Saïd Chengriha
Chef d’état-major de l'Armée nationale populaire | |
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Chef d'état-major de l'armée de terre | |
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Saïd Chengriha (en arabe : سعيد شنقريحة, en berbère : ⵙⴰⵄⵉⴷ ⵛⵏⴳⵔⵉⵃⴰ), né le à El Kantara (dans l'actuelle wilaya de Biskra), est un général algérien.
Commandant des Forces terrestres algériennes de 2018 à 2020, il est nommé chef d'État-Major de l'Armée nationale populaire par le président Abdelmadjid Tebboune à la suite de la mort d'Ahmed Gaïd Salah.
Situation personnelle
[modifier | modifier le code]Saïd Chengriha naît le à El Kantara, en Algérie (région des Aurès), alors département français.
Il est issu de l’une des vieilles familles de la région. Son oncle Abdelkader Chengriha est l’un des fondateurs du Croissant-Rouge algérien et est également membre du ministère de l’Armement et des Liaisons générales (MALG), service de renseignement extérieur du gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Après avoir émigré au Maroc, Abdelkader Chengriha participe à la création du centre de transmission de l’Armée de libération nationale (ALN)[1].
Saïd Chengriha est marié et père de six enfants[2].
Carrière militaire
[modifier | modifier le code]Débuts et ascension
[modifier | modifier le code]Saïd Chengriha s’engage quand l’Armée de libération nationale (ALN) devient l’Armée nationale populaire (ANP). Formé à l’école de Saint-Cyr Coëtquidan, en France, il fait partie de la première « promotion de l’Indépendance »[1].
Durant la guerre d'usure dans le conflit israélo-arabe, il est envoyé en Égypte. À son retour, il est nommé chef de régiment de chars au sein de la 8e brigade blindée[1]. Cette brigade, qui est bientôt transformée en division, est commandée par de futures personnalités majeures de l’État, comme le futur président Liamine Zéroual, Lakehal Ayat, qui dirigera le renseignement dans les années 1980, ou le général Hocine Benhadid, avec qui Saïd Chengriha entretiendra toujours de très bons rapports[1]. Chengriha a une formation d’officier d'infanterie et suit le cours d’état-major à l'académie russe de Vorochilov pendant les années 1970[3].
Saïd Chengriha participe également à la Guerre du Kippour, en 1973[4]. Le corps expéditionnaire algérien est alors commandé par des officiers supérieurs qui joueront des rôles politique et militaire déterminants dans l’Algérie des années 1990 et 2000 : parmi eux se trouvent Khaled Nezzar et Abdelmalek Guenaizia[1].
Pendant la guerre civile algérienne des années 1990, Saïd Chengriha et Abdelaziz Medjahed, son supérieur direct, sont envoyés dans le secteur opérationnel de Bouira (SOB), à une centaine de kilomètres au sud-est d’Alger. Habib Souaïdia, ancien des Forces spéciales de l'Armée algérienne, évoque la brutalité de la gestion des opérations anti-terroristes dans son livre La Sale Guerre; le général Khaled Nezzar, dans un entretien accordé au journal français Le Figaro, contredira son témoignage[1], mais sera débouté de son procès en diffamation[5].
Après deux ans de combat et une réorganisation du dispositif anti-insurrectionnel, Saïd Chengriha regagne le commandement de la 8e division blindée à Ras el-Mâ, dans la wilaya de Sidi Bel Abbès. Il est chargé de réfléchir à la modernisation de l’armée de terre[1]. Il est promu général en 1998, puis général-major en 2003[2]. Il est commandant de la région militaire III de 2004 à 2018[3].
Saïd Chengriha est dépeint comme un « faucon anti-marocain », notamment après la fuite de passages d’un discours qu’il donne lors de manœuvres en mars 2016, dans lequel il salue la lutte « du peuple sahraoui » pour son indépendance[1]. Durant sa période comme commandant de la région militaire III, il procède à quelques incursions dans la gestion des affaires civiles. En février 2015, il intervient pour calmer les travailleurs d’Air Algérie qui avaient paralysé l’aéroport de Béchar par une grève surprise. En novembre 2017, au lendemain des législatives, alors que la population de Tindouf se soulève contre des résultats jugés truqués, l’intervention de Chengriha permet le retour au calme[1].
Le , il est nommé commandant des Forces terrestres, succédant au général major Ahcène Tafer[6], limogé après une purge[4]. Durant son long parcours militaire, Saïd Chengriha occupe des postes sensibles et stratégiques. Il est en effet à la tête du commandement de bataillon, puis adjoint chef de la 3e région militaire[7]. Durant la période des manifestations (Hirak) qui commencent en février 2019 et qui voient à nouveau l’armée jouer un rôle de premier plan et Ahmed Gaïd Salah pousser à la démission le président Abdelaziz Bouteflika, Chengriha se voit confier une partie des pouvoirs de Gaïd Salah, qui s’efforce de ramener le calme. Néanmoins, il désapprouve la décision de ce dernier de faire emprisonner les généraux Hocine Benhadid et Ali Ghediri pour avoir osé remettre en question les choix du chef d’état-major[1].
Chef d'État-Major
[modifier | modifier le code]Le , Saïd Chengriha est nommé chef d'État-Major de l'Armée nationale populaire par intérim par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, succédant au défunt général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah[8]. Le , il nomme Ammar Atamnia à la tête des forces terrestres[9]. Le suivant, au lendemain de sa promotion comme général de corps d'armée[10], il est confirmé dans ses fonctions de chef d'État-Major[11].
L'historien Jean-Pierre Filiu considère en avril 2021 que Saïd Chengriha est le véritable « homme fort » du pays, avant le président Abdelmadjid Tebboune. Il affirme que le chef d’État-Major a bridé le président Tebboune en février 2021, lorsque, après avoir annoncé un remaniement gouvernemental, celui-ci n'est parvenu à changer ni le Premier ministre, ni les titulaires des portefeuilles régaliens[12].
Bien qu'il soit le premier chef d’État-Major sans aucun passé dans la lutte anti-coloniale, Saïd Chengriha choisit, d'après Filiu, de relancer la guerre des mémoires pour conforter un statu quo qui est favorable depuis la fin de la guerre d'Algérie aux généraux algériens. Ce choix se fait a contrario des revendications du mouvement de protestation Hirak, dont l’une des exigences est celle d’un gouvernement pleinement civil, enfin émancipé de la tutelle militaire. Ce serait dans cette optique que Chengriha s’efforce de caricaturer la contestation populaire en « complot de l’étranger », dont la France serait l’inspiratrice. Il balaie ainsi les gestes déjà accomplis par le président français Emmanuel Macron en vue d’une réconciliation des mémoires entre la France et l’Algérie[12]. Il est nommé général d'armée le [13].
Il se rend en visite en France en janvier 2023[14].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Akram Kharief, « Algérie : le chef d’état-major Saïd Chengriha imprime sa marque », jeuneafrique.com, 7 juillet 2020.
- « Il succède à Gaid Salah à la tête de l’Etat-major de l'ANP : Qui est le général-major Saïd Chanegriha ? », sur algerie1.com, (consulté le ).
- « Décès d’Ahmed Gaid Salah », sur menadefense.net, .
- « Algérie : qui est Saïd Chengriha, le successeur d’Ahmed Gaïd Salah au poste de chef d’état-major ? », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- Florence Aubenas, « Le général algérien Nezzar débouté à Paris », sur liberation.fr (consulté le ).
- « Saïd Chengriha nommé chef des forces terrestres », sur elwatan.com, .
- « Algérie : Said Chengriha, le général qui va remplacer Gaid Salah », sur dzairdaily.com, (consulté le ).
- « Le général Chengriha chef d’état-major par intérim », sur tsa-algerie.com, .
- « ANP : Saïd Chengriha installe officiellement Amar Athamnia », sur dzvid.com, dznewsvideo, (consulté le ).
- « ANP : Benali Benali et Saïd Chengriha promus », sur inter-lignes.com, (consulté le ).
- « Said Chengriha confirmé au poste de Chef d'Etat-major de l'ANP », sur inter-lignes.com, (consulté le ).
- Jean-Pierre Filiu, « Les généraux algériens relancent la guerre des mémoires avec la France », sur lemonde.fr, 4 avril 2021.
- Nicolas Beau, « Le sacre du chef de l’armée algérienne Saïd Chengriha », Mondafrique, (lire en ligne)
- « Le patron de l'armée algérienne en visite officielle en France, une première en 17 ans », sur LEFIGARO, (consulté le )