Shinzō Abe
Shinzō Abe 安倍 晋三 | |
Fonctions | |
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63e Premier ministre du Japon | |
En fonction depuis le (11 ans, 10 mois et 22 jours) |
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Monarque | Akihito |
Gouvernement | 96e Cabinet |
Législature | 46e Chambre des Représentants |
Coalition | PLD - Nouveau Kōmeitō |
Prédécesseur | Yoshihiko Noda |
Président du Parti libéral-démocrate du Japon | |
En fonction depuis le (12 ans, 1 mois et 22 jours) |
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Prédécesseur | Sadakazu Tanigaki |
Chef de l'opposition parlementaire | |
Premier ministre | Yoshihiko Noda |
Prédécesseur | Sadakazu Tanigaki (PLD) |
Successeur | Banri Kaieda (PDJ) |
57e Premier ministre du Japon | |
Monarque | Akihito |
Gouvernement | 90e Cabinet |
Législature | 44e Chambre des représentants |
Coalition | PLD - Nouveau Kōmeitō |
Prédécesseur | Jun'ichirō Koizumi |
Successeur | Yasuo Fukuda |
Président du Parti libéral-démocrate du Japon | |
Prédécesseur | Jun'ichirō Koizumi |
Successeur | Yasuo Fukuda |
Secrétaire général du Cabinet | |
Premier ministre | Jun'ichirō Koizumi |
Gouvernement | Koizumi III |
Prédécesseur | Hiroyuki Hosoda |
Successeur | Yasuhisa Shiozaki |
Secrétaire général du Parti libéral-démocrate | |
Président | Jun'ichirō Koizumi |
Prédécesseur | Taku Yamasaki |
Successeur | Tsutomu Takebe |
Représentant du 4e district de Yamaguchi | |
En fonction depuis le (28 ans et 10 jours) |
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Élection | |
Réélection | |
Prédécesseur | Circonscription créée |
Représentant de l'ancien 1er district de Yamaguchi | |
Élection | |
Prédécesseur | Shintarō Abe |
Successeur | Circonscription disparue |
Biographie | |
Lieu de naissance | Nagato, Yamaguchi (Japon) |
Nationalité | japonaise |
Conjoint | Akie Abe |
Diplômé de | Université Seikei Université de Californie du Sud |
Profession | Cadre d'entreprise Conseiller politique |
Résidence | Sōri-daijin Kantei (総理大臣官邸), Tōkyō |
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Premiers ministres du Japon | |
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Shinzō Abe (安倍 晋三, Abe Shinzō , se prononce Abé), né le 21 septembre 1954 à Nagato dans la préfecture de Yamaguchi, est un homme politique japonais, né dans l'une des plus influentes familles politiques du pays.
Président du Parti libéral-démocrate (PLD) du (élu le 20 septembre) au 23 septembre 2007[1], il exerce la fonction de Premier ministre du 26 septembre 2006 au 25 septembre 2007. Il démissionna un an plus tard, suite à des ennuis de santé et à la défaite de sa majorité aux élections à la Chambre des conseillers.
Il revient à la présidence du PLD le , devenant, de facto, le chef de l'opposition parlementaire. Son parti ayant obtenu la majorité absolue des mandats, à la Chambre des Représentants, lors des élections législatives du , il retrouve le poste de Premier ministre le .
Biographie
La famille Abe
Les origines de Shinzō Abe remontent à trois importantes familles, influentes dans la préfecture de Yamaguchi depuis le XIXe siècle, les Abe, les Satō et les Kishi. Les Abe étaient une riche famille de brasseurs de saké et de soja. Les Satō et les Kishi, pour leur part, étaient deux importantes familles de l'ancien domaine de Chōshū, liés par des alliances matrimoniales et d'adoption réciproques : ainsi, Shusuke Kishi, arrière-grand-père maternel de Shinzō Abe, a épousé une fille de la famille Satō et a adopté leur nom. En échange, son fils aîné, grand-père de Shinzō Abe, né Nobusuke Satō, a à son tour été adopté par la famille Kishi qui n'avait plus d'héritier mâle[2].
Le grand-père maternel d’Abe est donc Nobusuke Kishi, Premier ministre du Japon de 1957 à 1960, qui fut par ailleurs emprisonné comme suspect de crime de guerre de classe A de 1945 à 1948, en tant qu'ancien haut fonctionnaire du Manzhouguo, puis du ministère du Commerce et de l'Industrie dans le cabinet de guerre du général Hideki Tōjō. Emprisonné durant trois ans par les Américains, il fut finalement libéré sans assignation devant le Tribunal de Tōkyō. Anti-communiste et pro-américain, il mène une politique visant à réinsérer son pays dans le concert des Nations et est l'artisan de la signature en 1960 du controversé traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les États-Unis et le Japon, renégociation plus équilibrée entre les deux parties d'un précédent traité mutuel de sécurité passé en même temps que le traité de San Francisco en mettant fin à l'occupation du Japon. Shinzō Abe présente son grand-père comme son modèle en politique, y voyant notamment la référence d'un de ses principaux objectifs : tourner la page de ce qu'il appelle la « société d'après-guerre » et redonner une fierté nationale au peuple japonais[3].
Shinzō Abe est le petit-neveu d'un autre Premier ministre, Eisaku Satō, frère de Nobusuke Kishi et jusqu'à présent le chef de gouvernement japonais à être resté le plus longtemps en fonction de 1964 à 1972 (durant le Boom Izanagi, période de forte croissance économique, il a reçu de plus en 1974 le Prix Nobel de la paix conjointement avec l'irlandais Seán MacBride, pour sa politique étrangère pacifiste et son rôle dans la préparation et la signature du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires). Son grand-père paternel, Kan Abe, a également été un homme politique, député indépendant à la Chambre des représentants de 1937 à 1946.
Le père d’Abe est Shintarō Abe, gendre et héritier politique de Nobusuke Kishi devenu une figure politique importante et influente dans les années 1980, ancien ministre des Affaires étrangères et secrétaire général du Parti libéral-démocrate, le parti conservateur libéral au pouvoir sans discontinuer de sa création en 1955 jusqu'à 1993 et de 1994 à 2009. Le frère cadet de Shinzō Abe, Nobuo Kishi (né Abe mais adopté par son oncle maternel), est lui aussi un homme politique du PLD, élu à la Chambre des conseillers pour la préfecture de Yamaguchi depuis 2004.
Dans son arbre généalogique se trouve également Yōsuke Matsuoka, ancien ministre des Affaires étrangères du Japon impérial (1940-1941) et qui fut à l'origine du Pacte tripartite signé le .
Éducation d'un héritier politique
Bien que né dans le bastion familial, Shinzō Abe est élevé dans la préfecture de Tōkyō où sa famille s'est installée à partir de 1957 suite au lancement de la carrière politique de son père. Il est scolarisé dans le privé, au sein des établissements de la compagnie scolaire Seikei à Musashino. Il sort diplômé en sciences politiques de la Faculté de Droit de l’université Seikei en 1977. Il part ensuite en pour poursuivre ses études en science politique à l’University of Southern California à Los Angeles.
De retour au Japon en , Abe travaille pour l’entreprise de construction métallique Kōbe Steel Ltd. et ce jusqu’en 1982. Il entre ensuite au service de son père en tant qu’assistant, d'abord au ministère des Affaires étrangères de 1982 à 1986, puis à la présidence du Conseil général du PLD de 1986 à 1987 et enfin au secrétariat général du PLD de 1987 à 1989.
Carrière politique
Les débuts
Après la mort de son père en 1991, Abe se présente à sa place dans l'ancien premier district de la préfecture de Yamaguchi en 1993 et, obtenant le plus de voix au vote unique non transférable avec une large avance (97 647 voix et 24,2 % des suffrages exprimés, il totalise 31 938 votes et près de 8 points de plus que le candidat élu en seconde place, le sortant et ancien ministre Yoshirō Hayashi, lui aussi un libéral-démocrate), il est alors élu pour la première fois à la Chambre des représentants.
Au sein du PLD, il adhère à la faction qui était dirigée par son père et avant lui par Takeo Fukuda, désormais menée par Hiroshi Mitsuzuka, le Conseil pour la nouvelle politique (清和政策研究会, Seiwa Seisaku Kenkyūkai ) ou Seiwakai (清和会 ), connu pour sa volonté de réformer le fonctionnement interne du parti pour le rendre plus démocratique et moins dépendant des luttes d'influence entre chefs de faction, pour sa recherche d'une déréglementation administrative et économique et pour son attachement à l'alliance nippo-américaine.
Aux élections législatives du , les premières à se dérouler selon le système mixte mis en place par la réforme électorale de 1994, il est réélu au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans le nouveau 4e district de la préfecture de Yamaguchi (à savoir les villes de Shimonoseki et Nagato à l'ouest), avec 93 459 votes et 54,3 % des suffrages face aux 34,7 % de Takaaki Koga du Shinshintō (principale force d'opposition de l'époque) et 11 % au candidat du PCJ. Il est par la suite plébiscité dans cette circonscription à chaque scrutin, avec 71,7 % des voix (121 835 suffrages) en 2000, 79,7 % (140 347) en 2003, 73,6 % (137 701) en 2005 et 64,3 % (121 365) en 2009.
La première décennie de sa carrière politique est discrète, tout en commençant à apparaître progressivement comme un des représentants de la jeune garde du PLD et du camp réformateur, il devient dès cette époque un soutien de Jun'ichirō Koizumi. Il est l'un des piliers de la première campagne de ce dernier à la présidence du PLD du , avec deux députés trentenaires eux aussi élus depuis peu : Hiroyuki Arai (37 ans, élu en 1993) et Nobuteru Ishihara (38 ans, élu en 1990). Koizumi est alors largement défait par Ryūtarō Hashimoto, en n'obtenant que 87 voix contre 304 à ce dernier. Plus tard, Abe est directeur du bureau de la jeunesse du parti de 1997 à 1999. Il fait partie du « Conseil des NAIS » (NAISの会, Naisu no kai ), à la fois groupe de réflexion et alliance politique formé par quatre jeunes parlementaires quadragénaires et réformateurs, sur le modèle du « trio YKK » créé en 1994 par Taku Yamasaki, Jun'ichirō Koizumi et Kōichi Katō. Comme pour ce dernier, le nom du « quatuor » reprend les initiales en rōmaji des noms de ses membres : Takumi Nemoto, Abe, Nobuteru Ishihara et Yasuhisa Shiozaki[4].
D'autre part, Shinzō Abe semble dans un premier temps, à travers ses premiers travaux parlementaires ou ses positions au sein du parti, être un membre secondaire de la « Tribu de la santé et des affaires sociales » (厚生族, Kōsei zoku )[5],[6]. Ainsi, en 1999, il devient directeur de la division des Affaires sociales du PLD, ainsi que directeur (soit l'équivalent d'une fonction de vice-président) de la commission de la Santé et du Bien-être de la Chambre des représentants.
Du au , il est secrétaire général adjoint des Cabinets de Yoshirō Mori et Jun'ichirō Koizumi avant d’être nommé secrétaire général, et donc numéro deux, du PLD par Koizumi le . Ce poste va le faire passer alors de l'intérêt discret pour les affaires sociales et sanitaires à la place d'un spécialiste des questions de sécurité et de politique étrangère au sein de la majorité.
L'un des négociateurs avec la Corée du Nord
En 2002, il a servi de négociateur en chef pour le gouvernement japonais pour discuter avec la Corée du Nord du sort de cinq Japonais survivants enlevés sur les plages nippones sur ordre de Kim Il-sung. Il se forge alors une réputation de fermeté et est crédité des avancées importantes que connaît ce dossier à cette époque, ce qui le fait connaître du grand public et même lui confère une importante popularité. Ainsi, il prépare la visite à Pyongyang de Jun'ichirō Koizumi, la première d'un chef de gouvernement japonais en Corée du Nord, le .
À cette occasion, en échange de l'expression par le Premier ministre de « profonds regrets » pour l’attitude du Japon pendant l’Occupation japonaise de la Corée, Kim Jong-il reconnaît officiellement, et s'excuse pour cela, l'enlèvement par la Corée du Nord de 13 citoyens japonais entre 1977 et 1983[7].
Quelques mois plus tard, il obtient du régime nord-coréen le retour au Japon des cinq dernières victimes de ces enlèvements encore en vie selon Pyongyang, à condition qu'elles reviennent ensuite en Corée du Nord, le 15 octobre suivant, puis s'attire le soutien de l'opinion publique japonaise, avec Koizumi, en refusant cette dernière revendication de la Corée du Nord et en demandant désormais que ces rapatriés soient rejoints par leurs enfants nés après leurs enlèvements et restés en Corée du Nord.
Abe dirigea également le Comité des parlementaires PLD contre l'éducation sexuelle « excessive »[8].
Le successeur de Koizumi
Secrétaire général du PLD
Fraichement réélu pour un mandat de trois ans à la tête du PLD le , Jun'ichirō Koizumi nomme Shinzō Abe (qui était son directeur de campagne lors de cette élection à la présidence du parti) au poste de secrétaire général du parti, soit la deuxième position dans la hiérarchie du parti. C'est alors une surprise, étant donné la faible expérience politique d'Abe et sa jeunesse (seulement deux personnes avant lui furent nommées à cette fonction avant avoir atteint l'âge de 50 ans, Kakuei Tanaka en 1968 et Ichirō Ozawa en 1989, tous deux à 47 ans), mais cette décision est plutôt accueillie positivement par les observateurs politiques et les médias.
En effet, Koizumi souhaite rajeunir la majorité en vue des élections législatives anticipées fixées au , et Abe est alors considéré comme le maître de la stratégie électorale. Il permet également de jouer pleinement sur l'une des actions les plus populaires du gouvernement, celle sur les enlèvements en Corée du Nord (d'autant qu'une cellule spéciale sur la question des enlèvements est créée et présidée au sein du PLD par Abe le )[9]. Le Nihon Keizai Shinbun qualifie d'ailleurs ce choix d'« idée brillante qui permet de mettre en valeur un aspect neuf »[10].
Après ces élections législatives, qui marquent une victoire de la coalition au pouvoir avec 275 sièges sur 480 (soit 4 de plus qu'en 2000, mais toutefois 12 de moins que dans la chambre sortante), dont 237 pour le PLD, il préside à l'absorption le par ce dernier du Nouveau Parti conservateur. Ce dernier, partisan d'une « révolution conservatrice » sur le modèle de l'action de Margaret Thatcher, de Ronald Reagan voire de George W. Bush, allié depuis sa création en 2002 avec les libéraux-démocrates, apporte ainsi ses 4 députés au parti, lui permettant de regagner à lui seul la majorité absolue.
En tant que secrétaire général du PLD, il est surtout chargé d'opérer la réforme interne voulue par Koizumi, à la fois de l'organisation, afin de la rendre moins dépendante du jeu des factions, plus propice au renouvellement générationnel et plus transparente, et de la ligne politique. Ainsi, avant même les élections législatives de 2003, une règle interdisant de présenter à la proportionnelle des candidats âgés de plus de 73 ans est adoptée par les instances du mouvement[11]. Plus tard, un comité de réforme, présidé par Abe, est mis en place et présente en un plan qui prévoit la sélection de candidats au sein de la société civile pour les futures élections sur la base de primaires, de commissions d'investitures ou de sondages d'opinion qui pourraient être demandés par tout candidat potentiel dans une circonscription donnée. Ce plan envisage également de rendre publiques, via Internet, l'usage par les membres du parti des indemnités et subventions publiques, par le biais de cartes à puce distribuées à tous les militants[12]. Si ce projet ne va pas donner de suite officielle, il va servir de base à la stratégie des « Assassins » (刺客, Shikaku ) (jeunes personnalités, dont de nombreuses femmes, issues de la société civile et plus attachées à Koizumi et à ses réformes qu'à l'appareil partisan) qui va faire le succès de la majorité aux élections législatives de 2005. Il s'attache également à faire réviser la plateforme fondamentale du parti, inchangée depuis 1995, en la confiant à un panel consultatif directement placé sous son autorité et confié au député Kaoru Yosano. Le résultat de cette réflexion est présenté en juin 2004, et comprend plusieurs projets de réforme particulièrement chers à Shinzō Abe : il prévoit ainsi d'ajouter parmi les priorités du parti la recherche d'« un consensus national pour l'établissement d'une nouvelle constitution » (sans pour autant se prononcer sur ce que celle-ci devrait contenir), l'appel à une réforme de la loi fondamentale de l'éducation et l'expression de sa résolution à lutter contre le terrorisme et le crime[13]. Le parti met ensuite en place en décembre 2004 un comité chargé de rédiger un projet de Constitution, présidé par l'ancien Premier ministre, Yoshirō Mori, dirigeant, à l'époque, de la faction du Seiwakai[14]. Cette nouvelle plateforme, ainsi que le projet constitutionnel, sont officiellement adoptés à l'occasion du 50e anniversaire de la formation le [15].
Mais il doit surtout gérer la fronde de l'opposition à la Diète concernant la réforme des retraites préparée par le gouvernement, ainsi que le scandale touchant justement au même moment les retraites de plusieurs personnalités politiques de la majorité. Ça, couplé à l'impopulaire participation du Japon à des missions de reconstruction dans la coalition militaire en Irak, rend pour la première fois depuis l'arrivée de Jun'ichirō Koizumi en 2001 le PLD impopulaire, et lui fait essuyer une assez importante défaite lors du renouvellement de la moitié de la Chambre des conseillers du (si le parti conserve la majorité au sein de la chambre haute grâce à ces alliées du Kōmeitō et à la bonne performance réalisée lors du précédent scrutin en 2001, il est alors devancé en voix et en siège par le Parti démocrate du Japon, principale force d'opposition). S'étant personnellement investi dans la campagne, en se fixant pour objectif de gagner 51 sièges pour finalement devoir ne se contenter que de 49, Shinzō Abe décide d'assumer la responsabilité de cet échec et annonce sa volonté de démissionner de son poste de secrétaire général du PLD. Jun'ichirō Koizumi la refuse pendant un temps[16], avant de finalement l'accepter le . Il est remplacé par l'ancien ministre de l'Agriculture du premier gouvernement de Koizumi, Tsukomu Takebe, mais reste néanmoins au sein de la direction en tant que secrétaire général adjoint et président de l'Unité de promotion de la réforme.
Secrétaire général du Cabinet
La , Abe est nommé dans le troisième et dernier gouvernement de Jun'ichirō Koizumi au poste de secrétaire général du Cabinet, c'est-à-dire porte-parole du gouvernement et ministre chargé de la coordination des différents services gouvernementaux. Abe présente sa candidature pour le poste de président du PLD le 1er septembre 2006[17].
Un premier passage au Kantei
Considéré comme le grand favori face à Sadakazu Tanigaki et Tarō Asō, il est élu le 20 septembre 2006 à la tête du PLD avec 464 voix sur 703[18],[19].
En conséquence, il succéda, le 26 septembre, à Jun'ichirō Koizumi au Kantei[20].
Abe annonce son intention de démissionner du poste de Premier ministre le en raison de son impopularité (moins de 30 % de la population japonaise soutient ses actions), aux démissions répétées de ses ministres, à l'échec du PLD lors du renouvellement de la moitié de la Chambre des conseillers de juillet et à l'impossibilité de prolonger une loi antiterroriste qui autorisait la force navale japonaise à ravitailler les navires militaires des États-Unis opérant en Afghanistan[21]. Abe devrait également quitter la présidence du parti libéral-démocrate.
Le lendemain de son annonce, Abe est admis dans un hôpital de Tokyo[22]. Il démissionne le 25 septembre 2007.
Le retour sur le devant de la scène politique
Il est réélu président du PLD le , alors que des élections législatives anticipées sont attendues d'ici à la fin de l'année[23]. Comme l'avait fait Sadakazu Tanigaki, il fait voter son parti en faveur de certains textes de loi présentés par le PDJ le (dont une autorisant l'émission d'obligations nécessaire pour financer le budget 2012), obtenant en échange du Premier ministre la dissolution le jour même de la Chambre des représentants et la tenue d'élections anticipées le 16 décembre suivant.
Favori des législatives de 2012
Il fait figure de favori dans les sondages, étant lui-même préféré régulièrement à Yoshihiko Noda mais aussi aux autres figures montantes de la campagne, telles l'ancien gouverneur de Tōkyō Shintarō Ishihara, pour devenir le prochain Premier ministre, tandis que son parti reste en tête dans les enquêtes d'opinions. Néanmoins, son avance est loin, à chaque fois, d'être importante. Ainsi sa côte de soutien personnelle oscille entre 29 % dans un sondage du Yomiuri Shimbun mené du 23 au à 37 % dans une précédente enquête menée par le même quotidien les 16 et , tandis que Yoshihiko Noda se situe dans ces deux sondages respectivement à 19 % et 31 % et que Ishihara arrive second avec 22 % pour l'enquête des 23 et 25 novembre. D'autres sondages, menés aux mêmes périodes par d'autres grands titres de la presse nationale, montrent des écarts encore plus serrés entre le Premier ministre en exercice et le chef de l'opposition qui a toutefois toujours l'avantage (33 contre 31 % pour l’Asahi Shimbun les 15 et , 33,9 contre 30 % pour l'agence Kyodo News les 24 et ). Pour ce qui est des intentions de vote par parti, le PLD attire entre 18,7 % des personnes interrogés par Kyodo News les 24 et 25 novembre (contre 10,3 % à l'Association pour la restauration du Japon de Shintarō Ishihara et 8,4 % seulement au PDJ) et 25 % pour le Yomiuri Shimbun du 23 au (contre 14 % à l'ARJ et 10 % au PDJ, d'autres enquêtes montrent en revanche le parti majoritaire sortant en deuxième position)[24],[25],[26],[27].
Programme politique
Il prend pour slogan « Remettre sur pied le Japon » (日本を取り戻す, Nippon o torimodosu ), et mène campagne essentiellement sur les questions de sécurité et de politique étrangère, qui restent ses principaux chevaux de bataille et le font une nouvelle fois présenter dans les médias nationaux ou internationaux comme un « faucon » : il place la relation nippo-américaine au centre de son projet de politique étrangère (promettant de réserver son premier déplacement officiel à l'étranger, si son parti obtenait la majorité, aux États-Unis), relance son objectif ancien de révision de la Constitution du Japon afin de reconnaître le statut d'« armée conventionnelle » aux Forces japonaises d'autodéfense, envisage d'augmenter le budget de la défense et prône une attitude ferme dans les conflits territoriaux opposant le Japon à ses voisins, surtout avec la République populaire de Chine sur les îles Senkaku. Après avoir inclus dans son programme, présenté au public le , d'installer une présence permanente d'officiels gouvernementaux dans l'archipel[28], il propose ensuite, lors d'un discours à Tōkyō le , d'utiliser d'anciens navires de la Force maritime d'autodéfense pour aider les gardes-côtes japonais à « défendre » les îlots et empêcher toute venue de navires chinois dans leurs eaux territoriales[29]. Sur le plan économique, il place sa priorité dans la lutte contre la déflation (se réservant même la possibilité de revenir sur la hausse de la taxe sur la consommation, pourtant votée en 2012 avec l'aval du PLD, si la tendance n'est pas rapidement inversée en la matière). Son plan, présenté le , repose essentiellement sur des mesures de politique monétaire et adopte à ce sujet un discours ferme à l'égard de la Banque du Japon, qu'il veut pousser à adopter un objectif chiffré d'inflation à 2 ou 3 %, à mener un assouplissement quantitatif illimité, à fixer des taux d'intérêt à court terme négatifs et à acheter directement au gouvernement central des obligations pour financer les travaux publics (le programme du PLD prévoyant également de dépenser 200 billions de yens dans des grands travaux en dix ans dans le but de rendre le pays mieux équipé face aux catastrophes naturelles). Si les marchés ont réagi favorablement immédiatement après ces annonces (les cours à la bourse de Tōkyō ont augmenté et le yen a perdu de la valeur face au dollar américain), le Japan Times estiment ces mesures « irréalistes » (pour l'objectif de 2 à 3 % d'inflation, ce terme est repris par le gouverneur de la Banque du Japon, Masaaki Shirakawa, ferme défenseur de l'indépendance de son institution et hostile à tout retour à une politique chiffrée) ou « dangereuses [...] pour la discipline budgétaire » (pour le projet d'obliger la Banque du Japon à acheter des bonds de construction au gouvernement), et qu'elles « causeraient des effets collatéraux tels que des hausses des taux d'intérêts à long-terme et une inflation qui ne serait pas accompagner par des activités économiques stimulées »[30]. L'économiste Izuru Kato, de l'institut Totan Research, déclare pour sa part, concernant des taux d'intérêt à court terme négatifs : « Je ne vois aucune chance pour que cela soit retenu »[31]. Sur les autres thèmes principaux de la campagne, il se déclare favorable à une adhésion du Japon au processus de négociation de l'Accord de partenariat trans-Pacifique (ou TPP pour Trans-Pacific Strategic Economic Partnership), un des chevaux de bataille de Yoshihiko Noda et du PDJ, mais en y incluant une discussion au cas-par-cas afin de maintenir des « sanctuaires » et donc des tarifs de protection pour certaines gammes de produits jugés sensibles (notamment agricoles). Sur le plan de l'énergie nucléaire et de son éventuelle sortie (demandée, d'après de nombreux sondages, par une majorité de Japonais marqués par la catastrophe de Fukushima), Shinzō Abe juge le but fixé par Yoshihiko Noda de « zéro nucléaire » d'ici aux années 2030 d'« extrêmement irresponsable » et affirme que le PLD, en cas de retour au pouvoir, « agira avec responsabilité pour relancer les opérations des réacteurs suspendus une fois leur sûreté établie ». De par l'histoire de sa famille, Abe est profondément lié au développement de l'énergie nucléaire au Japon, à son ancrage local et aux dépendances économiques qu'elle entraîne pour les communautés qui hébergent des centrales nucléaires[32]. Abe prévoit toutefois de réduire progressivement la dépendance énergétique du Japon à l'égard du nucléaire sur le long terme au profit d'un investissement dans les énergies renouvelables[33].
Une large majorité absolue
Le jour du scrutin, le , le PDJ, devenu très impopulaire, subit une défaite sévère, retombant à seulement 57 sièges. Cela se traduit en contrepartie par une importante victoire en nombre de sièges du PLD, qui obtient à lui seul la majorité absolue pour atteindre les 294 élus. Le vote majoritaire explique tout particulièrement cette victoire, avec 237 des 300 circonscriptions gagnées. Par contre, à la proportionnelle, le parti n'obtient que deux sièges de plus qu'en 2009, soit 57 sur les 180 à pourvoir. Les 31 élus du Nouveau Kōmeitō (retrouvant 9 circonscriptions au vote majoritaire alors qu'il les avait toutes perdues en 2009, il n'obtient qu'un député de plus à la proportionnelle) permettent à la coalition de centre-droit, avec 325 représentants, de dépasser le seuil des 2/3 des membres de la chambre basse (soit 320 membres sur 480) nécessaires pour faire passer des textes même en cas d'avis contraire de la Chambre des conseillers, où il n'y a toujours pas de majorité. La forte abstention (avec 40,68 % d'électeurs ne s'étant pas déplacés pour voter, il s'agit du record depuis 1945), de dix points supérieure à celle de 2009[34], est analysée par les médias et analystes politiques comme le signe d'un vote sanction du PDJ sans espoir réel suscité néanmoins par les libéraux-démocrates. Takeshi Sasaki, professeur de sciences politiques à l'université Gakushūin, déclare, par exemple : « Les électeurs ne se sont pas porté sur un nouveau choix, mais voulaient punir le PDJ ». Il ajoute de plus que le victoire du PLD « ne signifie pas que les électeurs portent les mesures défendues par le parti en haute considération. Si vous interprétez le résultat de cette manière, ce serait une erreur ». Les cadres de la nouvelle majorité, y compris Shinzō Abe, reconnaissent eux même cet état de fait au cours de la soirée électorale. Lors d'une apparition à la télévision, ce dernier a ainsi admis que les Japonais ne lui avait pas donné une approbation à « 100 % », mais qu'ils voulaient plutôt « mettre fin à trois années de chaos ». Il ajoute de plus que : « À moins de satisfaire les attentes des électeurs, leur soutien à notre égard disparaîtra. Avec ça en tête, nous devons garder un sens de tension [dans la gestion du gouvernement] »[35].
Le second mandat de Premier ministre
La première année au pouvoir (26 Décembre 2012 - 26 Décembre 2013)
Un retour à la stabilité politique
Le , Shinzō Abe, chef de la nouvelle majorité parlementaire, est élu Premier ministre par la Chambre des représentants, avec 328 voix sur 478 votants, contre 57 voix au nouveau président du PDJ, l'ancien ministre de l'Industrie, Banri Kaieda, et 54 voix à l'ancien gouverneur de Tokyo, Shintarō Ishihara. Il est également à la Chambre des conseillers, sans atteindre la majorité absolue, lors du second tour, avec 107 votes sur 238 contre 96 à Kaieda[36].
De ce fait, Shinzō Abe est le second chef du gouvernement ayant retrouvé le titre de Premier ministre, après Shigeru Yoshida, durant l'après-guerre. Le jour même de son investiture par la Diète, Abe présente son gouvernement. Il accorde le poste de ministre des finances à l'ancien premier ministre Tarō Asō(2008-2009) qui avait tout comme les autres dirigeants de la planète à l'époque répondu à la crise des subprimes par un vaste plan de relance. Dans le but de mettre en oeuvre des réformes et de prendre des mesures efficaces en vue d'enrayer la déflation chronique touchant l'économie japonaise, Aso, 72 ans, qui a été premier ministre lorsque le PLD a perdu les élections en 2009 face au PDJ, occupera les postes de vice premier ministre, de ministre des finances et ministre des services financiers. Plusieurs postes ont également été accordé à d'anciens ministres du PLD. Ainsi, Akira Amari , 63 ans et ancien ministre de l'économie, de l'industrie et du commerce (METI), occupera le nouveau poste de ministre de la revitalisation économique. Toshimitsu Motegi, 57 ans, ancien ministre des services financiers a été nommé à la tête du METI. Yoshihide Suga, 64 ans, l'un des plus proches alliés de Abe et considéré comme un réformiste[37], a obtenu le poste de Secrétaire Général du Cabinet et de porte parole du gouvernement. Ce poste est important puisqu'il coordonne les politiques des différents ministères. Il fait aussi entrer au gouvernement ses adversaires lors des élections pour la présidence du parti espérant ainsi s'assurer l'obéissance du PLD. Sadakazu Tanigaki est ainsi nommé ministre de la justice. Nobuteru Ishihara est nommé ministre de l'environnement et de la gestion des crises nucléaires. Seules deux femmes font leur entrée au gouvernement. Masako Mori sera nommée ministre d'Etat pour l'autonomisation des femmes et l'éducation des enfants , ministre d'Etat chargé de la lutte contre le déclin démographique et ministre d'Etat chargé de l'égalité des sexes. Tomomi Inada, une ultraconservatrice proche de Abe sera quant à elle chargée de la réforme administrative et de la stratégie du Cool Japan. Très rapidement, Abe encadre ses ministres, il n'est pas question que les ministres expriment une opinion différente de celle du cabinet. Ils sont également dépêchés sur le terrain. Parallèlement, Abe soigne son image pour s'assurer du soutien de la population. Contrairement à ses prédécesseurs, il n'hésite pas à utiliser ce que les nouvelles technologies peuvent apporter à la communication gouvernementale. Le 22 Mars 2013, ses services ont mis en ligne une application pour smartphone, téléchargeable depuis le site du Kantei (la résidence des premiers ministres). Elle offre un accès à la page Facebook du bureau du premier ministre, des informations sur la politique mise en œuvre par le premier ministre ainsi que ses activités. Abe utilise aussi son propre compte Facebook pour préciser ses choix, mettre en ligne des photos prises pendant ses déplacements ou adresser des messages directs. Il a également fait voter au parlement une réforme autorisant l'usage des réseaux sociaux dès la campagne des élections sénatoriales de Juillet 2013. Il a mis fin aux briefings quotidiens instaurés lors de son premier passage à la tête du gouvernement. Ces briefings avaient été mis en place par Jun'ichirō Koizumi , son charismatique prédécesseur et ils n'ont jamais été supprimé depuis. Désormais, Abe se réserve les annonces importantes et n'hésite pas à bousculer les habitudes. En Janvier, il s'est invité au milieu d'une émission de débats diffusée dans le Kansai et il choisit ses passages à la télévision sans se soucier de respecter l'équilibre entre les grandes chaînes nationales. Il a aussi ouvert, et c'est une première dans l'histoire du pays, aux enfants les portes de la résidence du premier ministre dans le quartier de Nagatacho à Tokyo. Faisant de l'économie sa priorité, Abe est à l'origine de ce que les économistes et investisseurs appellent les Abenomics. Il théorise un redressement du Japon au moyen de ce qu'il appelle les trois flèches : une politique monétaire très accommodante et audacieuse, une relance budgétaire et une stratégie de croissance à long terme.
Fort du succès de cette politique auprès des entreprises, des investisseurs et de la population japonaise en globalité, Shinzo Abe atteint des taux de popularité entre 63 % et 72 % tout au long de sa première année au pouvoir. Parallèlement, le PLD aussi accroît sa popularité. Cette forte popularité d'Abe permet d'assurer la fidélité des membres de son parti qui ne se sont pas déchirés dans des guerres de factions. Cette unité affichée derrière le Premier ministre conduit à une large victoire du PLD lors des élections à la chambre des conseillers du Japon de 2013. À la suite d'une campagne animée par les débats autour de la réforme de la Constitution japonaise, le PLD et son allié le Nouveau Kōmeitō remportent une majorité absolue de 135 sièges[38]. Parallèlement, le PDJ enregistre ses pires résultats et tombe à 59 sièges. Shinzo Abe profite donc d'un retour à la stabilité politique au cours de cette première année à la tête du pays, une situation inédite depuis Jun'ichirō Koizumi, ce qui pousse les médias japonais à pronostiquer qu'Abe devrait rester au pouvoir au moins jusqu'en 2016, date des prochaines élections de la Chambre des représentants et de la Chambre des conseillers.
Les Abenomics
La relance budgétaire
Le 11 Janvier 2013, le gouvernement adopte un plan de relance massif élevé à 20 000 milliards de yen (175 milliards d'euros) en comptant les dépenses prévues par les collectivités locales et les contributions du secteur privé[39]. Ce plan se distingue des précédents plans de relance mis en place par les autorités japonaises par son importance d'une part et par l'affectation des dépenses d'autre part[40]. Ainsi, les dépenses de construction ou de réfection de routes et de ponts, voire d'amélioration des installations portuaires dépassent les 5 000 milliards de yens, soit environ 59 milliards de dollars. C'est bien moins quand pour les précédents plans de relance. De plus, ces ressources seront principalement allouées à la reconstruction des zones sinistrées en mars 2011, à la prévention des catastrophes et au renforcement de la compétitivité des industriels nippons sur le marché mondial. Le plan prévoit ainsi la création d'un fonds de 150 milliards de yens pour encourager les entreprises à développer de nouvelles technologies. La Banque de Développement du Japon sera chargée de la répartition de ces fonds. Le plan prévoit aussi la création d'un fond de 200 milliards de yens pour encourager les fusions et acquisitions à l'étranger. Ce fonds sera géré par une autre banque publique, la JBIC (Japan Bank for International Cooperation). Le plan comporte également pour 83 milliards de yens de garanties de prêts et de prêts à taux avantageux pour les PME. D'autres fonds serviront à créer de nouvelles activités au travers de rapprochements entre différents secteurs. Le 26 Février 2013, une rallonge budgétaire massive de 13.100 milliards de yens (quelque 105 milliards d'euros) est adoptée[41]. Ce budget supplémentaire vient compléter le collectif initial de 90.300 milliards de yens (725 milliards d'euros) décidé par le précédent gouvernement démocrate de Yoshihiko Noda pour l'année courant du 1er avril 2012 au 31 mars 2013. Cette rallonge budgétaire est la deuxième plus importante de l'histoire après celle de 14.7000 milliards de yens adoptée face à la crise de 2008. Cette rallonge visera notamment à soutenir la reconstruction des zones sinistrées dans le Tohoku. De même, les dépenses militaires ont connu une hausse historique et visent à assurer le paiement des coûts du carburant et de maintenance pour les avions d'alerte précoce et de contrôle aérien, permettre la recherche sur la technologie radar capable de détecter des petits avions à longue distance , permettre les préparatifs pour l'introduction au Japon de l'avion de transport MV-22 Osprey de l'armée américaine. Cet avion à décollage vertical peut voler plus loin et plus vite que les hélicoptères actuels du Japon, permettant à ses troupes d'atteindre plus facilement les îles japonaises lointaines. Il s'agit aussi de moderniser quatre avions-chasseurs F-15, acheter de nouveaux systèmes antimissiles PAC-3 et des hélicoptères[42]. Les effectifs de l'armée seront également augmentés. Le gouvernement a également prévu des dépenses historiques dans la stratégie du Cool Japan afin de soutenir les exportations du secteur culturel japonais. Le gouvernement a ainsi décidé de réserver 9,5 milliards de yens (97 millions de dollars) du budget national afin de subventionner le doublage et le sous titrage des œuvres exportées. Il a également alloué 50 milliards de yens du budget de l'année fiscale courant du 1er avril 2012 au 31 mars 2013 afin de mettre en place un fond en collaboration avec le secteur privé. Ce fond appuiera la création de « centres commerciaux japonais » qui rassembleront des restaurants, des librairies et des boutiques vendant des vêtements japonais. Le programme vise à fournir un soutien à long terme par le gouvernement afin de financer des activités commerciales que les banques ne sont pas vraiment désireuses de financer parce que les profits à court terme ne peuvent pas être garantis[43].
La relance monétaire
Peu après son arrivée à la tête du pays, Shinzo Abe en menaçant l'indépendance de la Banque du Japon (BoJ)[44], a poussé le gouverneur de la banque centrale Masaaki Shirakawa à fixer un objectif d'inflation de 2% afin de lutter contre la déflation[45]. Il sera également poussé à ouvrir de manière plus importante les vannes monétaires via un dispositif amplifié de rachat d'actifs financiers, afin d'encourager les entreprises à investir et les particuliers à être plus enclin à la dépense. Ces rachats d'actifs financiers incluent également les obligations d'Etat. Le taux directeur sera maintenu au jour le jour dans la fourchette de 0 à 0,1% afin de permettre un accroissement de la masse monétaire. En conséquence de cette politique, le yen a chuté de plus de 15% face au dollar entre Novembre 2012 et Février 2013. Ce recul du yen a favorisé la Bourse de Tokyo, qui a bondi de plus de 30% sur la même période, dans l'espoir que la faiblesse de la monnaie relance les exportations du pays. En Mars, Shirakawa quittera la tête de la BoJ et Abe parviendra à imposer au poste de gouverneur Haruhiko Kuroda. Il est parvenu à imposer ce choix après plusieurs débats notamment avec Tarō Asō et d'autres membres du PLD qui recherchaient un candidat plus modéré[46]. Haruhiko Kuroda est considéré comme riche de l'experience acquise au ministère des Finances, puis comme président de la Banque asiatique de développement[47]. Pendant la crise asiatique de la fin des années 1990, il s'était vivement opposé aux politiques orthodoxes. Dès son arrivée à la tête de la BoJ le 19 Mars 2013, Haruhiko Kuroda a pris l'engagement d'inverser la déflation chronique du Japon, fixant un objectif d'inflation de 2%. Le 4 Avril, Haruhiko Kuroda est même parvenu à impressionner les investisseurs et les économistes . Il est allé bien plus loin que ce que les marchés anticipaient[48]. La BoJ a ainsi annoncé qu’elle comptait étendre la gamme et la quantité de ses achats d'obligations d'Etat. Elle va acquérir des titres à plus long terme, et augmenter par ailleurs la part des actifs plus risqués (fonds cotés et immobiliers), en visant un doublement du total acquis en deux ans. La BoJ a indiqué vouloir passer à une politique monétaire dont le but est d'élever la base monétaire de 60.000 à 70.000 milliards de yens par an (490 à 575 milliards d'euros), en plus d’un taux d'intérêt entre 0 et 0,1% au jour le jour, et ce afin de poursuivre l'assouplissement quantitatif. De la même façon, la BoJ a décidé d'augmenter ses achats de titres plus risqués comme les fonds cotés en Bourse (ETF) ainsi que les titres de fonds communs immobiliers japonais (J-REIT). Le rythme d'achat devrait s'élever d'environ 1.000 milliards de yens par an (8,2 milliards d'euros) pour les premiers et 30 milliards de yens par an (246 millions d'euros) pour les seconds. La BoJ s'engage aussi formellement à "poursuivre un assouplissement qualitatif et quantitatif dans le but d'atteindre un indice d'inflation de 2% aussi longtemps que nécessaire pour maintenir ce niveau-cible de façon stable". Ces décisions visent à faire baisser les taux d'intérêt sur les obligations à long terme et créer un contexte monétaire qui facilite les prêts d'argent aux particuliers et entreprises afin de les inciter à investir pour dynamiser l'activité. La position de Kuroda a accentué à la chute du yen par rapport au dollar (-30%) et à l'euro ce qui rend les produits japonais plus compétitifs. Les industriels ont même très largement salué cette politique. Parallèlement le Nikkei atteint des sommets (+57%) et retrouve ses niveaux d'avant la crise de 2008. Cette hausse des cours de Bourse améliore le portefeuille action des détenteurs et crée un effet de richesses immédiat permettant d'augmenter la consommation. De plus, plusieurs indicateurs avancés de la consommation et de l'investissement s'orientent positivement. Au cours du premier trimestre 2013, le Japon a connu une croissance de son PIB de 0,9% suivie au deuxième trimestre 2013 d'une croissance de 0,9%. Le Japon semble également progressivement sortir de la déflation. En Août 2013, l'inflation de base (qui comprend les produits pétroliers mais pas les produits alimentaires frais) sur un an a été de 0,8%. Si l'on exclut également les prix pétroliers, les prix à la consommation ont baissé de 0,1% en août, comme en juillet et après -0,2% en juin. La hausse des prix à la consommation est donc principalement du fait du renchérissement des coûts de l'énergie et de l'affaiblissement du yen, qui fait augmenter la facture des importations. On parle alors d'une inflation importée[49].
La stratégie de croissance à long terme
Shinzo Abe souligne qu'il faut un retour à une croissance durable. Mais pour cela, il faudra mettre en œuvre d'importantes réformes structurelles. Sous le gouvernement Abe, le Japon s'engage dans de multiples cadres de négociations d'accords de libre-échange. Le 25 mars, Tokyo avait convenu avec l'Union européenne d'engager officiellement des négociations pour un accord de libre-échange. L'objectif de cet accord est de parvenir à la libéralisation des biens, des services et des investissements. Outre la suppression des droits de douane, ce projet doit permettre de lever toutes les barrières non tarifaires et toucher aux questions liées à la réglementation, à la concurrence, au développement durable ainsi qu'aux marchés publics[50]. Le 15 Mars, Shinzo Abe annonçait la participation de l'archipel aux pourparlers sur le Trans-Pacific Strategic Economic Partnership[51], le TPP, un cadre réunissant plusieurs pays riverains du Pacifique et qui est une priorité du président américain Barack Obama. Ce traité recouvre une multitude du domaine (propriété intellectuelle, environnement, marchés publics, rôle des entreprises publiques, rôle des PME, mobilité des hommes et des capitaux, libéralisation des échanges, réglementations communes, la concurrence, les normes sanitaires...) et se veut comme le premier grand accord du 21e siècle. Cet accord réunit Brunei, Chili, Nouvelle-Zélande, Singapour, Australie, Malaisie, Pérou, États-Unis, Vietnam, Canada, Mexique. A propos de ces accords, M. Abe n'hésite pas à parler de "dernière chance" pour le Japon et rappelle qu'en 1949 le premier Livre blanc de l'après-guerre sur le commerce mentionnait que "l'indépendance économique ne peut même pas être une aspiration sans la promotion du commerce mondial". Si l'archipel "devait rester le seul refermé sur lui-même, nous n'aurions aucune perspective de croissance, a-t-il déclaré le 15 mars au moment de l'annonce sur le TPP. Les entreprises étrangères n'investiraient pas au Japon. Les talents ne s'y intéresseraient pas". Il s'agit également de rattraper le retard pris sur le voisin sud-coréen, dont les chaebols (conglomérats) concurrencent directement les géants japonais de l'automobile et de l'électronique. Séoul a déjà conclu des accords de libre-échange avec l'Union européenne et les Etats-Unis. Au demeurant, 36 % du commerce sud-coréen se fait dans le cadre de ces accords, contre 17 % pour celui du Japon. Le Japon fait son entrée officielle dans les négociations du TPP à partir de Juillet 2013. Le responsable des négociations pour le TPP est Akira Amari. Conscient des difficultés que rencontreront les agriculteurs japonais, Shinzo Abe a en même temps annoncé une réforme agraire visant à rendre l'agriculture plus intensive et productive au moyen notamment de la déréglementation. Le ministre de l'agriculture, Yoshimasa Hayashi a ainsi annoncé qu'il voulait soutenir l'agriculture en favorisant l'agrandissement des parcelles agricoles, de les rendre plus attractives pour les entrepreneurs[52]. Cependant, peu avant les élections pour la Chambre Haute en Juillet 2013, Abe a annoncé vouloir protéger le riz, le bœuf, les produits laitiers ainsi que le blé et le sucre des négociations. Mais au cours du sommet de l'APEC à Bali les 7 et 8 Octobre, les négociateurs japonais afin d'accélérer le processus de négociations ont proposé de renoncer à protéger ces secteurs. Les participants au sommet ont d'ailleurs été surpris par la forte volonté des négociateurs japonais à parvenir à un accord de haute qualité[53]. En raison de l'absence très critiquée de Barack Obama au sommet en raison de l'arrêt des activités gouvernementales fédérales de 2013 aux États-Unis, les craintes sur l'impossibilité de conclure les négociations avant la fin de l'année se sont accrues. Pour tenter d'accélérer les négociations, Shinzo Abe a décidé de proposer l'organisation d'un sommet supplémentaire des différents négociateurs du TPP à Tokyo afin de résoudre les problématiques autour de la propriété intellectuelle. Ce sommet vise à trouver un compromis entre la position des Etats-Unis souhaitant défendre les laboratoires pharmaceutiques américains et les pays émergents souhaitant utiliser les médicaments génériques. Ce sommet a finalement démarré le 24 Octobre[54] et durera une semaine.
Abe s'est aussi engagé dans un accord de libre échange entre la Corée du Sud, la Chine et le Japon dont les négociations ont débuté en Mars 2013. Le Japon est aussi engagé sur le front du Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP), un autre vaste accord de libre échange régional incluant tous les pays de l'ASEAN, la Chine, la Corée du Sud, le Japon, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Inde.
En Juin 2013, Shinzo Abe a révélé plusieurs mesures qu'il souhaitait mettre en place et qui font partie de sa "troisième flèche". En ce qui concerne le secteur de la santé, le gouvernement Abe a annoncé vouloir mettre en place une nouvelle législation visant à faciliter la vente de médicaments sur internet et afin que ceux ci soient validés plus rapidement[55]. Le gouvernement entend aussi soutenir le secteur de la médecine régénérative. C'est ainsi que le 19 Juillet, le ministère de la santé a donné son feu vert pour débuter les premiers essais cliniques mondiaux sur l'homme de médecine régénérative au moyen de cellules souches pluripotentes induites (iPS). Abe compte sur ce secteur de pointe alors que le Japon dépend beaucoup des marchés européens dans le secteur médical. En effet, les chercheurs japonais ont obtenu des résultats remarquables dans ce domaine avec par exemple Shinya Yamanaka qui a reçu en 2012 le prix Nobel de médecine pour ses recherches sur les cellules souches[56][57]. Le premier ministre a également annoncé la création de zones économiques spéciales attractives, de grande échelle (Tokyo, Nagoya, Osaka sont les premières villes qui font partie du projet). L'objectif est de dynamiser l'activité économique des villes sélectionnées ainsi que de les rendre plus attractives notamment en terme d'IDE. Pour ce faire, Abe a annoncé des mesures pour faciliter l'obtention d'un visa dans ces zones, la facilitation de l'accès au statut de résident permanent, le droit pour des médecins étrangers de travailler dans ces zones, un marché du travail très flexible, d'importantes mesures de déréglementations pour soutenir la création de start-up et l'implantation des entreprises étrangères, une forte réduction de l'impôt sur les sociétés, des subventions pour attirer les investissements étrangers, la construction de casinos, de salles de conférences et d'hôtels internationaux. Le gouvernement prévoit également d'aider les expatriés venant travailler dans ces zones afin qu'ils puissent se retrouver facilement au Japon sans pour autant maîtriser le japonais. L'industrie japonaise de pointe devrait aussi en profiter puisque le gouvernement souhaite par exemple autoriser les voitures sans conducteur et permettre aux robots d'interagir plus librement avec les humains. Abe a déclaré souhaiter faire de ces zones les "Shenzhen" du Japon : si ces mesures fonctionnent, elles seront étendues à tout le territoire[58]. Autre axe des mesures annoncées par Abe, celles visant à soutenir la féminisation de la population active. Afin de réduire les listes d'attente en garderies, le gouvernement encouragera la construction de garderies supplémentaires ou encore l'élargissement de garderies déjà existantes au moyen de subventions et de déréglementations. L'objectif est ainsi d'accueillir 200 000 enfants supplémentaires d'ici 2015 et encore 200 000 supplémentaires d'ici 2017. Parallèlement, le gouvernement subventionnera les entreprises qui permettent aux hommes et aux femmes de quitter leur emploi jusqu'à ce que leur enfant ait 3 ans. Actuellement, les employés ont le droit à un congé parental de 12 à 18 mois. Afin de s'assurer que ces personnes retournent au travail une fois le congé terminé, le gouvernement envisage la mise en place d'un autre fonds afin de les aider à récupérer leurs compétences professionnelles (formation continue). La taille des nouveaux fonds et le nombre de travailleurs qui pourront prendre des congés parentaux plus longs n'ont pas été fixé[59]. Shinzo Abe s'est également engagé à mener une réforme du secteur agricole, une déréglementation du secteur énergétique ainsi qu'une flexibilisation du marché du travail. Il a également expliqué qu'il ferait tout pour augmenter le nombre de touristes au Japon (jusqu'à 20 millions de touristes par an) ainsi qu'à soutenir l'ouverture des universités japonaises sur l'étranger, une amélioration de l'enseignement de l'anglais[60][61][62]. Cependant, face à l'explication de cette troisième flèche, la Bourse de Tokyo a baissé de 3,84 % en raison d'un manque de détails : les économistes et les investisseurs craignent que ces annonces ne soient pas suivies de faits[63]. Face à ces critiques, Shinzo Abe a souligné qu'il avait bien l'intention de mener à bien ces réformes à partir de la session de la Diète s'ouvrant le 15 octobre 2013. Il a également promis un autre train de réformes structurelles.
Le session de la Diète de 150 jours qui s'est achevée le 26 juin 2013 était la dernière session parlementaire divisée pour le gouvernement Abe dont la coalition n'avait pas la majorité absolue à la chambre haute. En conséquence, les partis d'opposition, alors même que les élections pour la chambre haute allaient démarrer, ont bloqué quatre réformes majeures du gouvernement et émis une motion de censure contre le Premier ministre qui ne sera pas adoptée[64]. Parmi ces réformes, il y avait le renforcement des sanctions contre ceux percevant illégalement des prestations sociales et le premier volet de la réforme énergétique validée par le gouvernement le 2 avril[65]. Cette réforme énergétique prévoyait en l'occurrence la séparation des activités de production énergétique et les opérations de transmission avec pour objectifs la création d'un réseau national et la déréglementation des prix de l'électricité et ainsi casser les monopoles régionaux. Selon ce projet, en 2015 un réseau électrique national sera instauré permettant aux monopoles régionaux de distribuer au-delà de leurs territoires sous la supervision d'un organisme indépendant. Dans un second temps, en 2016, sera mise en place la libéralisation des tarifs de l'électricité pour les ménages en cassant le monopole exercé par les dix entreprises régionales. Enfin, en 2018 aura lieu la séparation des opérations de transmission et de distribution qui devrait permettre l'entrée de nouveaux acteurs sur le marché énergétique[66]. Le gouvernement prévoyait de faire adopter la première étape du projet par la Diète mais c'était sans compter sur l'opposition, comprenant le PDJ qui avait pourtant soutenu la réforme à la chambre basse[67].
Le 15 octobre, la session extraordinaire de la Diète a été ouverte sur le discours de Shinzo Abe, fort de la majorité absolue dans les deux chambres. Ce dernier avait déclaré devant les deux chambres de la Diète qu'il souhaitait ouvrir « le Parlement qui réalise la stratégie de croissance. Les trois années à venir seront celles d'une mobilisation générale pour la réforme du système fiscal, du budget, des finances et de la régulation. Ce que nous avons à faire est clair. Jusqu'à présent il y a eu plein de stratégies de croissance, mais la différence se trouve dans la mise en oeuvre. Les mots ne suffisent plus. Sans exécution des réformes, il n'y a pas de croissance possible. Ce Parlement doit être celui qui pose le problème de la mise en oeuvre de la stratégie de croissance ». Il n'a pas non plus hésité à comparer sa volonté de mener des réformes à celle des dirigeants de l'ère Meiji au XIXe siècle : « Sous la pression des Occidentaux, il a fallu affronter tous les problèmes en même temps. Nous aussi, aujourd'hui, nous devons simultanément faire face au redressement économique, à l'assainissement des finances et à la réforme de l'assurance sociale. Ce qui compte, c'est la puissance de la volonté. Les gens de l'ère Meiji l'avaient, il n'y a pas de raison que nous ne l'ayons pas »[68]
La consolidation budgétaire, quatrième flèche ?
Le 8 Août 2013, Shinzo Abe a annoncé vouloir réduire les dépenses publiques de 62 milliards d'euros lors des deux années budgétaires suivantes, jusqu'en mars 2016[69]. Le projet annoncé par le gouvernement confirme la volonté des autorités japonaises de réduire de moitié le déficit public entre mars 2011 et mars 2016 – hors paiement du service de la dette. Les autorités prévoient notamment de réduire les dépenses publiques de 8 000 milliards de yens (62 milliards d'euros) entre avril 2014 et mars 2016. Cela représente, en moyenne, une réduction des dépenses d'un peu plus de 4 % par an. Le détail des mesures n'a alors pas été annoncé[70]. Par ailleurs, quelques jours auparavant, le 6 Août, le Conseil National sur la Réforme de la Sécurité Sociale a remis un rapport au gouvernement proposant d'augmenter les contributions des personnes âgées et des salariés à hauts revenus ainsi que plusieurs autres réformes afin de rendre le système plus soutenable. Le projet vise à augmenter les contributions des patients âgés de 70 à 74 ans dans les hôpitaux à 20% des couts médicaux totaux contre alors 10%. Pour les salariés à haut revenu, le projet prévoit une hausse des paiements directs des services de soins infirmiers qui étaient alors fixés à 10% des couts totaux. Sont également prévus un impôt sur leur revenu de retraite et sur leurs primes d'assurance santé. Le projet propose que les contributions pour les services de soins médicaux couteux soient augmentés pour les hauts revenus et abaissés pour les patients à faibles revenus. De plus, les primes d'assurances santé seront réduites pour les personnes à faible revenu âgées de 65 ans et plus[71]. Autre axe de mesures présentées dans le rapport du conseil national sur la réforme de la sécurité sociale présidé par le président de l'université de Keio, Atsushi Seike, est comment réformer les systèmes fournissant des services de soins médicaux et infirmiers. La division du travail entre les hôpitaux japonais n'est pas claire et de nombreux lits d'hospitalisés sont réservés aux personnes dans un état critique comme par exemple des personnes ayant besoin d'une chirurgie et des traitements après coups. Ils ont quelques lits pour les patients qui ont besoin d'une réadaptation, d'une aide au retour à une vie normale à domicile ou d'autres besoins communs aux personnes âgées. Le Conseil a la tâche d'élaborer des mesures concrètes afin de mieux aligner les fonctions des hôpitaux et des lits d'hospitalisés sur les besoins d'une société de plus en plus âgée et de créer des cadres de coopération afin que les patients âgés qui ne sont plus dans un état critique puissent être transférés chez eux dès que possible. Le gouvernement avait déjà tenté d'aider les hôpitaux à mieux coordonner l'utilisation de leurs lits d'hospitalisés en contrôlant les frais des services médicaux. Mais environs 80% des hôpitaux sont privés et ils ont tendance à prendre des décisions axées sur les bénéfices. Ainsi, la situation n'a pas évolué. Le Conseil a conclu que le contrôle des frais des services médicaux a des effets limités. Il a présenté un plan visant à créer un fond à l'aide de l'augmentation de la TVA afin de verser des subventions aux régions ou l'on s'efforce d'harmoniser l'utilisation des lits d'hôpitaux et ou l'on approfondit la coopération entre les exploitants de soins de services médicaux et infirmiers. Il sera toujours question pour le gouvernement de contrôler les frais des services médicaux. Le Conseil a également préconisé de transférer la responsabilité du régime national d'assurance maladie aux préfectures et non aux municipalités comme c'était alors le cas afin de couvrir des zones plus larges. Mais les gouvernements préfectoraux se sont montrés plutôt réticents à l'idée de prendre la responsabilité d'un régime qui reste dans le rouge. Les fonds qui seront financés en augmentant la charge financière sur les associations d'assurance maladie des grandes compagnies afin de venir en aide médicalement aux personnes âgées sont vus comme une source prometteuse permettant de couvrir les déficits. Environs 230 milliards de yens par an devraient être trouvés de cette façon. En changeant le régime afin que la charge financière soit décidée selon le revenu, le cout pour les petites et moyennes entreprises sera plus faible et les dépenses du gouvernement dans ce domaine pourront être réduites[72]. Le gouvernement a validé ces mesures le 21 Août afin de les faire adopter par la Diète[73].
Le 1er Octobre, après plusieurs débats quant à sa pertinence en période de sortie de crise, Shinzo Abe a pris la décision historique de valider la hausse de la TVA qui passera en Avril 2014 de 5% à 8% puis en 2015 à 10%. Il s'agit de la première hausse de la TVA en 15 ans[74]. Le premier ministre a décidé de confirmer cette hausse qui avait été présenté à la Diète par son prédécesseur démocrate Yoshihiko Noda en 2012 à la suite d'une croissance soutenue du PIB japonais depuis le début de l'année ainsi que de la publication de l'indice Tankan montrant que les grandes entreprises n'ont jamais été aussi optimistes depuis six ans[75]. Pour minimiser les risques qu'une hausse de la TVA ne pèse sur la croissance économique, Shinzo Abe a annoncé un plan de relance de 5.000 milliards de yens (37,6 milliards d'euros) qui comprendra des dépenses publiques en vue de la préparation des Jeux olympiques d'été de 2020 ainsi que des aide fiscales à ceux qui veulent acheter une maison, une baisse temporaire de l'impôt sur le revenu ainsi qu'une légère réduction de l'impôt sur les sociétés. La hausse de la TVA est censée augmenter les recettes fiscales de l'Etat de 8.000 milliards de yens par an[76].
L'obtention des Jeux olympiques d'été de 2020
Shinzo Abe s'est distingué par son rôle actif pour l'obtention par Tokyo des Jeux olympiques d'été de 2020 et ce d'autant plus que son grand père, Nobusuke Kishi avait lui même œuvré pour l'attribution des Jeux Olympiques d'été de 1964 à Tokyo lorsqu'il était premier ministre. Shinzo Abe a ainsi quitté le sommet du G20 le Vendredi 6 Septembre pour arriver à Buenos Aires afin de soutenir la candidature de Tokyo devant les membres du CIO[77]. Il a alors assuré, pour balayer toutes possibilités de rejeter la candidature de Tokyo en raison des problèmes de fuite d'eau contaminée à Fukushima, que "Fukushima n'a jamais causé et ne causera jamais de dégâts à Tokyo". "Permettez-moi de vous assurer que la situation est sous contrôle". Il a précisé que "Il est de notoriété publique que les normes sanitaires au Japon en matière d'eau et d'alimentation sont les plus sévères du monde". "Il n'y a aucun problème de santé que nous n'ayons détecté et il n'y en aura pas." "Aujourd'hui sous le ciel bleu de Fukushima, des enfants jouent au ballon et regardent vers l'avenir, pas vers le passé"[78]. Abe n'était pas le seul présent pour soutenir Tokyo puisque pour la première fois de l'histoire du pays, un membre de la famille impériale a pris la parole publiquement face au CIO. En effet, la princesse Hisako Norihito de Takamado était présente et a même présenté un discours aux membres du CIO[79]. Shinzo Abe avait même annoncé le 4 Septembre des mesures pour régler les problèmes de fuite d'eau à Fukushima. Une enveloppe de 360 millions d’euros a été prévue. Les deux tiers de l’argent public nouvellement investi devraient servir à créer un « mur de glace » en sous-sol afin d’isoler les eaux contaminées sous la centrale des nappes souterraines. La réalisation de cette muraille prendra néanmoins deux ans. Le reste sera alloué à la mise en place de moyens supplémentaires de décontamination de l’eau stockée dans des réservoirs dont la fiabilité est douteuse[80]. Finalement, Tokyo a été élu ville hôte des jeux Olympiques d'été 2020 par les membres du Comité international olympique (CIO) au détriment d'Istanbul et Madrid le 6 Septembre. Elle a devancé Istanbul au deuxième tour avec 60 voix contre 36. Suite à la victoire de Tokyo, la popularité de Shinzo Abe a de nouveau augmenté.
La politique étrangère
Les Etats-Unis et le "pivot" vers l'Asie-Pacifique
Dès le 22 février 2013, Shinzo Abe rencontre le président américain Barack Obama qui venait d'être réélu à la Maison-Blanche. Ce sommet fut l'occasion pour Abe de renforcer les relations entre Tokyo et Washington qui auraient été mises à mal selon lui par ses prédécesseurs du PDJ. Avant son arrivée à Washington, Abe avait multiplié les initiatives dans le but de prendre un bon départ avec les États-Unis : le Japon signera bien le traité de la Haye[81], la réglementation concernant l'importation de bœuf américain a été réduite, le Japon se réarmera aux cotés de Washington. À propos du sujet sensible qu'est le déménagement de la base militaire américaine de Futenma, Obama et Abe ont convenu qu'il fallait aller de l'avant en appliquant le plan déjà existant et qui consiste à déplacer la base militaire du centre de Ginowan à une zone rurale peu peuplée dans le nord d'Okinawa[82]. Abe et Obama ont confirmé l'importance de la coopération entre les deux pays en vue de mettre en œuvre des sanctions plus sévères et efficaces à l'encontre de la Corée du Nord.
Obama a quant à lui salué les efforts fournis par Abe en vue de régler le problème des japonais enlevés par la Corée du Nord à la fin des années 1970. Il a également présenté ses condoléances pour les 10 Japonais tués lors de la prise d'otages d'In Amenas en Algérie par des terroristes islamistes. Il s'est engagé à renforcer la coopération bilatérale dans la lutte contre le terrorisme. En ce qui concerne la participation du Japon au traité de la Haye, réclamée par les États Unis depuis des années, Abe a expliqué que les lois relatives au traité seront adoptées en mai 2013. Face à la Corée du Nord qui a réussit son troisième essai nucléaire le 12 février, Abe et Obama se sont mis d'accord sur leur « détermination à mettre en œuvre des mesures énergiques en réponse aux provocations nord-coréennes »[83]. Par rapport au TPP, dans un communiqué publié après une réunion entre Obama et Abe, les deux pays ont réaffirmé que « tous les biens seraient sujets à négociations si le Japon rejoint les discussions avec les Etats-Unis et dix autres pays ». Le communiqué envisage la possibilité pour les États-Unis de maintenir leurs droits de douane sur les automobiles japonaises et pour le Japon de continuer à protéger le secteur du riz. Ce communiqué, bien que de moindre portée lors des négociations autour du TPP, il a permis à Shinzo Abe d'accélérer le processus en vue de faire entrer le Japon dans les négociations en créant un certain consensus au sein de sa coalition[84]. Un enjeu d'autant plus important que les États-Unis étaient en train d'opérer la stratégie de « pivot » vers l'Asie orientale[85]. Mais Washington avait besoin que ses alliés en Asie soient assez puissants. C'est d'ailleurs notamment pour pouvoir venir en aide à un de ses alliés (comme les États-Unis) qu'Abe a soutenu l'idée de l'autodéfense collective. Dans le cadre d'un changement de l'interprétation officielle de l'article 9 de la Constitution japonaise, le Japon pourrait agir pour défendre un de ses alliés. À cette fin, Abe a mis en place un comité consultatif du gouvernement afin d'étudier des situations spécifiques dans lesquelles le Japon pourrait agir pour défendre un de ses alliés[86].
Shinzo Abe s'est également rendu le 27 septembre au New York Stock Exchange à Wall Street pour promouvoir ses Abenomics auprès des investisseurs américains. Abe a alors comparé le Japon à Gordon Gekko, le requin de la finance interprété, en 1987, par Michael Douglas dans le film Wall Street. « Je suis venu vous dire que le Japon va redevenir un pays où on peut faire de l'argent. À l'instar du retour de Gordon Gekko dans le monde de la finance 23 ans après, nous pouvons proclamer que le Japon est de retour »[87].
De son côté, Barack Obama, afin d'approfondir plus encore les relations entre le Japon et les États-Unis a nommé Caroline Kennedy ambassadrice au Japon le 24 juillet 2013. Cette proche du président américain est aussi la fille de John Fitzgerald Kennedy qui avait impulsé une amélioration des relations avec le Japon dans les années 1960[88]. Le 18 mai, le département de l'Énergie des États-Unis a pour la première fois autorisé les exportations de gaz de schiste vers le Japon. Shinzo Abe avait déjà demandé à Barack Obama s'il était possible que le Japon importe le gaz de schiste américain au cours du sommet du 22 février[89].
Le 3 octobre, John Kerry et Chuck Hagel, les responsables américains de la diplomatie et de la défense ont rencontré leurs homologues japonais Fumio Kishida et Itsunori Onodera pour une réunion « 2 + 2 », la première se déroulant au Japon. John Kerry et Fumio Kishida ont rappelé que le document régissant la coopération militaire bilatérale n'avait pas été révisé depuis 1997 alors que la situation géopolitique mondiale avait beaucoup évolué depuis. Il était donc nécessaire de revoir l'alliance nippo-américaine et de l'approfondir dans plusieurs domaines, notamment l'espace, le cyberespace, l'accroissement de défense avec des missiles balistiques ou encore les menaces représentées par la Corée du Nord et la Chine. Les deux pays ont décidé d'installer au centre du Japon un second radar de défense contre les missiles balistiques. Ils se sont également mis d'accord sur le départ d'environ 5 000 soldats américains stationnés sur l'île d'Okinawa après 2020. Ce redéploiement sera financièrement pris en charge par le Japon à hauteur de 3,1 milliards de dollars, sur les plus de 8 milliards qu’il devrait coûter. A aussi été décidé, le déploiement, pour la première fois au Japon, de deux à trois drones d'observation Global Hawk. Washington va également déployer au Japon des avions d'observation maritime P-8 Poséidon dès décembre 2013 (une première hors des Etats-Unis) et de chasseurs F-35 à partir de 2017. Il a aussi été convenu de remplacer, à Okinawa, les hélicoptères CH-46 par des MV22 Ospreys. Washington a également soutenu le Japon face à la Chine concernant les îles Senkaku en rappelant que ces îles entraient dans le cadre de l'alliance nippo-américaine[90].
Cependant, début Juin un scandale d'ampleur historique touches les Etats-Unis : le scandale lié aux révélations de Edward Snowden sur la National Security Agency (NSA). Le 30 Juin, la The Guardian révèle que 38 pays sont des cibles à espionner en priorité, parmi lesquels le Japon, la Corée du Sud, l'Inde, la Turquie, la France, l'Allemagne ou encore l'Italie. Ainsi, les ambassades et missions diplomatiques japonaises seraient espionnées par la NSA[91]. Selon Yoshihide Suga, le Japon a émis une protestation officielle par voie diplomatique pour demander des explications sur le fait que le Japon soit considéré comme "cible" prioritaire par la NSA. Le 9 Juillet, Edward Snowden révèle l'existence du programme "Five Eyes",ou cinq yeux, incluant le Royaume-Uni, l'Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis. Cette alliance secrète formée après la Deuxième Guerre mondiale est basée sur le partage de renseignements et la décision commune de ne pas s'espionner mutuellement. Ainsi, le Japon, pays allié des Etats-Unis a été sujet à des programmes de surveillance américains. Le 1er Novembre, un officiel américain a expliqué à la NHK que des stations de collecte de renseignements sont situées dans les bases militaires américaines au Japon[92]. Fin Octobre, les médias japonais ont également révélé qu'en 2011, la NSA a demandé au Japon de l'aider à surveiller des câbles à fibres optiques transportant des données personnelles à travers la région Asie-Pacifique. Il se serait agi d'une tentative d'espionner la Chine. Mais le gouvernement japonais a refusé la demande[93]. Pourtant, le gouvernement Abe, souhaitant renforcer l'alliance avec les Etats-Unis, n'a pas vraiment critiqué les révélations concernant la NSA[94]. De plus, un comité gouvernemental, présidé par Shinzo Abe, a même proposé la mise en place de l'équivalent de la NSA au Japon[95]. Mais le 30 Octobre, le Corriere della Serra a révélé que les Etats-Unis ont espionné des appels téléphoniques à travers le monde, y compris au Japon[96]. Yoshihide Suga a déclaré que le gouvernement a toujours pris des mesures contre les écoutes téléphoniques et qu'il continuera d'en prendre[97].
Un semblant de Guerre froide avec la Chine
Le 10 Septembre 2012, le gouvernement Yoshihiko Noda (PDJ) a annoncé la nationalisation de trois des îlots de l’archipel des Senkaku, qui appartenaient à des propriétaires japonais privés pour 2,05 milliards de yen (21 millions d'euros). Cette nationalisation par le gouvernement fait suite à la tentative du gouverneur de Tokyo, Shintarō Ishihara, de rattacher les ilots Senkaku à la préfecture de Tokyo[98]. Cette initiative a été vivement critiqué par la Chine. Cette dernière a immédiatement convoqué l'ambassadeur japonais à Pékin, Uichiro Niwa, et dépêché sur place deux navires de l'agence de Surveillance maritime, l'une des forces paramilitaires régulièrement envoyée en première ligne sur les multiples points chauds qui sont l'objet de contentieux territoriaux entre la Chine et ses voisins asiatiques[99]. En réponse, le 11 Septembre, les gardes-côtes japonais ont envoyé des patrouilleurs autour des Senkaku. Le 14 Septembre, six navires de reconnaissance chinois ont pénétré dans les eaux japonaises à proximité des Senkaku[100]. Les garde-côtes japonais ont alors donné l'ordre aux navires chinois de quitter les lieux. Ils n'ont pas eu recours de la force[101].
A partir du 15 Septembre, des manifestations anti-japonaises ont eu lieu dans 80 villes chinoises. Plusieurs rassemblements ont tourné à l’émeute : des magasins japonais ont été saccagés par des manifestants et des voitures de marque japonaise ont été vandalisées[102]. Les manifestations ont pris une plus grande ampleur le 18 Septembre, anniversaire de l'incident de Mukden. Des centaines d'entreprises et de restaurants japonais ont mis leurs employés en congé par précaution. L'ambassade du Japon à Pékin était protégée par six rangées de policiers anti-émeute et des barrières métalliques de deux mètres de haut. L'ambassade s'est faite attaquée par les manifestants qui lui ont jeté des bouteilles d'eau en plastique et des oeufs. Quelques échauffourées ont eu lieu entre manifestants et forces de l'ordre[103]. Parmi les slogans, "Allez la Chine!" "La Chine ne sera plus jamais humiliée", "A bas l'impérialisme japonais", "Vive la République populaire de Chine"[104]. Le 22 Septembre, près de 800 Japonais se sont pour la première fois rassemblés à Tokyo et ont défilé pacifiquement non loin de l'ambassade de Chine, pour dénoncer la Chine comme un «Etat brutal et fasciste»[105]. Le 26 Septembre, Yang Jiechi, ministre chinois des affaires étrangères, et son homologue japonais Koichiro Gemba se sont rencontrés dans la soirée pendant une heure à l'ONU à New York pour évoquer la crise en mer de Chine orientale. Le Japon a refusé de revenir sur sa décision de nationaliser les Senkaku et la Chine a accusé Tokyo de "violation flagrante de l'intégrité chinoise"[106]. Koichiro Gemba a révélé qu'il avait appelé la Chine à faire preuve de retenue et a qualifié l'ambiance de la rencontre de "sombre"[107]. Le même jour, Yang Jiechi a accusé à l'ONU le Japon d'avoir volé à la Chine les îles Senkaku. "Le Japon a volé ces îles en 1895, vers la fin de la guerre sino-japonaise et a forcé le gouvernement chinois à signer un traité inégal pour lui céder ces territoires". Il a ajouté que ces îles font "partie intégrante du territoire chinois depuis l'antiquité". En réponse, Yoshihiko Noda a déclaré à la tribune de l'ONU qu'il n'y avait "pas de compromis" possible avec la Chine sur la souveraineté des îles Senkaku. Il a également demandé l'arrêt des attaques contre les intérêts japonais en Chine[108]. Le 27 Septembre, la Chine a qualifié "d'obstiné" le premier ministre japonais, Yoshihiko Noda[109]. Le 24 Septembre 2012, la presse chinoise a célébré le lancement du premier porte-avions chinois, le Liaoning [110].
En conséquence de toutes ces violences en Chine contre les entreprises japonaises, ces dernières pensent de plus en plus à quitter un territoire chinois où l'instabilité et les risques deviendraient trop élevés au profit des pays de l'ASEAN. Dans le même temps, la Bourse de Shanghai s'est effondrée. Le Japon est en effet l'un des principaux investisseurs étrangers en Chine devant les Etats-Unis et l'Union européenne[111].
La Chine a boycotté le 10 Octobre le sommet du FMI à Tokyo. En effet, le gouverneur de la Banque centrale chinoise ne s'est pas rendu au sommet. Ce désistement fait suite à l’annulation de la participation des quatre grandes banques nationales chinoises la semaine d'avant[112]. Le 16 Octobre, sept navires de guerre chinois se sont approchés à moins de 50 kilomètres de l’île d’Okinawa. Parmi ces navires, il y avait deux frégates, deux destroyers, deux navires de secours pour sous-marin et d’un navire de ravitaillement[113]. Le même jour, quatre clients japonais d'un restaurant de Shanghai ont été agressés par un groupe de Chinois ce qui a poussé l'ambassade du Japon a réitérer ses appels à la prudence[114]. La veille, Shinzo Abe, alors leader de l'opposition du PLD, avait rencontré le vice-secrétaire d’Etat américain William Burns et avait déclaré que « le Japon ne cédera jamais un centimètre de territoire à la Chine ». Depuis le début des tensions entre les deux pays, les forces japonaises d'autodéfense patrouillent constamment autour des Senkaku à l'aide d'avions P-3C et des destroyers ont été déployés au delà de leur zone habituelle.
Le 13 décembre, un avion chinois de modèle Harbin Y-12 survole l'île Uotsuri, ce qui est qualifié d'« extrêmement regrettable » par les autorités japonaises mais de « parfaitement normal » par les autorités chinoises[115]. Huit chasseurs F-15 japonais sont alors dépêchés sur place, sans incident à déplorer[115]. D'après le ministère japonais de la Défense, il s'agit de la première violation de l'espace aérien japonais par un avion chinois[115].
Le jour même de la victoire du PLD aux élections législatives le 16 Décembre, Shinzo Abe a déclaré : «La Chine conteste le fait que (ces îles) sont une partie inhérente du territoire japonais. Notre objectif est de mettre fin à cette revendication». Il a toutefois déclaré : «Nous n’avons pas l’intention de détériorer les relations entre le Japon et la Chine»[116]. Le 25 Janvier 2013, Shinzo Abe envoie en Chine le président du Nouveau Kōmeitō, Natsuo Yamaguchi, remettre une lettre du premier ministre au futur président chinois, Xi Jinping afin d'apaiser les relations entre les deux pays. Mais le 29 Janvier, Shinzo Abe a annoncé la mise en place d’une force navale spéciale de douze navires et 600 hommes pour surveiller la région maritime des îles Senkaku[117]. Le même jour, Shinzo Abe a annoncé une hausse du budget de la défense de 0,8%. Ce budget n'avait pas connu de hausse depuis 2002. La hausse est certes modeste, notamment par rapport à celle que connaît le budget de la défense chinois, habitué aux taux de croissance à deux chiffres. Néanmoins, elle marque un tournant dans la politique de défense japonaise[118].
Le 28 Janvier, Shinzo Abe, dans son premier discours de politique générale devant la Diète a promis de protéger l'intégrité territoriale du Japon, tout en renforçant ses liens avec les Etats-Unis. Il a refusé d’admettre l’existence d’un contentieux territorial avec la Chine. En février, il n'a pas hésité à faire référence à Margaret Thatcher qui s'est montrée ferme dans la Guerre des Malouines[119].
Parallèlement, les incursions de bateaux chinois dans les eaux territoriales japonaises se poursuivent. Le 7 Janvier, quatre navires de surveillance maritime chinois sont entrés dans les eaux territoriales japonaises. Les 30 janvier et 4 février 2013, de nouvelles incursions de navires chinois dans les eaux territoriales de l'archipel sont repérées[120]. On apprend quelques jours plus tard que le 30 janvier, l'un des navires chinois a pointé un radar généralement utilisé pour aider au guidage de missile en direction d'un bâtiment de la marine japonaise[121]. Kyodo révèle le 18 mars que des responsables militaires chinois auraient reconnu qu'une frégate chinoise avait verrouillé son radar de tir sur un destroyer japonais[122]. Le 1er avril, trois navires chinois entrent de nouveau dans les eaux territoriales disputées[123].
Le 14 Mars 2013, Xi Jinping a été désigné président par l'Assemblée nationale populaire chinoise. Le 16 Mars, il nomme son gouvernement. Wang Yi, ancien ambassadeur au Japon de 2004 à 2007, en charge depuis 2008 des relations avec Taïwan, a été nommé ministre des affaires étrangères en remplacement de Yang Jiechi, lui-même promu au Conseil des affaires d'Etat[124].
Le 18 Mars 2013, le Japon a fait part de sa préoccupation à la France après la vente à la marine chinoise de matériel militaire français. En effet, la Chine va utiliser des systèmes d’appontage français d’hélicoptères sans assistance, sur ses navires de surveillance[125].
Le 23 avril, ce sont huit navires de surveillance maritime chinois qui pénètrent la zone de 12 milles entourant ces îles, un nombre record depuis leur rachat[126]. Au même moment, 168 parlementaires - un record depuis les années 1980 - se sont rendus les 22 et 23 avril au sanctuaire Yasukuni, qui honore les morts japonais au combat, mais également des dirigeants nippons reconnus coupables de crimes de guerre. Shinzo Abe ne s'y est pas rendu mais il a fait une offrande au sanctuaire[127]. Le même jour, Shinzo Abe , évoquant la déclaration Murayama, a affirmé au Parlement que « la définition de ce qui constitue une invasion doit encore être établie par le monde universitaire ou la communauté internationale ». « Les événements survenus entre les nations diffèrent selon le côté que vous choisissez pour les observer », avait-il ajouté. Ces propos aux accents négationnistes ont vivement fait réagir la Chine et la Corée du Sud[128]. Le 28 Avril, pour la première fois de l'histoire du Japon, a été célébré la fin de l'occupation américaine au Japon. Shinzo Abe a pour l'occasion déclaré "Nous avons la responsabilité de faire du Japon une nation forte et déterminée, à laquelle les autres pays du monde peuvent se fier"[129]. Le Quotidien du Peuple a dénoncé une "résurgence du militarisme japonais". De plus, la Chine a indiqué qu'elle ne participerait pas au sommet tripartite Chine-Corée-Japon prévu en mai qui sera annulé[130]. Shinzo Abe a promis devant la Diète qu'il prendrait une "action décisive" en cas de débarquement de Chinois sur les îles Senkaku.
Le 8 mai, le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste chinois, soutient que Pékin pourrait être fondé à faire valoir des droits sur l'archipel des Ryükyü, dont Okinawa constitue l'île principale. Cet article a été vivement critiqué par les autorités japonaises, le gouverneur de la préfecture d'Okinawa Hirokazu Nakaima ainsi que les habitants d'Okinawa[131]
Le 14 mai, le ministère japonais de la défense a annoncé avoir repéré un bâtiment de type sous-marin à proximité des eaux territoriales d'une des îles d'Okinawa. Le gouvernement n'a toutefois pas voulu confirmer les informations des médias selon lesquelles il s'agirait d'un sous-marin chinois[132]. Shinzo Abe a alors menacé qu'une intervention militaire pourrait être déclenchée si des sous-marins étrangers pénétraient dans les eaux territoriales de l'archipel[133].
Le 19 Juin, au cours d'une visite à Londres après la sommet du G8, Shinzo Abe s'est déclaré prêt, devant la presse internationale, à négocier avec la Chine pour apaiser les tensions[134]. Le mercredi 26 Juin, la Chine a critiqué le nouveau livre blanc de la défense japonais. Le livre blanc indique que le manque de transparence de la Chine concernant ses affaires militaires et de sécurité constituait une « préoccupation » pour la région et la communauté internationale. Le ministère de la défense juge dans ce livre blanc important d’augmenter la capacité des Forces japonaises d'autodéfense à dépêcher des troupes dans des régions reculées et de mener des manoeuvres militaires conjointes avec les Etats-Unis pour que les Forces japonaises d'autodéfense se préparent à reconquérir toute île reculée qui serait perdue. La Chine a répondu qu'elle "suit une voie de développement pacifique et poursuit une politique de défense nationale de nature défensive"[135]. Le 1er juillet, quatre bateaux chinois pénètrent vers 5 h dans la zone de douze milles marins entourant les îles, et la quitte à 13 h, alors qu'un navire de recherche marine, Discoverer2, enregistré aux Bahamas, pénètre pour la troisième fois de l'année dans la zone économique exclusive de 200 milles marins[136].
Le 26 Juillet, quatre navires des garde-côtes chinois ont patrouillé autour des Senkaku. C'est la première fois que la Chine dépêche des bâtiments appartenant à cette unité. Ils quitteront la zone au bout de trois heures [137]. Le ministère de la défense a parallèlement estimé, le même jour, que le Japon devait se doter de drones de surveillance maritime et d'unités amphibies pour protéger ses îles lointaines[138]. Shinzo Abe a dépêché à Pékin le vice-ministre japonais des Affaires étrangères, Akitaka Saiki afin de tenter de désamorcer les tensions entre les deux pays, le 31 Juillet 2013. Il a rencontré Wang Yi et Liu Zhemin, respectivement ministre et vice-ministre chinois des Affaires étrangères. Cependant, la Chine conditionne l'organisation d'un sommet entre Shinzo Abe et Xi Jinping à des "gestes concrets", à savoir le reconnaissance par le Japon d'un conflit territorial autour des Senkaku.
Le 6 août a eu lieu l'inauguration du premier porte-hélicoptères japonais. L'Izumo est le plus gros navire construit par le Japon depuis la seconde guerre mondiale. L'Izumo porte en outre le nom d'un croiseur ayant participé à la guerre contre la Chine dans les années 1930... Avec son pont d'envol de 248 mètres et ses aménagements, il pourrait accueillir des avions à décollage vertical comme le chasseur F35 ou encore l'appareil de transport à rotor pivotant SV-22 Osprey[139]. En réponse, la Chine a envoyé le 7 août 2013 quatre navires des gardes-côtes chinois qui ont pénétré dans les eaux territoriales japonaises[140]. Le 8 août, la présence prolongée de navires gouvernementaux chinois dans les eaux territoriales de l'archipel des Senkaku provoque de nouvelles tensions avec une protestation officielle du Japon envers la Chine[141]. Les quatre navires quittent les eaux territoriales vers midi après une présence de 27 heures, ce qui constitue la plus longue période de rotation de la flotte chinoise dans la zone[142].
Dans le même temps, cette escalade des tensions entre la Chine et le Japon a influencé la perception des Japonais et des Chinois : 92,8 % des Japonais ont une impression mauvaise, ou relativement mauvaise de la Chine, et 90,1 % des Chinois se prononcent de la même manière vis-à-vis des Japonais, selon le sondage annuel réalisé par le quotidien chinois anglophone China Daily et l'institut japonais Genron NPO. Les pires résultats depuis la création de ce sondage[143].
Le 15 août, Shinzo Abe a créé une première en n'évoquant pas les souffrances infligées par le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. Il n'a mentionné dans son discours à l'occasion du 68e anniversaire de la capitulation japonaise, aucun regret vis à vis des actes commis par le Japon dans les années 1930 et 1940. Il a revanche rendu hommage hommage aux victimes du conflit et a appelé à la paix : " Je n'oublierai jamais le fait que la paix et la prospérité dont nous jouissons actuellement découlent du sacrifice de vos vies", a-t-il déclaré à l'adresse des Japonais disparus pendant la guerre du Pacifique. De plus, pour l'occasion, en plus de deux membres du gouvernement, 90 parlementaires japonais se sont rendus au Yasukuni[144]. Le gouvernement chinois a aussitôt convoqué l'ambassadeur du Japon pour lui faire part de la protestation officielle de la Chine[145]. Le lendemain, une nouvelle incursion de quatre navires de gardes-côtes chinois a eu lieu[146]. Le 27 août, une nouvelle incursion a eu lieu, au lendemain d'un discours de mise en garde du Japon envers la Chine[147].
Début Septembre, le ministère de la défense par le biais de Itsunori Onodera a demandé une hausse du budget militaire japonais de 3%[148]. Cette hausse doit permettre de financer, à hauteur de près d’un milliard d’euros, la mise sur pied une unité amphibie, à l’image du Corps des Marines des États-Unis[149]. Cette hausse vise aussi à permettre l'achat de V-22 Ospreys ainsi qu'à installer en permanence une batterie antimissile PAC-3 (Patriot) à Tokyo. La hausse a aussi pour objet la création d'une nouvelle unité de détection avancée avec des avions de type AWACS. Cette nouvelle unité sera affectée au sud de l'archipel. Le ministère de la défense prévoit aussi de financer des recherches, à hauteur de 30 millions d’euros, concernant la détection des chasseurs furtifs comme les J-20 et J-31 chinois. La marine japonaise devrait aussi commander 3 nouveaux navires, dont un destroyer, et un sous-marin à propulsion classique et un bâtiment de sauvetage pour les submersibles[150]. De plus, le budget de la cyberdéfense devrait être porté à 184 millions d’euros. Parallèlement, les autorités japonaises ont proposé à la Chine la mise en place d'une ligne directe de militaire à militaire afin d'éviter tout incident. Il s'agit d'une sorte de "téléphone rouge" comme celui qui avait été installé entre les Etats-Unis et l'URSS durant la Guerre froide[151].
Le 6 Septembre, en marge du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, Shinzo Abe et Xi Jinping ont pu pour la première fois se rencontrer en tête-à-tête. Selon Yoshihide Suga, porte-parole du gouvernement, Shinzo Abe a expliqué à Xi Jinping qu'il faudrait développer les relations nippo-chinoises en revenant aux relations stratégiques mutuellement bénéfiques d'avant la montée des tensions territoriales en mer de Chine orientale[152]. Après la victoire de Tokyo qui a obtenu l'organisation des Jeux Olympiques de 2020, la Chine s'est abstenue de féliciter le Japon. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Hong Lei a simplement déclaré le Lundi 9 Septembre : "Nous avons noté la décision du Comité international olympique"[153]. Le lendemain, le 10 Septembre, un groupe de bateaux gouvernementaux chinois est entré dans les eaux territoriales des îles Senkaku. Les garde-côtes japonais ont expliqué que sept navires de leurs homologues chinois étaient entrés vers 10H30 dans la limite de 12 milles nautiques (22 km) entourant cet archipel. Un huitième navire chinois les a rejoints quelques heures plus tard, puis quatre d'entre eux ont quitté les eaux territoriales vers 16H00 tout en restant à proximité, laissant les quatre autres dans les eaux territoriales[154]. Selon Xinhua, cette flottille représentait la 59e «patrouille» de navires chinois dans cette zone depuis le 11 septembre 2012[155]. L'ambassadeur de Chine au Japon a été convoqué au ministère japonais des Affaires étrangères[156]. Yoshihide Suga a alors déclaré «Nous protégerons nos terres, notre espace aérien et nos mers à tout prix»[157]. De plus, il a expliqué que l'installation de fonctionnaires sur les îles Senkaku était une option envisagée par le gouvernement[158].
Le 6 Octobre, avant le sommet de l'APEC, le ministre des affaires étrangères Fumio Kishida ainsi que John Kerry et Julie Bishop, la ministre australienne des affaires étrangères ont publié un communiqué commun critiquant les tentatives chinoises, prises unilatéralement, afin de rompre le statu quo par la force en mer de Chine. La Chine a vivement critiqué ce communiqué[159]. Au cours du sommet de l'APEC de 2013 à Bali qui s'est tenu du 7 Octobre au 8 Octobre, Shinzo Abe et Xi Jinping se sont rencontrés une deuxième fois. Ils auraient échangé une poignée de main sans parler du conflit territorial[160].
Le jeudi 18 Octobre, à l'occasion du Festival d'Automne, Shinzo Abe a fait don d'un objet rituel au Yasukuni. Cependant, le ministre des affaires intérieures Yoshitaka Shindō, tout comme 160 parlementaires, s'est rendu au sanctuaire. Immédiatement, l'ambassadeur du Japon à Pékin a été convoqué par les autorités chinoises. Shindo a déclaré : "J'effectue ce pèlerinage à titre privé. Je pleure les personnes qui ont perdu la vie dans la guerre et prie pour la paix"[161][162]. Le 20 Octobre, un deuxième ministre se rend au Yasukuni. Il s'agit de Keiji Furuya, ministre chargé de la question des Japonais enlevés par la Corée du Nord. Il a alors déclaré : "C'est un devoir pour les parlementaires (…) d'exprimer leurs condoléances à ceux qui ont sacrifié leur vie pour leur pays" avant d'ajouter qu'il n'avait "aucune intention d'irriter les pays voisins"[163].
Le 26 Octobre, Shinzo Abe, dans un entretient au Wall Street Journal, s'est dit prêt à durcir sa position face à la Chine, au cas où elle menacerait d'user de la force pour atteindre ses objectifs diplomatiques dans la région. Il a déclaré qu'il s'était rendu compte, au cours de ses dernières rencontres avec des dirigeants de la région, qu'ils comptaient sur le Japon pour mener une offensive diplomatique contre une stratégie chinoise jugée de plus en plus brutale. "Certains craignent que la Chine tente de changer le statu quo par la force, sans respecter la primauté du droit. Mais si la Chine choisit cette voie, alors elle ne pourra pas s'en sortir de façon pacifique"[164]. Le ministère de la défense chinois a en réponse conseillé à Tokyo de "ne pas sous-estimer la résolution de l'armée chinoise et sa détermination à protéger la souveraineté territoriale de la Chine"[165]. Les 25 et 26 Octobre, le Japon a déployé des avions de combat pendant 48 heures en réponse aux vols de quatre appareils militaires chinois au-dessus des eaux internationales autour de l'archipel d'Okinawa, proche des Senkaku. Les appareils chinois ont volé de la mer de Chine orientale jusqu'à l'océan Pacifique, aller et retour, mais ils ne sont pas entrés dans l'espace territorial japonais [166].
Le lendemain, le 27 octobre, au cours du traditionnel passage en revue des troupes à Asaka, Shinzo Abe a évoqué une révision de la stratégie de défense du Japon alors que, selon lui, l’environnement géopolitique du Japon est de plus en plus difficile. "Les membres des forces d’autodéfense doivent abandonner l’idée selon laquelle les exercices quotidiens les protégeraient de toute menace, et que la simple existence des forces d’autodéfense serait dissuasive". Le ministre chinois de la Défense a en réponse déclaré : "Si le Japon fait ce qu’il dit et renforce ses mesures de défense en autorisant des tirs sur des avions, c’est une provocation sérieuse, c’est un acte de guerre"[167]. Le 28 Octobre, quatre bateaux chinois ont pénétré dans les eaux qui entourent les Senkaku. Selon les garde-côtes japonais, les quatre navires des garde-côtes chinois sont entrés vers 10H00 du matin. Ils en sont repartis un peu moins de deux heures plus tard[168]. Le lendemain, le 29 octobre, le ministre de la défense Itsunori Onodera a déclaré que les incursions de navires chinois autour des Senkaku menaçaient la paix. "Je pense que les intrusions de la Chine dans les eaux territoriales, autour des îles Senkaku constituent une zone grise" entre "temps de paix et situation d'urgence"[169].
Ces provocations ont lieu alors même qu'à partir du 1er novembre et ce jusqu'au 18 novembre, le Japon organise d'importantes manœuvres aéro-navales. 34 000 hommes, des destroyers et des avions de chasse participent à ces manœuvres, qui comprendront également des exercices de débarquement sur Okidaitōjima, à 400 km au sud-est de la principale île méridionale d’Okinawa[170].
La rapprochement avec la Russie
Peu après son retour au pouvoir en mars 2012, Poutine a déclaré qu'il était possible de "restituer au Japonais deux des quatre îles Kouriles revendiquées"[171]. Du 28 au 30 Avril a eu lieu la première visite officielle en dix ans d'un chef du gouvernement japonais en Russie : Shinzo Abe a été reçu par Vladimir Poutine à Moscou. Juste avant le sommet, Abe a déclaré qu'il avait l'intention de relancer les négociations interrompues sur le problème territorial des Îles Kouriles[172]. Au cours du sommet, Abe a de plus été accompagné par une centaine de leaders du monde des affaires japonais. Il s'agissait de la délégation la plus importante de toute l'histoire des visites à Moscou[173]. Shinzo Abe a déclaré qu'il était anormal qu'il n'y ait toujours pas de traité de paix entre le Japon et la Russie[174]. Au cours de la rencontre entre Poutine et Abe, les deux pays ont annoncé leur volonté de conclure un accord de paix[175]. Ils ont dans ce but décidé de reprendre les négociations autour des îles Kouriles afin de trouver une solution mutuellement acceptable[176]. Les deux dirigeants ont également critiqué le comportement de la Corée du Nord et ont appelé à la poursuite des efforts pour reprendre les pourparlers à six[177]. Les deux pays ont dans le même temps signé un accord de coopération et d’échange d’informations entre les services de renseignement financier chargés des problèmes de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme[178]. Au cours du sommet, le Japon et la Russie ont signé un accord de coopération économique, notamment dans l’extrême orient russe et la Sibérie orientale. Il a également été question d'échanges sur le développement des infrastructures, de l’agriculture, de l’industrie médicale et des technologies environnementales. La Russie a promis d'attirer les investisseurs japonais sur son territoire en leur proposant des conditions des plus confortables[179][180]. Poutine a également annoncé que Gazprom était prêt à aider le Japon dans toutes nouvelles constructions destinées à ses importations gazières, enjeu extrêmement important alors que le Japon est le premier importateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL) et qu'il cherche depuis l'accident nucléaire de Fukushima à diversifier ses importations d'hydrocarbures et à réduire leur coût[181]. Shinzo Abe et Vladimir Poutine ont signé une déclaration commune, comprenant 53 points ainsi que nombre d’accords intergouvernementaux et de contrats importants[182].
Shinzo Abe et Vladimir Poutine se sont rencontrés une deuxième fois, en marge du sommet du G8 le 17 Juin. Ils se sont entendus pour que les gouvernements des deux pays tiennent des négociations au niveau vice-ministériel sur le différend territorial. Ils se sont mis d'accord pour que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se rende au Japon en Automne 2013 afin d'avancer les négociations[183].
Au cours du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, le 5 Septembre, Shinzo Abe et Vladimir Poutine se sont une troisième rencontrés pour évoquer les relations économiques bilatérales et la conclusion d'un traité de paix entre les deux pays. Ils se sont entendus sur la tenue de consultations réunissant les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des deux pays, c'est à dire sur l'organisation du premier sommet "2+2" entre les deux pays. Les deux dirigeants se sont également mis d'accord sur une participation élargie des entreprises japonaises à la mise en place d'usines de liquéfaction de gaz naturel, à la construction de raffineries de pétrole et à la modernisation de gazoducs en Russie[184]. Les deux dirigeants se sont de plus mis d'accord sur le respect du principe en vigueur au judo du "hikiwake", c'est à dire pas de gagnant, pas de perdant afin de résoudre le contentieux territorial des îles Kouriles.
Le 10 Septembre, Shinzo Abe s'est prononcé en faveur de la proposition russe de placer sous contrôle international les armes chimiques de Syrie[185].
Le 7 Octobre, Shinzo Abe et Vladimir Poutine se sont rencontrés pour la quatrième fois de l'année en marge du sommet de l'APEC à Bali. Vladimir Poutine a rappelé que la "formule japonaise" pas de vainqueur, pas de vaincu" serait la meilleure base philosophique pour régler le problème des îles Kouriles[186]. Poutine s'est même montré optimiste et a déclaré que la Russie pourrait signer un Traité de paix avec le Japon[187].
Le samedi 2 Novembre, au cours de l'historique sommet "2+2", les ministres de la Défense et des Affaires étrangères du Japon et de la Russie ont convenu de renforcer leur coopération bilatérale dans le domaine de la sécurité, et notamment d'organiser des manoeuvres militaires communes pour lutter contre le terrorisme et la piraterie maritime. Fumio Kishida, ministre des affaires étrangères et Istunori Onodera, ministre de la défense ont rencontré leurs homologues russes Sergueï Lavrov, et Sergueï Shoigu, à Tokyo. Ils se sont mis d'accord pour mener des exercices conjoints entre les Forces japonaises d'autodéfense et la marine russe pour l'entraînement à la lutte contre les terroristes et les pirates. Ils ont également convenu de tenir des discussions de travail pour répondre aux cyberattaques tout en accélérant les autres discussions sur la sécurité et la défense, y compris avec des rencontres de niveau ministériel. Les deux pays ont également convenu de tenir des consultations supplémentaires sur la défense antimissile américaine au Japon. Ils ont également entamé des discussions pour mettre en place un régime sans visas pour les voyages de court séjour[188][189][190]. Les deux pays ont de plus annoncé l'organisation au début de l'année 2014 (fin janvier, début février) d'une rencontre au niveau des vice-ministres des Affaires étrangères dans l'espoir de faire des progrès sur la question de souveraineté des îles Kouriles. Il a été prévu que Fumio Kishida se rendra en Russie en Printemps 2014[191].
Accord historique avec la République de Chine (Taïwan)
Le , 81 chalutiers taïwanais accompagnés d'une dizaine de patrouilleurs des garde-côtes taïwanais se sont rendus au large des îles Senkaku-Diaoyu, dans le but affirmé de défendre, face au Japon, la souveraineté de la République de Chine (Taïwan) sur ces îles ainsi que les droits de pêche de Taiwan dans la zone[192]. S'en est ensuivit un accrochage avec les garde-côtes japonais, qui ont fait usage de canons à eau[193]. Le président de la République de Chine (Taïwan) Ma Ying-jeou a apporté un soutien sans réserve à cette action, ont indiqué ses services dans un communiqué[194]. Le Japon a déposé officiellement une protestation auprès de Taïwan[195].
Cependant, le Japon et Taïwan sont parvenus le 10 avril 2013 à conclure un accord historique sur les droits de pêche dont il était question depuis de longues années. Officiellement, l'accord a été signé par l’Association japonaise pour les échanges (Kôryû kyôkai) et l’Association taïwanaise pour les relations en Asie de l’Est. Shinzo Abe avait alors souhaité empêcher la Chine et Taïwan de s’unir contre le Japon sur la question des Senkaku. L'accord signé entre les deux pays définit les droits respectifs du Japon et de Taïwan en matière de pêche dans une zone de 74 000 km2 située au sud du 27e parallèle nord , autour des Senkaku, à l’exclusion toutefois des eaux territoriales entourant les dites îles dans un rayon de 12 milles marins. Plus précisément, il définit les zones où les Japonais et les Taïwanais sont autorisés à pêcher en toute liberté et met en place une zone spéciale où les bateaux taïwanais conformes aux règles stipulées par l’accord ne seront plus contrôlés par les autorités japonaises. Cette zone spéciale est bien plus large que celle définie provisoirement par Taïwan en 2003. L'accord crée également la Commission commune des pêches du Japon et de Taïwan par laquelle toutes les négociations futures se feront[196]. Cependant, cet accord ne résout pas les questions de souveraineté territoriale[197].
Un pragmatisme vis à vis de la Corée du Nord
A la surprise de la Corée du Sud, des Etats-Unis et de la Chine, Shinzo Abe a envoyé, de manière unilatérale son conseiller, Isao Ijima à Pyongyang. Isao Ijima avait déjà organisé les deux sommets de Jun'ichirō Koizumi avec Kim Jong-il en Corée du Nord en 2002 et en 2004. Isao Ijima est resté toute la semaine à Pyongyang[198]. Le lendemain, le 15 mai, Shinzo Abe s'est dit favorable un sommet sous condition avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un. Shinzo Abe a ainsi expliqué devant la chambre haute : «Si un sommet est considéré comme un moyen important de travailler à la résolution du problème des kidnappés, nous devons naturellement le prendre en compte dans nos négociations avec les Nord-Coréens». D'après Toshio Miyatsuka, de l'Université de Yamanashi, la visite de M. Iijima «constitue probablement un travail d'approche visant à relancer des pourparlers, au moment où la Corée du Nord recherche d'autres interlocuteurs compte tenu de la sévérité accrue de la Chine à son égard»[199]. Cette décision unilatérale a été vivement critiqué par la Corée du Sud qui a qualifié cette mesure d"inutile" et de menace pour le front uni qu'il serait nécessaire d'afficher face à Pyongyang. En réponse, Akira Amari a déclaré que "le Japon a une affaire extrêmement importante (à régler), qui ne relève pas de l'intérêt des autres pays" en faisant référence aux japonais enlevés dans les années 1970 par la Corée du Nord[200]. Cependant, malgré cette ouverture, face aux provocations de la Corée du Nord, Shinzo Abe s'est montré très ferme. Après le troisième essai nucléaire de la Corée du Nord le 12 février, Shinzo Abe et Barack Obama se sont mis d'accord le 22 février à Washington pour mener "des actes forts" contre la Corée du Nord. "Nous ne pouvons pas tolérer les actes de la Corée du Nord, comme le lancement de missiles et un essai nucléaire", a affirmé M. Abe. Le 7 mars 2013, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté la résolution proposée par Washington et Tokyo : les sanctions contre la Corée du Nord sont alors étendues. Ces sanctions visent à tarir les sources de financement utilisées par la Corée du Nord pour nourrir ses ambitions militaires et balistiques. De plus, la résolution met sous surveillance les diplomates nord-coréens et élargit une liste noire de particuliers et d'entreprises soumis à des gels d'avoirs ou à des interdictions de voyager. Elle définit aussi plus précisément une série de produits de luxe que les dignitaires du régime communiste ne seront pas autorisés à se procurer, et rend obligatoires des inspections de cargaisons suspectes en provenance ou à destination de la Corée du Nord[201]. Ces sanctions ainsi que le déploiement par le Japon de son bouclier antimissile en prévision d'en éventuel tir nord-coréen avec notamment l'installation missiles Patriot au centre et autour de Tokyo ainsi que le déploiement en mer du Japon des destroyers équipés du système radar Aegis et de moyens d'interception, ont conduit la Corée du Nord à menacer de plonger le Japon "dans des flammes nucléaires", le 12 Avril[202].
L'ASEAN : enjeu stratégique
Shinzo Abe a effectué son premier voyage à l'étranger du 16 au 18 janvier 2013 au Vietnam, en Thaïlande et en Indonésie. Au Vietnam, Shinzo Abe et Nguyễn Tấn Dũng se sont mis d'accord sur un accord de développement de la coopération dans le domaine des infrastructures, tels les projets de constructions nucléaires et d’autoroutes, et celui des investissements commerciaux, par exemple pour l’exploitation des terres rares. Face à la Chine, le Japon et le Vietnam ont affirmé que « tous les conflits et différends territoriaux doivent être résolus par des négociations pacifiques sur la base du droit international » et donc qu'ils sont opposés "à toute modification de la situation actuelle par la force"[203]. En Thaïlande, le 17 Janvier, Shinzo Abe a rencontré la première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra. Les deux dirigeants se sont mis d'accord sur la participation des entreprises japonaises aux projets d’infrastructures comme ceux de traitement des eaux en Thaïlande, du train à grande vitesse, ainsi que le projet de développement de la zone économique spéciale de Dawei en Birmanie. Le 18 Janvier, Shinzo Abe a rencontré le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono. Les deux pays se sont mis d'accord sur l'approfondissement des relations sur le plan économique, politique et militaire. Shinzo Abe a également obtenu plusieurs contrats sur le plan des projets d'infrastructures. Au cours de ces trois voyages, Shinzo Abe s'est déplacé avec une centaine de chefs d'entreprises[204]. Mais avant ce voyage de Shinzo Abe, le 3 janvier, le vice-Premier Ministre Tarō Asō s’était rendu en Birmanie. Il y avait rencontré le président Thein Sein à qui il a réitéré l’intention du Japon d’abandonner une partie de la dette de 500 milliards de yens que la Birmanie a envers le Japon, et à qui il a confirmé la volonté du Japon d’aider au développement de la Zone Économique Spéciale de Thilawa. De plus, entre le 9 et le 14 janvier, le ministre des Affaires Étrangères Fumio Kishida avait effectué une visite aux Philippines, à Singapour et en Australie. Il s'est également rendu au Brunei. Le Quotidien du Peuple en Chine et le Dong-a Ilbo en Corée du Sud ont qualifié ces sommets de « tentative d’encerclement de la Chine ». Du 24 au 26 mai, Shinzo Abe s'est rendu en Birmanie pour une visite historique dans ce pays en train de se dégager de décennies de dictature militaire et tentant de s'écarter de l'influence chinoise dans laquelle il était tombé en raison des sanctions des pays développés. Shinzo Abe a rencontré le président birman, Thein Sein, ainsi que Aung San Suu Kyi, figure de proue de l'opposition. Shinzo Abe a confirmé confirmé l'annulation de la dette birmane (2,9 milliards de dollars, soit 2,24 milliards d'euros) et s'est engagé à financer pour un demi-milliard de dollars des projets en infrastructures dont la création de la zone industrielle et portuaire de Thilawa, à 25 km au sud de Rangoun. Le projet, auquel le Japon doit en outre fournir une assistance de 2 milliards de dollars pour l'approvisionnement en eau, devrait être opérationnel dès 2015[205]. Depuis la levée des sanctions pesant sur la Birmanie, les investisseurs se ruent vers la Birmanie et les investisseurs japonais sont en meilleure position[206]. Encouragées par les initiatives de Abe et l'émergence de la classe moyenne dans les pays de l'ASEAN, les entreprises japonaises avaient dépensé entre Janvier et Juillet 2013 plus de 8,2 milliards de dollars dans la région pour des fusions et acquisitions, un nouveau record pour une année. Parmi ces opérations, Mitsubishi UFJ a annoncé l'acquisition de 75% de son homologue thaïlandaise Bank of Ayudhya pour 5,6 milliards de dollars, tandis que Sumitomo Mitsui Banking dévoilait son intention d'acheter 40% de l'indonésienne PT Bank Tabungan Pensiunan Nasional pour 1,5 milliard de dollars. Les entreprises japonaises ont parallèlement réalisé des investissements productifs dans la région. Toyota a ainsi dépensé 230 millions de dollars pour bâtir une deuxième usine de moteurs en Indonésie. En mars 2013, Toyota avait déjà inauguré une deuxième usine d'assemblage de voitures en Indonésie[207]. Le 25 Juillet, Shinzo Abe s'est rendu en Malaisie ou il a rencontré le premier ministre Najib Razak afin de s'entretenir sur des questions de sécurité en Mer de Chine ainsi que sur la question du Trans-Pacific Strategic Economic Partnership. A Singapour, le 26 Juillet, Shinzo Abe a rencontré le premier ministre Lee Hsien Loong ainsi que le président Tony Tan Keng Yam. Les deux pays ont entamé des négociations pour renforcer l'accord sur les services aériens. Le Japon participera également avec Singapour à la création d'une zone industrielle à Chennai. Aux Philippines, le 27 Juillet, Shinzo Abe a rencontré le président Benigno Aquino III. Il a transféré dix patrouilleurs maritimes des garde côtes à la marine des Philippines au titre de la lutte anti-piraterie grâce à l'assouplissement des trois principes qui encadrent strictement les exportations d'armes au Japon[208]. Le 1er Octobre, un groupe d'experts conseillant Shinzo Abe a proposé de soutenir l'apprentissage de la langue japonaise dans les pays de l'ASEAN[209] en augmentant le nombre d'enseignants de japonais à un moment ou de plus en plus d'étudiants décident d'apprendre le japonais dans la région[210]. Le groupe d'experts a également proposé de coopérer avec les entreprises locales afin de créer des opportunités sur le marché du travail pour ceux qui ont étudié le japonais. Dans le même temps, le gouvernement doit soutenir la diffusion de la culture japonaise dans la région notamment au moyen de l'exportation de drama (Japon), de Jpop, d'émissions télévisées, de films, d'anime, de mangas et de la mode japonaise[211].
Le tournant des relations nippo-africaines
Le 1er Juin 2013, la 5ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD V) s'est ouverte à Yokohama ou Shinzo Abe a accueilli 40 dirigeants africains. Le sommet s'est terminé le 3 Juin 2013 avec la déclaration de Yokohama 2013. Selon Pascal Canfin, le ministre chargé du développement, ce sommet a été l'occasion pour le Japon de montrer qu'il avait les moyens de rivaliser sur le continent africain "aujourd'hui mondialisé" face à la Chine ou encore l'Inde et la Corée du Sud. Pour la première fois depuis sa création, la TICAD a été coorganisé avec la Commission de l'Union africaine, signe que le forum n'est plus unilatéral. Le Japon a pris plusieurs engagements, essentiellement sur les investissements des entreprises, très demandés par les pays africains représentés. Le Japon a annoncé le doublement, à 10, du nombre de bureaux africains de l'Organisation japonaise du commerce extérieur (Jetro), 20 milliards de dollars pour garantir les opérations engagées par les entreprises japonaises, et la multiplication des partenariats public-privé. Ces dernières annonces complètent celles dévoilées à l'ouverture de la Ticad. Shinzo Abe avait souligné "l'importance de l'autosuffisance et de l'indépendance d'une part, de la croissance d'autre part" et promis 32 milliards de dollars d'aide pour les cinq prochaines années, dont 14 milliards de dollars d'aide publique au développement. En plus de ce montant, le Japon investira 6,5 milliards de dollars dans les projets d'infrastructure dont le manque coûte, selon le président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, "deux points de croissance par an au continent africain". Le Japon financera des formations de techniciens locaux, qui devraient être recrutés par des entreprises japonaises implantées en Afrique. Ces entreprises emploient déjà 200 000 personnes et il est prévu que ce chiffre double en cinq ans. Le Japon s'est par ailleurs engagé à soutenir le secteur agricole pour qu'il atteigne 6 % de croissance et que la production de riz soit doublée d'ici à 2018. Le Japon va aussi octroyer 100 milliards de yens (765 millions d'euros) pour la stabilisation du Sahel. Cette somme ira à l'éducation, à la santé, à l'aide alimentaire et à la formation de 2 000 Africains dans le domaine de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme. Cette décision n'est pas sans rapport avec la prise d'otages d'In Amenas au cours de laquelle 10 japonais ont perdu la vie, ce qui a choqué l'opinion publiques japonaise[212].
Selon le professeur Sadaharu Kataoka, de l'université de Waseda, ce sommet "est un tournant des relations nippo-africaines. Le message axé sur une relation gagnant-gagnant est clairement mis en avant. Il est beaucoup plus fort qu'à la Ticad IV de 2008"[213].
Idéologie
Bien que Shinzō Abe ait, jusqu'à son élection à la tête du PLD en 2006, joué l'ambiguïté politique sur ses intentions réelles, il vise dans ses projets, à mettre en avant le concept d'« intérêt national », à amarrer solidement la défense du Japon à l'appareil militaire américain en développant une armée offensive et à récrire la Constitution pacifique de 1947, en la dénonçant comme « un acte de contrition du vaincu envers les vainqueurs » et estimant que ce texte fondamental doit « être élaboré de nos mains ». Il se dit partisan « d'un gouvernement qui aura du muscle ». Le 12 mars 2013, Shinzō Abe a déclaré lors d'une session de la Commission du Budget de la Chambre des Représentants que « l'appréciation de la Seconde Guerre mondiale n'a pas été formée par les Japonais eux-mêmes, mais par la coalition des vainqueurs, et c'est seulement par leur jugement que des Japonais ont été condamnés »[214].
Les positions de Shinzō Abe sont souvent critiquées par certains observateurs de la vie politique japonaise comme étant contradictoires : alors qu'il souhaite un rapprochement politique et militaire avec les États-Unis, il ne cesse de critiquer les changements politiques et sociaux que la défaite de 1945, le régime d'après-guerre et l'alliance avec les États-Unis ont apportés[215]. Un critique conservateur, Nishibe Susumu, lui reproche ainsi de « vouloir protéger la culture japonaise en faisant du Japon le 51e État de l'Amérique »[216].
Shinzō Abe est un membre actif de l'Union politique shintō (神道政治連盟, Shintō Seiji Renmei ), dite Shinseiren (神政連 ), le bras politique de la Jinja Honchō, l'Association des sanctuaires shintō, qui voudrait voir reconnus à nouveau le caractère national et civique de la religion shintō ainsi que le caractère sacré de l'empereur, abolis lors de l'occupation américaine de 1945. C'est dans cet esprit que son premier gouvernement a fait voter en 2006 des modifications importantes à la Loi fondamentale pour l'éducation afin de pouvoir introduire l'enseignement du patriotisme, le salut au drapeau (hinomaru) et le chant de l'hymne national (kimigayo) dans les écoles[217]. Abe considère qu'il est normal que le premier ministre du Japon aille rendre hommage aux morts honorés au sanctuaire Yasukuni même s'il s'en est abstenu lorsqu'il était à la tête du gouvernement[218].
En , Abe est critiqué par des représentants des groupes de défense des victimes de la Seconde Guerre mondiale pour ses déclarations révisionnistes controversées sur l'implication de l'armée impériale japonaise dans le dossier des femmes de réconfort[219]. Le révisionnisme d'Abe[220] a rendu la question des femmes de réconfort plus connue internationalement qu'elle ne l'était auparavant, quand elle était cantonnée à des débats entre le Japon et les pays voisins. Ainsi, par exemple, les parlements européen, néerlandais et canadien ont émis des déclarations encourageant le Japon à faire face à son passé[221].
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- http://fr.ria.ru/world/20130905/199219905.html
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- «Nouvel incident au large des îles Senkaku-Diaoyu », Le Nouvel Observateur, le 25 septembre 2012
- «Le président taïwanais soutient la flottille entrée dans les eaux japonaises », Romandie, le 25 septembre 2012
- Archipel Senkaku-Diaoyu : Taïwan veut elle aussi "défendre l’honneur chinois", France 24 25/09/2012.
- http://www.nippon.com/fr/currents/d00081/#note01
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- http://abonnes.lemonde.fr/japon/article/2013/06/03/japon-afrique-entrer-dans-une-relation-gagnant-gagnant_3422979_1492975.html
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- Tokyo Trials war crimes convictions were victors' justice: PM Abe, Mainichi Shimbun 13/3/2013.
- Voir, par exemple, M. Penney, Abe and History - The Kobayashi Yoshinori Interview, Japan Focus 3/6/2013.
- Nishibe Susumu, “Seiron,” Sankei shimbun, 5 Septembre 2006, cité par Gavan McCormack, Abe Days Are Here Again: Japan in the World, The Asia-Pacific Journal, Vol. 10, 52, No. 1, 24 Décembre 2012
- M.R. Mullins, Secularization, Deprivatization and the Reappearance of 'Public Religion' in Japanese Society, Journal of Religion in Japan 1 (2012), p. 61-82.
- M. Penney, Abe and History - The Kobayashi Yoshinori Interview, Japan Focus 3/6/2013.
- (en) « Japan's Abe: no proof of WW II sex war slaves », Washington Post, ; voir aussi T. Morris-Suzuki, "Out With Human Rights, In With Government-Authored History: The Comfort Women and the Hashimoto Prescription for a ‘New Japan,’" The Asia-Pacific Journal, Vol 10, Issue 36, No. 1, 3 Septembre, 2012.
- Pour une étude détaillée, voir M. Narusawa, "Abe Shinzo: Japan’s New Prime Minister a Far-Right Denier of History, The Asia-Pacific Journal, 11, 1, 1 (14 janvier 2012).
- Gavan McCormack, Abe Days Are Here Again: Japan in the World, The Asia-Pacific Journal, Vol. 10, 52, No. 1, 24 Décembre 2012.
Annexes
Articles connexes
- Gouvernement Koizumi III
- Gouvernement Abe I
- Gouvernement Abe II
- Élections à la chambre des conseillers du Japon de 2007
- Élections législatives japonaises de 2012
- Abenomics