paix de 1814]]. |
Elle porte ce nom en mémoire de la signature du [[Traité de Paris (1814)|traité de paix de 1814]] signé entre la [[Premier Empire|France]] et les grandes puissances européennes après la [[première abdication de Napoléon Ier|première abdication de Napoléon {{Ier}}]]. |
||
== Historique == |
== Historique == |
||
=== Couvent des Capucines === |
=== Couvent des Capucines === |
||
{{Article détaillé|Couvent des Capucines}} |
{{Article détaillé|Couvent des Capucines}} |
||
L'ordre des [[Clarisses capucines]] est introduit en France par la reine [[Louise de Lorraine-Vaudémont|Louise de Lorraine]]. Celle-ci souhaitait créer un couvent à [[Bourges]] pour y être inhumée. À sa mort, le {{date-|29 janvier 1601}}, elle laisse à son frère, [[Philippe-Emmanuel de Lorraine]], duc de Mercœur, une somme de {{formatnum:60000 |
L'ordre des [[Clarisses capucines]] est introduit en France par la reine [[Louise de Lorraine-Vaudémont|Louise de Lorraine]]. Celle-ci souhaitait créer un couvent à [[Bourges]] pour y être inhumée. À sa mort, le {{date-|29 janvier 1601}}, elle laisse à son frère, [[Philippe-Emmanuel de Lorraine]], duc de Mercœur, une somme de {{formatnum:60000}} livres pour le construire mais celui-ci meurt en {{date-|février 1602}}. |
||
Par lettres patentes du {{date-|8 juin 1602}}, [[Henri IV de France|Henri IV]] autorise la veuve du duc de Mercœur, [[Marie de Luxembourg (1562-1623)|Marie de Luxembourg]], duchesse d'Étampes et de Penthièvre, à construire un couvent des Capucines, mais à Paris et non à Bourges. Par une bulle de {{date-|septembre 1603}}, le pape [[Paul V]] accrédite la création à Paris du couvent, sous le nom « des Filles de la Passion ». Marie de Luxembourg décide d'installer les religieuses dans l'hôtel du Perron, ou de Retz, dans le faubourg Saint-Honoré, qui lui appartient, avec l'aide de son beau-frère, le [[Henri de Joyeuse|père Ange de Joyeuse]], [[Frères mineurs capucins|capucin]], frère du duc [[Anne de Joyeuse]] époux de Marguerite de Lorraine, sœur de [[Louise de Lorraine-Vaudémont]]. Les travaux de construction du couvent commencent le {{date-|29 juin 1604}} et la chapelle est inaugurée en {{date-|juin 1606}}. |
Par lettres patentes du {{date-|8 juin 1602}}, [[Henri IV de France|Henri IV]] autorise la veuve du duc de Mercœur, [[Marie de Luxembourg (1562-1623)|Marie de Luxembourg]], duchesse d'Étampes et de Penthièvre, à construire un couvent des Capucines, mais à Paris et non à Bourges. Par une bulle de {{date-|septembre 1603}}, le pape [[Paul V]] accrédite la création à Paris du couvent, sous le nom « des Filles de la Passion ». Marie de Luxembourg décide d'installer les religieuses dans l'hôtel du Perron, ou de Retz, dans le faubourg Saint-Honoré, qui lui appartient, avec l'aide de son beau-frère, le [[Henri de Joyeuse|père Ange de Joyeuse]], [[Frères mineurs capucins|capucin]], frère du duc [[Anne de Joyeuse]] époux de Marguerite de Lorraine, sœur de [[Louise de Lorraine-Vaudémont]]. Les travaux de construction du couvent commencent le {{date-|29 juin 1604}} et la chapelle est inaugurée en {{date-|juin 1606}}. |
||
Ligne 47 : | Ligne 47 : | ||
En 1685 est créé à l'avant du rempart des [[Enceintes de Paris#Enceinte de Louis XIII|Fossés-Jaunes]] un cours longeant le jardin du couvent des Capucines (aujourd'hui [[boulevard des Capucines]]). Le développement du quartier se fait avec la [[rue de la Chaussée-d'Antin]], à partir de 1720, puis la [[rue de Caumartin]] en 1779. Le marais des Porcherons, ou marais aux Mathurins, se lotit entre 1768 et 1793<ref>Jean Castex, « Les origines du quartier » dans ''Autour de l'Opéra. Naissance de la ville moderne'', Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, Paris, 1995 {{ISBN|2-905-118-81-4}}, {{p.}}43-44.</ref>. |
En 1685 est créé à l'avant du rempart des [[Enceintes de Paris#Enceinte de Louis XIII|Fossés-Jaunes]] un cours longeant le jardin du couvent des Capucines (aujourd'hui [[boulevard des Capucines]]). Le développement du quartier se fait avec la [[rue de la Chaussée-d'Antin]], à partir de 1720, puis la [[rue de Caumartin]] en 1779. Le marais des Porcherons, ou marais aux Mathurins, se lotit entre 1768 et 1793<ref>Jean Castex, « Les origines du quartier » dans ''Autour de l'Opéra. Naissance de la ville moderne'', Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, Paris, 1995 {{ISBN|2-905-118-81-4}}, {{p.}}43-44.</ref>. |
||
Signé par Napoléon, un décret du {{date-|19|février|1806}} stipule l'ouverture de la future rue de la Paix, entre la [[place Vendôme]] et le boulevard des Capucines, à l'occasion de la création de la [[rue Daunou]] (alors « rue Neuve-Saint-Augustin »), qui est perpendiculaire<ref> « Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêts préfectoraux concernant les voies publiques » Paris, Imprimerie nouvelle, 1886, p. 51 (consultable sur [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54064199/f62 Gallica]) </ref>. D'abord baptisée « rue Napoléon » d'après une décision du ministère de l'Intérieur du 30 juin 1806<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Félix Lazare|titre=Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments|passage=p.512-513|date=1844|lire en ligne=https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_administratif_et_historique_des_rues_de_Paris_et_de_ses_monuments/Paix_(rue_de_la)}}</ref>, l'artère change de nom pour celui de « rue de la Paix » le {{date-|30 mai 1814}}, pour célébrer la [[Traité de Paris (1814)|nouvelle paix négociée]] en Europe<ref>Jacques Hillairet, ''Dictionnaire historique des rues de Paris'', Paris, Éditions de Minuit, {{8e}} éd., 1985, {{vol.|I}}, {{p.|265}}.</ref>. |
|||
=== Destruction du couvent des Capucines === |
=== Destruction du couvent des Capucines === |
||
La rue est percée après la destruction du couvent des Capucines, à la suite des [[Bien national|confiscations des biens ecclésiastiques]] par la [[Révolution française]]. Or, certains personnages célèbres avaient été enterrés (parfois seulement une partie de leur dépouille mortelle, tel le cœur) dans l'église conventuelle à la suite d'un testament, d'une fondation de messe ou d'un legs. Parmi ces dignitaires, on compte [[François Michel Le Tellier de Louvois]], [[Gilbert Colbert de Saint-Pouange]], la [[Madame de Pompadour|marquise de Pompadour]] ou [[Charles III de Créquy|le duc de Créquy]], frère aîné du maréchal [[François de Créquy]]. On estime que les huit chapelles qui, de part et d'autre, bordent la [[nef]] où se trouvaient les tombeaux se situent aujourd'hui à cheval entre la chaussée et le trottoir, au niveau des immeubles érigés au début de la rue de la Paix, du {{Numéro|2}} au {{Numéro|6}}, incluant les numéros impairs<ref>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55002655z/f1.item][[Bibliothèque nationale de France]], Bibliothèque numérique [[Gallica]], « Plan du rez-de-chaussée du couvent des Capucines de 1686 », ''gallica.bnf.fr''.<br /> |
La rue est percée après la destruction du couvent des Capucines, à la suite des [[Bien national|confiscations des biens ecclésiastiques]] par la [[Révolution française]]. Or, certains personnages célèbres avaient été enterrés (parfois seulement une partie de leur dépouille mortelle, tel le cœur) dans l'église conventuelle à la suite d'un testament, d'une fondation de messe ou d'un legs. Parmi ces dignitaires, on compte [[François Michel Le Tellier de Louvois]], [[Gilbert Colbert de Saint-Pouange]], la [[Madame de Pompadour|marquise de Pompadour]] ou [[Charles III de Créquy|le duc de Créquy]], frère aîné du maréchal [[François de Créquy]]. On estime que les huit chapelles qui, de part et d'autre, bordent la [[nef]] où se trouvaient les tombeaux se situent aujourd'hui à cheval entre la chaussée et le trottoir, au niveau des immeubles érigés au début de la rue de la Paix, du {{Numéro|2}} au {{Numéro|6}}, incluant les numéros impairs<ref>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55002655z/f1.item][[Bibliothèque nationale de France]], Bibliothèque numérique [[Gallica]], « Plan du rez-de-chaussée du couvent des Capucines de 1686 », ''gallica.bnf.fr''.<br /> |
||
{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jacques|nom1=Hillairet|lien auteur1=Jacques Hillairet|titre=[[Dictionnaire historique des rues de Paris]]|volume=1 et 2|éditeur=Éditions de Minuit| |
{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jacques|nom1=Hillairet|lien auteur1=Jacques Hillairet|titre=[[Dictionnaire historique des rues de Paris]]|volume=1 et 2|éditeur=[[Les Éditions de Minuit|Éditions de Minuit]]|année=1985|mois=octobre|année première édition=1960|pages totales=1600|isbn=978-2-7073-1054-5}}.<br /> |
||
[http://www.nicolaslefloch.fr/Lieux/Capucines.html « Le couvent des Capucines »], ''www.nicolaslefloch.fr''.<br /> |
[http://www.nicolaslefloch.fr/Lieux/Capucines.html « Le couvent des Capucines »], ''www.nicolaslefloch.fr''.<br /> |
||
[http://www.tombes-sepultures.com/crbst_1164.html « Le couvent des Capucines de la place Vendôme »], ''www.tombes-sepultures.com''.</ref>. |
[http://www.tombes-sepultures.com/crbst_1164.html « Le couvent des Capucines de la place Vendôme »], ''www.tombes-sepultures.com''.</ref>. |
||
Les ossements mis au jour dans le cloître et l'église des Capucines lors de l'édification de la rue de la Paix sont transférés le {{date-|29 mars 1804}} aux [[catacombes de Paris]], dans leur ossuaire particulier. La reine [[Louise de Lorraine-Vaudémont|Louise de Lorraine]], fondatrice du couvent, est déplacée au [[cimetière du Père-Lachaise]] en 1806, puis dans la [[basilique Saint-Denis]] en 1817. En 1864, pendant la construction d'un égout haussmannien, trois cercueils sont découverts et sauvés : celui d'[[Henriette Catherine de Joyeuse]], de la duchesse de [[Marie de Luxembourg (1562-1623)|Mercœur]] et de [[François Michel Le Tellier de Louvois|Louvois]]. Mais d'après l'historien [[Jacques Hillairet]], celui de madame de Pompadour n'a pas été exhumé. L'écrivain [[Michel de Decker]] évoque le devenir de la marquise dans son ouvrage<ref>{{Ouvrage|langue=fr| |
Les ossements mis au jour dans le cloître et l'église des Capucines lors de l'édification de la rue de la Paix sont transférés le {{date-|29 mars 1804}} aux [[catacombes de Paris]], dans leur ossuaire particulier. La reine [[Louise de Lorraine-Vaudémont|Louise de Lorraine]], fondatrice du couvent, est déplacée au [[cimetière du Père-Lachaise]] en 1806, puis dans la [[basilique Saint-Denis]] en 1817. En 1864, pendant la construction d'un égout haussmannien, trois cercueils sont découverts et sauvés : celui d'[[Henriette Catherine de Joyeuse]], de la duchesse de [[Marie de Luxembourg (1562-1623)|Mercœur]] et de [[François Michel Le Tellier de Louvois|Louvois]]. Mais d'après l'historien [[Jacques Hillairet]], celui de madame de Pompadour n'a pas été exhumé. L'écrivain [[Michel de Decker]] évoque le devenir de la marquise dans son ouvrage<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Michel|nom1=de Decker|lien auteur1=Michel de Decker|titre=La Marquise des plaisirs. Madame de Pompadour|lieu=Paris|éditeur=[[Pygmalion (maison d'édition)|Pygmalion]]|année=2007|mois=mars|pages totales=208|passage=205 à 206|isbn=978-2-85704-948-7}}.</ref> : {{Citation|C'est ainsi que [[Madame de Pompadour|Jeanne-Antoinette]], demeurée dans son tombeau, dort encore aujourd'hui sous le pavé de l'ancienne rue Napoléon {{incise|devenue rue de la Paix en 1814}} et sans doute devant l'immeuble portant le numéro trois.}} |
||
=== Premières constructions === |
=== Premières constructions === |
||
[[File:Rue de la Paix vue du boulevard des Capucines.jpg|thumb|La rue vue du [[boulevard des Capucines]] en 1829.]] |
[[File:Rue de la Paix vue du boulevard des Capucines.jpg|thumb|La rue vue du [[boulevard des Capucines]] en 1829.]] |
||
[[Fichier:Place Vendôme; the Right Side of the Barricade in the Rue de la Paix WDL1290.png|vignette|Barricade tenue par des [[Fédérés]] lors de la [[Commune de Paris]], 1871.]] |
|||
La rue est terminée sous le règne de [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe]]<ref>Diane de Saint André-Moreau, « La rue de la Paix, 1880-1900 », ''Autour de l'Opéra. Naissance de la ville moderne'', Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, 1995 {{ISBN|2-905-118-81-4}}, {{p.}}114-126.</ref>. C'est en {{date-|avril 1829}} qu'est installé tout le long de la rue l'éclairage au gaz<ref>[[Nadar]], ''Quand j'étais photographe'', Caroline Laroche (commentaires), éditions A Propos, 2017, p.29 note:54. </ref> |
La rue est terminée sous le règne de [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe]]<ref>Diane de Saint André-Moreau, « La rue de la Paix, 1880-1900 », ''Autour de l'Opéra. Naissance de la ville moderne'', Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, 1995 {{ISBN|2-905-118-81-4}}, {{p.}}114-126.</ref>. C'est en {{date-|avril 1829}} qu'est installé tout le long de la rue l'éclairage au gaz<ref>[[Nadar]], ''Quand j'étais photographe'', Caroline Laroche (commentaires), éditions A Propos, 2017, p.29 note:54. </ref> |
||
Ligne 66 : | Ligne 66 : | ||
La rue de la Paix va servir de lieu de passage pour les différentes délégations étrangères se rendant au [[palais des Tuileries]]. |
La rue de la Paix va servir de lieu de passage pour les différentes délégations étrangères se rendant au [[palais des Tuileries]]. |
||
Le réaménagement du quartier autour du nouvel [[Opéra de Paris]] à partir de 1861 va faire de celui-ci le lieu du commerce du luxe. [[Édouard Fournier]] écrit en 1862 : {{citation bloc|Les riches étrangers ont la rue de la Paix en singulière affection ; ils ne peuvent vivre que là, les hôtels meublés en sont pleins. Nombre de fournisseurs avisés se sont mis sur le chemin de cette riche clientèle que leur vient de tous les pays. C'est le bazar du confortable le plus splendide et le plus délicat<ref>{{ |
Le réaménagement du quartier autour du nouvel [[Opéra de Paris]] à partir de 1861 va faire de celui-ci le lieu du commerce du luxe. [[Édouard Fournier]] écrit en 1862 : {{citation bloc|Les riches étrangers ont la rue de la Paix en singulière affection ; ils ne peuvent vivre que là, les hôtels meublés en sont pleins. Nombre de fournisseurs avisés se sont mis sur le chemin de cette riche clientèle que leur vient de tous les pays. C'est le bazar du confortable le plus splendide et le plus délicat<ref>{{Ouvrage|titre=Paris dans sa splendeur sous Napoléon III. Monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire|volume=2|éditeur=Henri Charpentier|année=1862|passage=23|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5606784d/f34|partie=1}}.</ref>.}} |
||
Le couturier [[Charles Frederick Worth]] y avait sa maison de couture au {{n°|7}}. |
Le couturier [[Charles Frederick Worth]] y avait sa maison de couture au {{n°|7}}. |
||
Ligne 72 : | Ligne 72 : | ||
== Bâtiments remarquables et lieux de mémoire == |
== Bâtiments remarquables et lieux de mémoire == |
||
[[File:P1040417 Paris Ier-II rue de la Paix rwk.JPG|thumb|Rue de la Paix vue de la [[place Vendôme]] en direction de la [[place de l'Opéra]].]] |
[[File:P1040417 Paris Ier-II rue de la Paix rwk.JPG|thumb|Rue de la Paix vue de la [[place Vendôme]] en direction de la [[place de l'Opéra]].]] |
||
[[Fichier:Worth paris house.jpg|vignette|Maison Worth, 7 rue de la Paix.]] |
|||
* {{Numéro avec majuscule}}1 : la maison de haute couture [[Madame Grès]] fut installée au 1, rue de la Paix |
* {{Numéro avec majuscule}}1 : la maison de haute couture [[Madame Grès]] fut installée au 1, rue de la Paix de 1942 à 1988. |
||
* {{Numéro avec majuscule}}2 : le musicien [[Jean-Paul-Égide Martini|Jean-Paul Martini]] y mourut le 14 février 1816. |
|||
* {{Numéro avec majuscule}}3 : |
* {{Numéro avec majuscule}}3 : immeuble de 1854, construit par les architectes Mesnard et Rouillère<ref>Jean-Marc Larbodière, ''Reconnaître le style des façades'', Massin, 2000 {{ISBN|2-7072-0415-3}}.</ref>. La maison de haute couture [[Isidore-René Jacob-Paquin|Paquin]] fut installée au 3, rue de la Paix en 1891. À son apogée, l'entreprise comptait près de {{unité|2700|employés}} avant de fermer définitivement ses portes en 1956 pour cause de grandes difficultés financières. |
||
* {{Numéro avec majuscule}}4 : l'architecte-décorateur [[Louis Süe]] (1875-1968) réalisa ici avec [[André Mare]] le magasin de joaillerie-orfèvrerie de [[Robert Linzeler]] (1872-1941), en 1923. |
* {{Numéro avec majuscule}}4 : l'architecte-décorateur [[Louis Süe]] (1875-1968) réalisa ici avec [[André Mare]] le magasin de joaillerie-orfèvrerie de [[Robert Linzeler]] (1872-1941), en 1923. |
||
* {{Numéro avec majuscule}}6 : l'orfèvre Louis Aucoc ouvrit sa boutique rue de la Paix en 1821. Elle est mentionnée dans le premier chapitre de ''[[La Dame aux camélias]]''<ref>« Sur une grande table, adossée au mur, table de trois pieds de large sur six de long, brillaient tous les trésors d’Aucoc et d’Odiot. C’était là une magnifique collection […]. »</ref>. C'est auprès |
* {{Numéro avec majuscule}}6 : l'orfèvre Louis Aucoc ouvrit sa boutique rue de la Paix en 1821. Elle est mentionnée dans le premier chapitre de ''[[La Dame aux camélias]]''<ref>« Sur une grande table, adossée au mur, table de trois pieds de large sur six de long, brillaient tous les trésors d’Aucoc et d’Odiot. C’était là une magnifique collection […]. »</ref>. C'est auprès de ses descendants [[André Aucoc]] et [[Louis Aucoc]] que [[René Lalique]] fut apprenti de 1874 à 1876. |
||
* {{Numéro avec majuscule}}7 : [[Charles Frederick Worth]] y crée sa maison de haute couture en 1858. |
* {{Numéro avec majuscule}}7 : [[Charles Frederick Worth]] y crée sa maison de haute couture en 1858. |
||
* {{Numéro avec majuscule}}8 : sous le règne de [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe]] et le [[Second Empire]], emplacement de l'hôtel meublé Mirabeau et du magasin de l'éditeur Amyot. L'immeuble actuel est de 1867, date à laquelle il fut reconstruit. En 1927, le parfumeur [[Roger & Gallet]] y fit faire la devanture de sa boutique en [[Lap (marque)|Lap]] (ciment alumineux). |
* {{Numéro avec majuscule}}8 : sous le règne de [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe]] et le [[Second Empire]], emplacement de l'hôtel meublé Mirabeau et du magasin de l'éditeur Amyot. L'immeuble actuel est de 1867, date à laquelle il fut reconstruit. En 1927, le parfumeur [[Roger & Gallet]] y fit faire la devanture de sa boutique en [[Lap (marque)|Lap]] (ciment alumineux). |
||
* {{Numéro avec majuscule}}9 : emplacement de la [[joaillerie Mellerio]]. |
* {{Numéro avec majuscule}}9 : emplacement de la [[Mellerio dits Meller|joaillerie Mellerio]], {{Citation|la plus ancienne maison de la rue de la Paix}} selon ''[[Le Figaro]]''<ref>Élodie Baërd, « Le platine va-t-il redorer son aura », ''[[Le Figaro]]'', cahier « ''[[Le Figaro et vous]]'' , 30 avril 2021, p. 32.</ref>. |
||
*{{ |
* {{Numéros avec majuscule}}11 et 13 : emplacement de la [[Cartier (entreprise)|joaillerie Cartier]] (au 13 depuis 1899, au 11 depuis 1912). |
||
* {{Numéro avec majuscule}}13 : emplacement de l'hôtel Westminster Paris. |
|||
* {{Numéro avec majuscule}}14 : immeuble construit en 1907 pour l'entreprise de joaillerie [[Vever (joaillerie)|Vever]]. |
|||
* {{Numéro avec majuscule}}17 : emplacement de la confiserie-pâtisserie [[Marie-Antoine Carême|Carême]] en 1830 et, en 1923, de la parfumerie d'Orsay, réalisée par l'architecte décorateur [[Louis Süe]] et ses associés, le peintre [[André Mare]] et le ferronnier d'art [[Richard Georges Desvallières]]. |
* {{Numéro avec majuscule}}17 : emplacement de la confiserie-pâtisserie [[Marie-Antoine Carême|Carême]] en 1830 et, en 1923, de la parfumerie d'Orsay, réalisée par l'architecte décorateur [[Louis Süe]] et ses associés, le peintre [[André Mare]] et le ferronnier d'art [[Richard Georges Desvallières]]. |
||
* {{Numéro avec majuscule}}19 : ici se trouvait le joaillier Gustave Baugrand (1826-1870), protecteur de la comédienne [[Marie Delaporte]] (1838-1910) et fournisseur de [[Napoléon III]]. Emplacement aussi de la parfumerie de luxe [[Grenoville]], à partir de 1902. |
* {{Numéro avec majuscule}}19 : ici se trouvait le joaillier Gustave Baugrand (1826-1870), protecteur de la comédienne [[Marie Delaporte]] (1838-1910) et fournisseur de [[Napoléon III]]. Emplacement aussi de la parfumerie de luxe [[Grenoville]], à partir de 1902. |
||
* {{Numéro avec majuscule}}20 : emplacement du magasin de nouveautés ''À la belle Anglaise'', ouvert en 1824, devenu par la suite l'hôtel meublé de Hollande, puis la maison de parfum [[Richard Hudnut]], entre autres. La Maison Maquet occupe cet emplacement de 1841 à 1846, puis déménage au numéro 24 de 1847 à 1867, et enfin le numéro 10 à partir 1868, où elle restera une centaine d’années<ref name=":0">{{Article |
* {{Numéro avec majuscule}}20 : emplacement du magasin de nouveautés ''À la belle Anglaise'', ouvert en 1824, devenu par la suite l'hôtel meublé de Hollande, puis la maison de parfum [[Richard Hudnut]], entre autres. La Maison Maquet occupe cet emplacement de 1841 à 1846, puis déménage au numéro 24 de 1847 à 1867, et enfin le numéro 10 à partir 1868, où elle restera une centaine d’années<ref name=":0">{{Article|auteur1=|titre=Le quartier de la Paix hier et aujourd'hui|périodique=La Renaissance de l’Art Français et des Industries du Luxe|date=mai 1923|lire en ligne=|pages=297}}</ref>. |
||
* {{Numéro avec majuscule}}21 : emplacement d'une salle où N. Kaufmann, un musicien allemand originaire de [[Dresde]], faisait entendre vers 1817 lors de soirées musicales ses inventions : le bellonéon, le cordaulodion, l'harmonicorde et l'automate-trompette à double-son<ref>[https://books.google.fr/books?id=GMAEAAAAQAAJ&pg=PA351&lpg=PA351&dq=cordaulodion&source=bl&ots=4GIxzjSMwD&sig=1_U4JM-7OydhJYDDtTDQ3yNxR5Q&hl=fr&ei=B8McTuvhF4Gh-QaS66HNCA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&sqi=2&ved=0CBgQ6AEwAA#v=onepage&q=cordaulodion&f=false A. L. Millin, ''Annales encyclopédiques''], Paris, 1817, {{p.|351-352}}.</ref>{{,}}<ref>[https://books.google.fr/books?id=egMqAQAAIAAJ&pg=PA56&lpg=PA56&dq=cordaulodion&source=bl&ots=eTP5mtmi9Y&sig=EDdARD2Zd40svSFXrysJcIm55Lw&hl=fr&ei=B8McTuvhF4Gh-QaS66HNCA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=2&sqi=2&ved=0CBsQ6AEwAQ#v=onepage&q=cordaulodion&f=false A. V. Arnaud, A. Jay, E. Jouy et J. Norvins, ''Biographie nouvelle des contemporains''], E. Babeuf, Paris, 1823, {{p.|56-57}}.</ref>. Le bâtiment devint ensuite, vers 1824, la maison Doucet, spécialisée dans la vente de lingerie pour hommes et de frivolités pour dames. |
* {{Numéro avec majuscule}}21 : emplacement d'une salle où N. Kaufmann, un musicien allemand originaire de [[Dresde]], faisait entendre vers 1817 lors de soirées musicales ses inventions : le bellonéon, le cordaulodion, l'harmonicorde et l'automate-trompette à double-son<ref>[https://books.google.fr/books?id=GMAEAAAAQAAJ&pg=PA351&lpg=PA351&dq=cordaulodion&source=bl&ots=4GIxzjSMwD&sig=1_U4JM-7OydhJYDDtTDQ3yNxR5Q&hl=fr&ei=B8McTuvhF4Gh-QaS66HNCA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&sqi=2&ved=0CBgQ6AEwAA#v=onepage&q=cordaulodion&f=false A. L. Millin, ''Annales encyclopédiques''], Paris, 1817, {{p.|351-352}}.</ref>{{,}}<ref>[https://books.google.fr/books?id=egMqAQAAIAAJ&pg=PA56&lpg=PA56&dq=cordaulodion&source=bl&ots=eTP5mtmi9Y&sig=EDdARD2Zd40svSFXrysJcIm55Lw&hl=fr&ei=B8McTuvhF4Gh-QaS66HNCA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=2&sqi=2&ved=0CBsQ6AEwAQ#v=onepage&q=cordaulodion&f=false A. V. Arnaud, A. Jay, E. Jouy et J. Norvins, ''Biographie nouvelle des contemporains''], E. Babeuf, Paris, 1823, {{p.|56-57}}.</ref>. Le bâtiment devint ensuite, vers 1824, la maison Doucet, spécialisée dans la vente de lingerie pour hommes et de frivolités pour dames. |
||
* {{Numéro avec majuscule}}22 : emplacement de l'hôtel meublé des Îles Britanniques en 1860. |
* {{Numéro avec majuscule}}22 : emplacement de l'hôtel meublé des Îles Britanniques en 1860. |
||
Ligne 91 : | Ligne 95 : | ||
== La rue de la Paix dans la culture == |
== La rue de la Paix dans la culture == |
||
=== Jeu de société === |
=== Jeu de société === |
||
[[Fichier:Cinq heures rue de la Paix (37 x 28 cm) 1912, pointe sèche. Cabinet des Estampes, Malo-Renault (1870-1938).jpg|vignette|Rue de la Paix, estampe en couleur (1912).]] |
|||
Cette rue est connue comme étant la plus chère de la version française du [[jeu de société]] [[Monopoly]], et ce depuis la conception du jeu en 1935. Dans la vie réelle, le prix moyen du mètre carré, en 2023, y est estimé à plus de {{unité|18000|euros}}<ref>[https://www.meilleursagents.com/prix-immobilier/paris-75000/rue-de-la-paix-3909/ « Rue de la Paix »], ''www.meilleursagents.com''.</ref>. |
|||
Elle a aussi donné son nom au jeu ''Rendez-vous rue de la Paix''. |
Elle a aussi donné son nom au jeu ''Rendez-vous rue de la Paix''. |
||
Ligne 106 : | Ligne 111 : | ||
* Une séquence du [[Cinéma|film]] de [[Josiane Balasko]] ''[[Cliente]]'' ([[2008 au cinéma|2008]]) est tournée rue de la Paix<ref name="imdb tournage"/>. |
* Une séquence du [[Cinéma|film]] de [[Josiane Balasko]] ''[[Cliente]]'' ([[2008 au cinéma|2008]]) est tournée rue de la Paix<ref name="imdb tournage"/>. |
||
== Notes |
== Notes et références == |
||
{{Références}} |
{{Références}} |
||
== |
== Annexes == |
||
=== Articles connexes === |
|||
* [[Liste des voies du 1er arrondissement de Paris|Liste des voies du {{1er}} arrondissement de Paris]] |
|||
* [[Liste des voies du 2e arrondissement de Paris|Liste des voies du {{2e}} arrondissement de Paris]] |
|||
=== Liens externes === |
|||
* [https://capgeo.sig.paris.fr/Apps/NomenclatureVoies/ Carte interactive des voies de Paris] |
|||
{{Autres projets |
{{Autres projets |
||
| commons = Category:Rue de la Paix (Paris) |
| commons = Category:Rue de la Paix (Paris) |
||
Ligne 120 : | Ligne 132 : | ||
[[Catégorie:Rue ou quartier commerçant en France]] |
[[Catégorie:Rue ou quartier commerçant en France]] |
||
[[Catégorie:Voie à Paris s'étendant sur deux arrondissements]] |
[[Catégorie:Voie à Paris s'étendant sur deux arrondissements]] |
||
[[Catégorie:Odonyme se référant à la Paix]] |
Version du 24 septembre 2024 à 22:20
1er, 2e arrts Rue de la Paix
| ||
| ||
Situation | ||
---|---|---|
Arrondissements | 1er 2e |
|
Quartiers | Place-Vendôme Gaillon |
|
Début | Place Vendôme | |
Fin | Place de l'Opéra | |
Morphologie | ||
Longueur | 230 m | |
Largeur | 22,5 m | |
Historique | ||
Ancien nom | Rue Napoléon | |
Géocodification | ||
Ville de Paris | 6911 | |
DGI | 6998 | |
Géolocalisation sur la carte : Paris
| ||
modifier |
La rue de la Paix est une rue des 1er et 2e arrondissements de Paris.
Situation et accès
La rue de la Paix fait la jonction entre la place Vendôme et l'Opéra Garnier. Située dans un quartier prestigieux et aisé de la capitale, elle comprend principalement des maisons de haute joaillerie comme Cartier, Van Cleef & Arpels, Fred, ou Mellerio, des magasins de luxe, des grands hôtels et palaces comme l'hôtel Westminster et le Park Hyatt.
Ce site est desservi par les lignes 3, 7 et 8 à la station de métro Opéra.
Origine du nom
Elle porte ce nom en mémoire de la signature du traité de paix de 1814 signé entre la France et les grandes puissances européennes après la première abdication de Napoléon Ier.
Historique
Couvent des Capucines
L'ordre des Clarisses capucines est introduit en France par la reine Louise de Lorraine. Celle-ci souhaitait créer un couvent à Bourges pour y être inhumée. À sa mort, le , elle laisse à son frère, Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, une somme de 60 000 livres pour le construire mais celui-ci meurt en .
Par lettres patentes du , Henri IV autorise la veuve du duc de Mercœur, Marie de Luxembourg, duchesse d'Étampes et de Penthièvre, à construire un couvent des Capucines, mais à Paris et non à Bourges. Par une bulle de , le pape Paul V accrédite la création à Paris du couvent, sous le nom « des Filles de la Passion ». Marie de Luxembourg décide d'installer les religieuses dans l'hôtel du Perron, ou de Retz, dans le faubourg Saint-Honoré, qui lui appartient, avec l'aide de son beau-frère, le père Ange de Joyeuse, capucin, frère du duc Anne de Joyeuse époux de Marguerite de Lorraine, sœur de Louise de Lorraine-Vaudémont. Les travaux de construction du couvent commencent le et la chapelle est inaugurée en .
Le couvent des Capucines occupe alors une moitié de la place Vendôme actuelle. Pour construire la place Vendôme quelque quatre-vingts années plus tard, il faut donc détruire le couvent des Capucines. Louis XIV offre aux religieuses de reconstruire à ses frais un nouveau couvent. Le plan de la façade de l'église est demandé au premier architecte du roi, Jules Hardouin-Mansart, et fourni le . Les travaux sont suivis par François II d'Orbay. Mais rapidement ce premier plan est modifié pour tenir compte de la perspective avec la nouvelle place et en particulier avec le portail du couvent des Feuillants qui se trouve en vis-à-vis, de l'autre côté de la place. La première pierre est posée le . Les religieuses s'y installent le . La nouvelle église est consacrée et dédiée à saint Louis le .
Mais pour reconstruire le nouveau couvent, François Michel Le Tellier, marquis de Louvois avait exigé de l'entrepreneur Maurice II Gabriel (1632-1693) de réutiliser les matériaux de l'ancien édifice. En 1720, le portail de l'église est déjà très dégradé, probablement à cause du choix de Louvois de fonder le couvent sur des moellons de plâtre. Le portail est reconstruit en 1721-1722 sur les plans de Sébastien-Antoine Slodtz (1695-1754) avec des sculptures de François-Antoine Vassé (1681-1736). L'architecte Jacques-François Blondel n'appréciait pas l'église. Le portail doit encore être restauré en 1755.
À la Révolution, les officiers municipaux ont pour mission d'expulser les religieuses et, le , les sœurs quittent le couvent. Par le décret du , le couvent devient l'hôtel des Monnaies où sont imprimés les assignats. L'église profanée voit le physicien Étienne-Gaspard Robertson présenter des spectacles de fantasmagorie à l'aide d'une lanterne magique appelée « fantascope ». En 1800, le cirque d'Antonio Franconi occupe l'ancien couvent[1].
Percement de la rue de la Paix
En 1685 est créé à l'avant du rempart des Fossés-Jaunes un cours longeant le jardin du couvent des Capucines (aujourd'hui boulevard des Capucines). Le développement du quartier se fait avec la rue de la Chaussée-d'Antin, à partir de 1720, puis la rue de Caumartin en 1779. Le marais des Porcherons, ou marais aux Mathurins, se lotit entre 1768 et 1793[2].
Signé par Napoléon, un décret du stipule l'ouverture de la future rue de la Paix, entre la place Vendôme et le boulevard des Capucines, à l'occasion de la création de la rue Daunou (alors « rue Neuve-Saint-Augustin »), qui est perpendiculaire[3]. D'abord baptisée « rue Napoléon » d'après une décision du ministère de l'Intérieur du 30 juin 1806[4], l'artère change de nom pour celui de « rue de la Paix » le , pour célébrer la nouvelle paix négociée en Europe[5].
Destruction du couvent des Capucines
La rue est percée après la destruction du couvent des Capucines, à la suite des confiscations des biens ecclésiastiques par la Révolution française. Or, certains personnages célèbres avaient été enterrés (parfois seulement une partie de leur dépouille mortelle, tel le cœur) dans l'église conventuelle à la suite d'un testament, d'une fondation de messe ou d'un legs. Parmi ces dignitaires, on compte François Michel Le Tellier de Louvois, Gilbert Colbert de Saint-Pouange, la marquise de Pompadour ou le duc de Créquy, frère aîné du maréchal François de Créquy. On estime que les huit chapelles qui, de part et d'autre, bordent la nef où se trouvaient les tombeaux se situent aujourd'hui à cheval entre la chaussée et le trottoir, au niveau des immeubles érigés au début de la rue de la Paix, du no 2 au no 6, incluant les numéros impairs[6].
Les ossements mis au jour dans le cloître et l'église des Capucines lors de l'édification de la rue de la Paix sont transférés le aux catacombes de Paris, dans leur ossuaire particulier. La reine Louise de Lorraine, fondatrice du couvent, est déplacée au cimetière du Père-Lachaise en 1806, puis dans la basilique Saint-Denis en 1817. En 1864, pendant la construction d'un égout haussmannien, trois cercueils sont découverts et sauvés : celui d'Henriette Catherine de Joyeuse, de la duchesse de Mercœur et de Louvois. Mais d'après l'historien Jacques Hillairet, celui de madame de Pompadour n'a pas été exhumé. L'écrivain Michel de Decker évoque le devenir de la marquise dans son ouvrage[7] : « C'est ainsi que Jeanne-Antoinette, demeurée dans son tombeau, dort encore aujourd'hui sous le pavé de l'ancienne rue Napoléon — devenue rue de la Paix en 1814 — et sans doute devant l'immeuble portant le numéro trois. »
Premières constructions
La rue est terminée sous le règne de Louis-Philippe[8]. C'est en qu'est installé tout le long de la rue l'éclairage au gaz[9]
Marie-Antoine Carême (1784-1833) y ouvre sa première pâtisserie avant d'officier dans les cuisines de toutes les cours d'Europe et celles des nouveaux riches parisiens.
La rue de la Paix va servir de lieu de passage pour les différentes délégations étrangères se rendant au palais des Tuileries.
Le réaménagement du quartier autour du nouvel Opéra de Paris à partir de 1861 va faire de celui-ci le lieu du commerce du luxe. Édouard Fournier écrit en 1862 :
« Les riches étrangers ont la rue de la Paix en singulière affection ; ils ne peuvent vivre que là, les hôtels meublés en sont pleins. Nombre de fournisseurs avisés se sont mis sur le chemin de cette riche clientèle que leur vient de tous les pays. C'est le bazar du confortable le plus splendide et le plus délicat[10]. »
Le couturier Charles Frederick Worth y avait sa maison de couture au no 7.
Bâtiments remarquables et lieux de mémoire
- No 1 : la maison de haute couture Madame Grès fut installée au 1, rue de la Paix de 1942 à 1988.
- No 2 : le musicien Jean-Paul Martini y mourut le 14 février 1816.
- No 3 : immeuble de 1854, construit par les architectes Mesnard et Rouillère[11]. La maison de haute couture Paquin fut installée au 3, rue de la Paix en 1891. À son apogée, l'entreprise comptait près de 2 700 employés avant de fermer définitivement ses portes en 1956 pour cause de grandes difficultés financières.
- No 4 : l'architecte-décorateur Louis Süe (1875-1968) réalisa ici avec André Mare le magasin de joaillerie-orfèvrerie de Robert Linzeler (1872-1941), en 1923.
- No 6 : l'orfèvre Louis Aucoc ouvrit sa boutique rue de la Paix en 1821. Elle est mentionnée dans le premier chapitre de La Dame aux camélias[12]. C'est auprès de ses descendants André Aucoc et Louis Aucoc que René Lalique fut apprenti de 1874 à 1876.
- No 7 : Charles Frederick Worth y crée sa maison de haute couture en 1858.
- No 8 : sous le règne de Louis-Philippe et le Second Empire, emplacement de l'hôtel meublé Mirabeau et du magasin de l'éditeur Amyot. L'immeuble actuel est de 1867, date à laquelle il fut reconstruit. En 1927, le parfumeur Roger & Gallet y fit faire la devanture de sa boutique en Lap (ciment alumineux).
- No 9 : emplacement de la joaillerie Mellerio, « la plus ancienne maison de la rue de la Paix » selon Le Figaro[13].
- Nos 11 et 13 : emplacement de la joaillerie Cartier (au 13 depuis 1899, au 11 depuis 1912).
- No 13 : emplacement de l'hôtel Westminster Paris.
- No 14 : immeuble construit en 1907 pour l'entreprise de joaillerie Vever.
- No 17 : emplacement de la confiserie-pâtisserie Carême en 1830 et, en 1923, de la parfumerie d'Orsay, réalisée par l'architecte décorateur Louis Süe et ses associés, le peintre André Mare et le ferronnier d'art Richard Georges Desvallières.
- No 19 : ici se trouvait le joaillier Gustave Baugrand (1826-1870), protecteur de la comédienne Marie Delaporte (1838-1910) et fournisseur de Napoléon III. Emplacement aussi de la parfumerie de luxe Grenoville, à partir de 1902.
- No 20 : emplacement du magasin de nouveautés À la belle Anglaise, ouvert en 1824, devenu par la suite l'hôtel meublé de Hollande, puis la maison de parfum Richard Hudnut, entre autres. La Maison Maquet occupe cet emplacement de 1841 à 1846, puis déménage au numéro 24 de 1847 à 1867, et enfin le numéro 10 à partir 1868, où elle restera une centaine d’années[14].
- No 21 : emplacement d'une salle où N. Kaufmann, un musicien allemand originaire de Dresde, faisait entendre vers 1817 lors de soirées musicales ses inventions : le bellonéon, le cordaulodion, l'harmonicorde et l'automate-trompette à double-son[15],[16]. Le bâtiment devint ensuite, vers 1824, la maison Doucet, spécialisée dans la vente de lingerie pour hommes et de frivolités pour dames.
- No 22 : emplacement de l'hôtel meublé des Îles Britanniques en 1860.
- No 23 : emplacement de la maison de mode Caroline Reboux.
- No 25 : emplacement de l'hôtel meublé de Douvres en 1862.
La rue de la Paix dans la culture
Jeu de société
Cette rue est connue comme étant la plus chère de la version française du jeu de société Monopoly, et ce depuis la conception du jeu en 1935. Dans la vie réelle, le prix moyen du mètre carré, en 2023, y est estimé à plus de 18 000 euros[17].
Elle a aussi donné son nom au jeu Rendez-vous rue de la Paix.
Chansons
La présence de la rue de la Paix sur le plateau du Monopoly a inspiré une chanson du même nom à Zazie.
Booba rend hommage à cette rue en la citant dans Jour de Paye : « J'ai fait la guerre pour habiter rue de la Paix. »
Cinéma
- Une séquence du film musical de Stanley Donen Drôle de frimousse (1957) est tournée rue de la Paix[18].
- Une séquence du film d'Yves Robert Signé Arsène Lupin (1959) est tournée rue de la Paix[18].
- Une séquence du film de Josiane Balasko Cliente (2008) est tournée rue de la Paix[18].
Notes et références
- Ania Guini-Skliar, « Le couvent des Capucines », La Place Vendôme. Art, pouvoir et fortune, Délégation à l'Action artistique de la Ville de Paris, Paris, 2002, 310 p. (ISBN 2-913246-41-9), p. 63-68.
- Jean Castex, « Les origines du quartier » dans Autour de l'Opéra. Naissance de la ville moderne, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, Paris, 1995 (ISBN 2-905-118-81-4), p. 43-44.
- « Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêts préfectoraux concernant les voies publiques » Paris, Imprimerie nouvelle, 1886, p. 51 (consultable sur Gallica)
- Félix Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, (lire en ligne), p.512-513
- Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Paris, Éditions de Minuit, 8e éd., 1985, vol. I, p. 265.
- [1]Bibliothèque nationale de France, Bibliothèque numérique Gallica, « Plan du rez-de-chaussée du couvent des Capucines de 1686 », gallica.bnf.fr.
Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, vol. 1 et 2, Éditions de Minuit, (1re éd. 1960), 1600 p. (ISBN 978-2-7073-1054-5).
« Le couvent des Capucines », www.nicolaslefloch.fr.
« Le couvent des Capucines de la place Vendôme », www.tombes-sepultures.com. - Michel de Decker, La Marquise des plaisirs. Madame de Pompadour, Paris, Pygmalion, , 208 p. (ISBN 978-2-85704-948-7), p. 205 à 206.
- Diane de Saint André-Moreau, « La rue de la Paix, 1880-1900 », Autour de l'Opéra. Naissance de la ville moderne, Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, 1995 (ISBN 2-905-118-81-4), p. 114-126.
- Nadar, Quand j'étais photographe, Caroline Laroche (commentaires), éditions A Propos, 2017, p.29 note:54.
- Paris dans sa splendeur sous Napoléon III. Monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire, vol. 2, Henri Charpentier, (lire en ligne), partie 1, p. 23.
- Jean-Marc Larbodière, Reconnaître le style des façades, Massin, 2000 (ISBN 2-7072-0415-3).
- « Sur une grande table, adossée au mur, table de trois pieds de large sur six de long, brillaient tous les trésors d’Aucoc et d’Odiot. C’était là une magnifique collection […]. »
- Élodie Baërd, « Le platine va-t-il redorer son aura », Le Figaro, cahier « Le Figaro et vous , 30 avril 2021, p. 32.
- « Le quartier de la Paix hier et aujourd'hui », La Renaissance de l’Art Français et des Industries du Luxe, , p. 297
- A. L. Millin, Annales encyclopédiques, Paris, 1817, p. 351-352.
- A. V. Arnaud, A. Jay, E. Jouy et J. Norvins, Biographie nouvelle des contemporains, E. Babeuf, Paris, 1823, p. 56-57.
- « Rue de la Paix », www.meilleursagents.com.
- « Tournages rue de la Paix, Paris » sur Internet Movie Database.