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Cirta

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Cirta est une cité antique berbère numide qui correspond au cœur historique de la ville de Constantine en Algérie. Dès le IIIe siècle av. J.-C. capitale des Numides massæssyles elle est conquise en 203 av. J.-C. par leurs rivaux les Numides massyles menés par Massinissa qui en fait la capitale du royaume de Numidie. Plus tard lors de la conquête romaine elle devient la capitale de la province romaine de Numidia cirtensis. Au IVe siècle, restaurée par l'empereur Constantin, elle prend le nom de Constantina, et devient la capitale de la province de Numidia Constantina et le siège d'un consul romain.

Selon Gabriel Camps, le nom aurait une origine punique, même si la ville n'a pas été fondée par les Phéniciens[1]. Cependant, sur des monnaies de Cirta, à légendes néopuniques et datées du IIe siècle av. J.-C., on lit « KRTN » (Kirthan) avec un kaph§ 5-2">[2]. Or, le terme phénicien QRT (Qart) débute par un qoph§ 5-2">[2]. Dès lors, il faut plutôt attribuer à ce nom une origine libyque§ 5-2">[2]. Selon une autre hypothèse, le nom de Cirta proviendrait du nom berbère « tissirt » (meule), vu l'abondance de la culture du blé dans la région[3].

La Numidie en 220 av. J.-C. ; partagée entre les zones d'influences massæsyles et massyles

La région de Cirta a été très tôt occupée par l’homme puisqu’une importante série de galets aménagés d’âge villafranchien a été trouvée sur le plateau de Mansourah. La première mention de Cirta remonte au IIIe siècle av. J.-C. ; elle est la capitale du roi massaesyle Syphax.

Après la mort du roi Gaïa, Syphax s'en empare avec l'appui des Carthaginois. Il y règne aux côtés de son épouse, Sophonisbe, jusqu'en 203 av. J.-C., date à laquelle il est vaincu par l'armée romaine de Scipion l'Africain et capturé par le roi massyle Massinissa, le fils de Gaïa. Ce dernier en fait sa capitale, et Cirta est embellie par les souverains numides qui s’y succèdent.

Mosaïque du triomphe de Neptune et son épouse Amphitrite, trouvée à Cirta en 1845 (Louvre, Ma 1880).

Ce dernier, ménage son alliance avec Rome. Durant son long règne et celui de ses successeurs, principalement Micipsa (148 – 117), Cirta, de façon similaire aux grandes cités hellénistiques, prospère et acquiert un embellissement architectural. La ville était ceinte de remparts et depuis Syphax, Cirta disposait d’un palais occupé et embelli par ses successeurs et Micipsa y ajoute de beaux édifices.

Les revenus sont tirés des ventes de céréales dont la Numidie, à l’instar de l’Africa, commence à être productrice et exportatrice. La frappe régulière de monnaies, certes en bronze, en est l’illustration. À la fin du IIe siècle av. J.-C. Cirta aurait même eu une autonomie monétaire avec des magistrats ordonnant les émissions : leurs noms, BDMLQRT et HNA, figurent sur les monnaies.

L’ouverture au monde méditerranéen en Numidie et dans la capitale Cirta amène de nombreux étrangers qui font de la cité une ville cosmopolite. Les souverains numides ont été les propagateurs de la langue punique dans leur royaume au point que la société de Cirta est profondément punicisée. Cirta est une ville influencée par la culture punico-grecque[4].

La victoire de César à Thapsus en février 46 av. J.-C. est déterminante : la Numidie est annexée et Cirta est léguée au « condottiere » campanien Publius Sittius, en reconnaissance de son appui décisif. Avec Rusicade (Skikda), Chullu (Collo) et Milève (Mila), Cirta forme une principauté autonome : la Colonia Cirta Sittianorum. Incorporée à l'Afrique nouvelle (Africa Nova), elle devient la Colonia Iulia Cirta Iuvenalis Honos Virtus. Au IIe siècle, la cité de Cirta a un statut atypique : une confédération de cités et de villes moyennes est regroupée autour d’elle pour former la Respublica IV coloniarum cirtensium. Cirta conserve le trésor commun et gère les autres villes par l’entremise de préfets. Après la réforme dioclétienne, la confédération cesse d’être active, et la ville conserve sa prééminence en devenant capitale de la Numidie du Nord (Numidie cirtéenne).

Pillée au début du IVe siècle lors d'un conflit entre deux hauts fonctionnaires romains, Cirta est reconstruite par Constantin Ier, qui en fait la capitale de la Numidie sous le nom de Civitas Constantina Cirtensium. Sous les Romains, Cirta prend le nom de Cirta Régina et abrite la résidence du gouverneur de la province, le dux. Le site particulièrement bien défendu sur trois côtés par les gorges du Rhummel, a été continuellement habité depuis l’Antiquité. Elle fut le lieu d'un concile en 412.

La ville de Constantine est bâtie sur ce même site, ce qui explique le peu de vestiges puniques et numides laissés par cette cité par rapport à d’autres sites algériens. Toutefois, pour certains chercheurs, Cirta serait situé à l'emplacement de la ville du Kef, dans le Nord de la Tunisie. Cette controverse est connue sous le nom de problème de Cirta[5],[6],[7],[8],[9],[10],[11],[12].

Personnalités originaires de Cirta

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Massinissa (Massinisse) dans La Carthaginoise d'Antoine de Montchrestien, v. 501 – 502 :

Ma Cirta est reconquise, et sur ses hauts Remparts
Flotent legers au vent mes vainqueurs estendarts ;

Notes et références

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  1. Camps 1979, p. 48.
  2. § 5_2-0">a § 5_2-1">b et § 5_2-2">c Bertrandy 1994, § 5.
  3. Mohand Akli Haddadou, Glossaire des termes employés dans la toponymie algérienne, Alger, ENAG Éditions, , 87 p. (ISBN 978-9931-00-040-2), p. 247.
  4. S. Bertrandy, Encyclopédie berbère, Aix-en-Provence, Éditions Peeters, (ISBN 2-85744-696-9, lire en ligne), p. 1964–1977
  5. André Berthier, René Charlier et Jacques Juillet, « Le Bellum Jugurthinum de Salluste et le problème de Cirta », Revue de la Société archéologique de Constantine, tome 67, 1950-1951, 148 p., pl., cartes.
  6. Lionel R. Decramer, « Pour une identification en Tunisie du lieu de la défaite de Jugurtha, 1995 », Archéologia, n°312, 1995-05, p. 6-8.
  7. Lionel R. Decramer, « Le castellum de Salluste et la Table de Jugurtha, 1995 », Revue archéologique Sites, n°58-59, 1995-05, p. 4-17.
  8. Lionel R. Decramer, « L'énigme du Castellum de Salluste dans la Guerre de Jugurtha, 1996 », L'Information Historique, n°4, 1996-11, p. 141-148.
  9. Lionel R., Decramer, Chérif Ouasli et Alix Martin, « À propos de la Table de Jugurtha (Tunisie), 1999 », IBLA, n°183, 1999-01, p. 15-30.
  10. Lionel R. Decramer et Chérif Ouasli, « Nouvelles recherches sur le Bellum Iugurthinum, 2001 », IBLA, n°188, 2001-02, p. 131-159.
  11. David Mattingly, « La Numidie, Rome et le Maghreb », Lybian studies, no 14,‎ , p. 159-160 (lire en ligne, consulté le )
  12. « Le mayou: de Cirta à El Kef », Le Temps,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. Numide selon Anthony R. Birley, Septimius Severus, the African Emperor p. 109, Éd. Routledge, (ISBN 0-415-16591-1).

Bibliographie

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  • M. L. Aggoun, Réfutation des thèses historicistes et affirmation des origines numides de la confédération cirtéenne, Revue des sciences humaines no 30, décembre 2008, volume B, p. 57-67.
  • Benseddik (Nacéra), « Lueurs cirtéennes », Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, CLIII, 2005, p. 249-260.
  • Benseddik (Nacéra), Cirta-Constantina et son territoire, Errance, Arles 2012.
  • Berthier (André), Juillet (Jacques) et Charlier (René), « Le Bellum Jugurthinum de Salluste et le problème de Cirta », Recueil de la Société d'Archéologie de Constantine, LXVII, 1950, p. 1-104 (appendices, p. 107-137).
  • Bertrandy (François), « La région de Constantine (Cirta) en Algérie (Ier s. av. J.-C. - Ier s. ap. J.-C.) », L'Information historique, LII, 1990, p. 69-73.
  • Bertrandy (François), « Une dépendance de la Confédération cirtéenne, le castellum Zugal », Latomus, LI, 1992, p. 101-109.
  • [Bertrandy 1994] S. Bertrandy, « Cirta », dans Gabriel Camps (dir.) (publ. par l'Union internationale des sciences pré- et protohistoriques, l'Union internationale des sciences anthropologiques et ethnologiques, le Laboratoire d'anthropologie et de préhistoire des pays de la Méditerranée occidentale, et l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman), Encyclopédie berbère, t. XIII : Chèvre – Columnatien, Aix-en-Provence, Édisud, , 1 vol., 155 p. (p. 1 913-2 067) - [1], 24 cm (ISBN 2-85744-201-7, 978-2-85744-201-1 et 2-85744-696-9, OCLC 30348883, BNF 36676407, SUDOC 003229858, lire en ligne), art. C71, p. 1 964-1 977.
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  • Martine Dal Zotto, Jugurtha, la Numidie et Rome, éd. des Cent Chemins, Paris 2018. (ISBN 978-1985385559)

Articles connexes

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Liens externes

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