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Marie-Anne Vaillot et Odile Baumgarten

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Chapelle Saint-Louis du Champ des Martyrs sœur Marie-Anne montrant la voie du Ciel à sœur Odile

Marie-Anne Vaillot et Odile Baumgarten sont deux religieuses Filles de la charité de Saint Vincent de Paul fusillées ensemble le . Elles sont martyres de la foi car tuées in odium fidei (en haine de la foi)/ pour avoir refusé de prêter serment à l'Église constitutionnelle. Exécutées à Avrillé par les colonnes infernales du général Turreau parmi plus de deux mille victimes, elles ont été proclamées bienheureuses par le pape Jean-Paul II plus de deux siècles plus tard, avec quatre-vingt-dix-sept autres martyrs. Ces deux religieuses font partie du groupe des Martyrs d'Angers.

Contexte historique

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Avec la mise en place de la Terreur, effective depuis le et en tenant compte du fait que depuis le « la Convention charge les tribunaux ordinaires de juger révolutionnairement », « la commission militaire d'Angers sera responsable de l'emprisonnement, de la mise à mort et de la déportation de plus d'une centaine de religieuses »[1].

Le , l'armée vendéenne vaincue à la bataille de Cholet est acculée à Cholet ; elle reflue vers la Loire et s'empresse de la traverser à Saint-Florent-le-Vieil pour rejoindre les autres troupes royalistes au nord du fleuve, entamant la Virée de Galerne. Le 3 décembre, l'armée catholique et royale se présente devant les murs d'Angers, elle se retire le 6 décembre. La République de l'An I continue son entreprise d'asservissement de la Vendée. Les colonnes infernales du général Turreau font des ravages, elles massacrent de à [N 1].

À Angers, dirigés par les représentants en mission Nicolas Hentz et Adrien Francastel, les prisonniers, hommes et femmes, passent en jugement sommaire devant les commissions militaires. Ils sont guillotinés sur la place du Ralliement (place Saint-Maurille avant le ) ou fusillés dans un champ désert de la ferme Desvallois (du nom du propriétaire « patriote » de la Société de l'Ouest).

Marie-Anne Vaillot est née à Fontainebleau le et y reçoit le baptême. Elle entre d'abord dans la congrégation des sœurs de la Mission, puis entre chez les Filles de la Charité le  ; elle est placé d'abord à Fontenay-le-Comte, à l'Île Saint-Louis, Longué, Saint-Pierre-Montlimart, et enfin Angers où elle est chargé de l'économat[2],[FU 1].

Odile Baumgarten, elle, est née à Gondrexange en Lorraine le  ; elle entre en religion le et postule à Metz, elle est placée à Brest avant de venir à Angers où elle est responsable de la pharmacie[FU 1].

Les Filles de la Charité dans la tourmente révolutionnaire

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Au début de la révolution française, les Filles de la charité se tiennent à l'écart des conflits politiques : elles privilégient les soins aux malades ; en octobre 1793 les religieuses sont autorisées par la Supérieure Générale des Filles de la Charité, sœur Antoinette Deleau à quitter leur habit[3].

Le serment Liberté-Egalité du 14 août 1792 est requis par tous les membres du clergé. Prêter ce serment est pour beaucoup comme une séparation avec l’Église : le refuser c'est être considéré comme contre-révolutionnaire. Les Filles de la charité vont être confrontés à cette épreuve[4]. En 1793, des « patriotes » vont à l'Hôtel-Dieu exiger des religieuses le serment de Liberté-Égalité. Trois religieuses ont de l'influence sur les autres et empêchent de prêter serment, à savoir : sœur Antoinette Taillade supérieure de la communauté, sœur Marie-Anne Vaillot et sœur Odile Baumgarten.

Arrestation et jugement

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L'arrestation a lieu le dimanche 19 janvier 1794[5]. Elles sont conduites à la maison des Pénitentes pour sœur Antoinette et à la maison du Bon Pasteur pour sœur Marie-Anne et sœur Odile[FU 2]. Les sœurs Anne-Marie et Odile sont interrogées par le citoyen Vacheron de la Commission Militaire et par le citoyen Bremaud son secrétaire[FU 3]. Après un simulacre de jugement, elles sont condamnés à être fusillés. Elle sont fusillés à Avrillé le dans le champ de la ferme Desvallois.

Point de vue d'un historien contemporain

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En 2015, l'historien de la Révolution Jean-Clément Martin souligne l'intransigeance des révolutionnaires : « Les sœurs Marie-Anne Vaillot et Odile Baumgarten sont exécutées parce qu'elles refusent le serment, pourtant elles ont soigné les malades dans les hôpitaux et porté la cocarde tricolore sur leurs uniformes »[6].

Mémoire et béatification

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Le [7], Joseph Rumeau, évêque d’Angers, introduit la cause d’un certain nombre de victimes mises à mort en haine de la foi et de l'Église catholique, Noël Pinot est alors béatifié. Plus de 40 ans après, en 1949, le journal La Croix publie les noms proposés pour la béatification. En 1951 le procès est ouvert et le chanoine Tricoire, archiviste diocésain est chargé du procès de béatification qui aboutit le à un décret. La béatification est célébrée le au Vatican devant des milliers de fidèles venus de l'Ouest[8],[9].

Fête et mémoire liturgique

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  • Le [10].
  • Marie-Anne et Odile

Bibliographie

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  • Simon Gruget, Les fusillades du Champ des Martyrs : Mémoire rédigé en 1816 par l'abbé Gruget, E. Queruau-Lamerie, (lire en ligne) (le témoignage de l'abbé Gruget est d'autant plus précieux qu'il a vécu directement cette époque, à Angers et alentours)
  • François Chamard, Les vies des saints personnages de l'Anjou, t. 3, Paris, J.Lecoffre, , 656 p. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • François Uzureau, Histoire du Champ des martyrs, Imprimerie Siraudeau, , 227 p. (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • François Uzureau, Les filles de la Charité d'Angers pendant la Révolution ; martyre des sœurs Marie-Anne et Odile,
  • Lucien Misermont, Le premier hôpital des Filles de la Charité et ses glorieuses martyres les sœurs Marie-Anne et Odile, fusillées à Angers le 1er février 1794, Paris, Emile-Paul, , 434 p.[11]
  • Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul, Martyres de la foi. Sœur Marie-Anne Vaillot, sœur Odile Baumgarten, Paris, Imprimerie Hallépée, , 71 p.
  • André Merlaud (préf. Jean Orchampt), Les martyrs d'Angers 1793-1794, Paris, SOS Éditions, , 140 p. (ISBN 978-2-718-50942-6, BNF 34743575, lire en ligne) {Gallica)

Notes et références

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  1. w

Références

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  1. a et b Uzureau 1906, p. 89.
  2. Uzureau 1906, p. 89-90.
  3. Uzureau 1906, p. 87-88.
  • Autres références :
  1. (Collectif) Germain Sicard Justice et politique : la Terreur dans la Révolution française, Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole, 2021
  2. « Une héroïque martyre — Le centenaire de la mort de la sœur Marie-Anne, de Fontainebleau », L'Abeille de Fontainebleau, vol. 59, no 45,‎ , p. 2/4 (lire en ligne Accès libre, consulté le )
  3. Compte rendu par d'André Lesort de Lucien Misermont, Le premier hôpital des Filles de la Charité et ses glorieuses martyres les sœurs Marie-Anne et Odile, fusillées à Angers le Paris, 1913
  4. Congrégation de la mission des Filles de la charité
  5. Site des Filles de la charité
  6. Jean-Clément Martin, Révolution et Contre-Révolution de 1789 à 1989, Presses Universitaires de Rennes, , 237 p. (ISBN 9782753524507, lire en ligne), p. 63
  7. Les Questions ecclésiastiques, (lire en ligne), p. 231
  8. « Bienheureux Martyrs d'Angers », sur nominis.cef.fr (consulté le )
  9. « Discours du pape Jean-Paul II aux pèlerins d'Angers à l'occasion de la béatification de Guglielmo Repin et ses compagnons », sur www.vatican.va, (consulté le )
  10. Bienheureuses Marie-Anne Vaillot et quarante-six compagnes, Martyres sous la Révolution française (+ 1794) sur Nominis
  11. André Lesort, « Compte-rendu de Lucien Misermont, prêtre de la Mission, Le premier hôpital des Filles de la Charité et ses glorieuses martyres les sœurs Marie-Anne et Odile, fusillées à Angers le 1er février 1794 », Annales de Bretagne, t. 29, no 3,‎ , p. 547-549 (lire en ligne, consulté le )