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Zéphyr

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Zéphyr
Dieu de la mythologie grecque
Antonio Bonazza, Zéphyr, 1757, jardin supérieur du palais de Peterhof
Antonio Bonazza, Zéphyr, 1757, jardin supérieur du palais de Peterhof
Caractéristiques
Nom grec ancien Ζέφυρος
Fonction principale Vent de l'ouest
Résidence Thrace
Lieu d'origine Grèce
Période d'origine Grèce antique
Groupe divin Titans
Divinités des vents
Équivalent(s) Favonius
Région de culte Grèce antique
Famille
Père Astréos (ou Éole)
Mère Éos
Fratrie Divinités des vents : Les étoiles dont les étoiles errantes : Autres :
Premier conjoint Podarge
• Enfant(s)
Deuxième conjoint Iris
• Enfant(s) Éros
Troisième conjoint Chloris
• Enfant(s) Carpos
Quatrième conjoint Hyacinthe

Dans la mythologie grecque, Zéphyr (en grec ancien : Ζέφυρος / Zéphyros) est le dieu du vent de l'ouest. Son équivalent romain est Favonius.

Étymologie

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Le nom de Zéphyr provient probablement de ζόφος / zóphos, « ténèbres, région obscure », c'est-à-dire l'ouest[1].

L'érudit byzantin Jean le Lydien (VIe siècle) nomme le mois de mars Ζεφυρίτης / Zephyrítēs[2]. Il existe dans le bassin méditerranéen un bon nombre de caps Zéphyrion (Ζεφύριον / Zephýrion), littéralement « sous le vent d'ouest, occidental ». On retrouve enfin son nom en composition dans le nom des Locriens épizéphyréens (Ἐπιζεφύριοι Λοκροί / Epizephýroi Lokroí), en Grande-Grèce — littéralement, « Locriens de l'ouest ».

Dans le français argotique, Zéphyr a donné l'expression « zef » (ou « zéph' ») pour désigner le vent, souvent fort[3].

Zéphyr est le fils des titans Astréos et Éos (l'Aurore)[4].

Un des vents directionnels, les Anémoi, il est le frère d'Euros, Caecias, Notos, Apéliote, Lips, Borée et Sciron. Hygin et Aratos lui donnent également Astrée pour sœur[5],[6]. Il a aussi pour demi-frères maternels l'étoile du matin et l'étoile du soir, Éosphoros et Hespéros, et les étoiles en général[7].

Il s'unit avec une des Harpies, Podarge, qui a pris la forme d'une jument ; de cette union naissent les célèbres chevaux immortels Xanthos et Balios qui seront offerts à Achille[8], ainsi que Phlogéos et Harpagos, les chevaux des Dioscures. Selon certaines traditions, il est également le père d'Éros par Iris[9].

Enfin, il a pour épouse la nymphe Chloris, déesse des fleurs, dont il a un fils, Carpos[10].

Sebastiano Ricci, Zéphyr et Flore, Ca' Rezzonico (Venise)

Zéphyr est souvent mentionné en compagnie de son frère Borée, le vent du nord[11]. Comme lui, il est réputé habiter dans une caverne en Thrace[12]. On lui attribue comme royaume « les lieux où se lève l'étoile du soir, où le soleil éteint ses derniers feux[13]. »

Épris du jeune prince spartiate Hyacinthe, il le dispute à Apollon. Emporté par la jalousie, il dévie le disque lancé par le dieu[14]. Le disque frappe Hyacinthe à la tempe, et le tue.

Enfin, Zéphyr joue un petit rôle dans le mythe d'Éros et Psyché : c'est lui qui porte la jeune fille du rocher escarpé où elle attend la venue de son mari au palais du dieu de l'amour[15].

Son culte remonte à la civilisation mycénienne : le nom Zepu₂ro a été retrouvé sur les tablettes en linéaire B[2] ; on connaît l'existence d'une prêtresse des Vents à Cnossos à la même période[16]. Comme pour les autres vents, des sacrifices en son honneur se déroulent à plusieurs reprises dans l'année : l'objectif est de faire venir Zéphyr ou au contraire de le tenir éloigné, suivant l'effet voulu pour les récoltes. Zéphyr possède un autel à Athènes[17] et l'on voit encore son image sur la frise de la Tour des Vents.

Représentations littéraires

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Zéphyr et Flore
Giambattista Tiepolo, 1730-1735
Ca' Rezzonico, Venise

Dans l’Iliade, Zéphyr est un vent doux ou pluvieux[18]. Dans l’Odyssée et dans les textes ultérieurs, on le considère au contraire comme un vent doux et léger, une brise tiède qui amène la fonte des neiges[19]. Hésiode est le premier à mentionner son ascendance. Son union avec une Harpie, à l'époque seule représentante de son espèce, est une tradition très ancienne, les Harpies étant considérées comme des esprits des tempêtes[20]. Au contraire, son mariage avec Chloris n'apparaît que de manière très tardive ; l'enfant qui en naît, Carpos (littéralement « fruit ») est très largement inspiré du personnage de Hyacinthe[21].

Son amour pour Hyacinthe est mentionné pour la première fois par Palaiphatos, repris par Lucien de Samosate ; Ovide ne le cite pas quand il rapporte la mort et la métamorphose du garçon. Virgile le nomme au début de l’Énéide[22] : Zéphyr est convoqué en même temps qu'Euros[23], et tancé par Neptune pour avoir obéi aux ordres de Junon et déclenché la tempête qui a écarté Énée des rives italiennes. Dans la littérature romaine, le nom commun « zéphyr » est le plus couramment employé, notamment au pluriel[24]. Apulée met toutefois de nouveau le dieu en scène dans son récit du mythe d'Éros et Psyché.

Jean de La Fontaine, dans sa fable Le Chêne et le Roseau, fait référence au Zéphyr comme un vent doux et le met en parallèle avec l'Aquilon, un vent violent. Tout pour le roseau est Aquilon, tout semble au chêne Zéphyr. Pourtant, à la fin, le chêne est déraciné et le roseau plie et ne rompt pas.

Iconographie

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Zéphyr réprésenté sur la fresque de son mariage à la nymphe Flore (en latin Flora, en grec Chloris) de la Casa del Naviglio à Pompéi.
Zéphyr (à droite) s'empare de Chloris, détail du Printemps de Botticelli
Gravure de la représentation de Zéphyr de la tour des Vents.

Comme tous les vents, Zéphyr est représenté dans l'art grec comme un personnage ailé[25]. De ce fait, il est parfois difficile à distinguer d'Éros[26]. Les vases le montrent le plus souvent poursuivant Hyacinthe ou le tenant dans ses bras. La scène présente un caractère érotique certain : sur un vase à figures rouges du musée des beaux-arts de Boston[27], le sexe en érection du dieu s'enfonce dans les plis des vêtements du jeune homme[28] ; sur le vase 95.31 du même musée[29], c'est un coït intercrural qui est représenté. Zéphyr est également représenté comme l'amant de Cyparisse[21].

Par la suite, Zéphyr est fréquemment représenté en train de transporter Psyché : la scène inspire notamment Henri-Joseph Ruxthiel, un disciple de Houdon[30]. Il est également montré en compagnie de Chloris ; la représentation la plus célèbre du couple est sans doute celle de Botticelli dans Le Printemps et La Naissance de Vénus.

Giambattista Tiepolo le représente avec Flore, nom romain de Chloris[31].

L'astéroïde (12923) Zéphyr porte son nom.

  1. Chantraine, s.v. ζόφος.
  2. a et b Chantraine, s.v. Ζέφυρος.
  3. « ZEF : Définition de ZEF », sur www.cnrtl.fr (consulté le )
  4. Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne] (v. 378–379).
  5. Aratos, Les Phénomènes et les Prognostics (v. 96)
  6. Hygin, Astronomie [détail des éditions] [(la) lire en ligne] (II, 25)
  7. Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne] (378-382).
  8. Iliade (XVI, 149-151).
  9. Alcée de Mytilène, frag. 327 L-P.
  10. Ovide, Fastes [détail des éditions] [lire en ligne] (V, 183–378).
  11. Par exemple Iliade (XXIII, 194-230).
  12. Iliade (IX, 5).
  13. Ovide, Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 4).
  14. Palaiphatos, Histoires incroyables [détail des éditions] (lire en ligne) (46) ; Lucien de Samosate, Dialogue des dieux (16).
  15. Apulée, Métamorphoses [détail des éditions] (lire en ligne) (IV, 35, 4).
  16. (en) Walter Burkert (trad. John Raffan), Greek Religion [« Griechische Religion des archaischen und klassichen Epoche »], Oxford, Blackwell, 1985 (éd. orig. 1977) (ISBN 978-0-631-15624-6), p. 175.
  17. Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 37, 2).
  18. Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] (XXIII, 200).
  19. Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne] (IV, 566-568).
  20. Pénélope les nomme θὐελλαι / thúellai, « tempêtes » dans Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne] (XX, 66).
  21. a et b Sergent, p. 105.
  22. Virgile, Énéide [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 124-141).
  23. « Virgile - Enéide, 1, 1-222 », sur bcs.fltr.ucl.ac.be (consulté le )
  24. Par exemple dans Horace, Odes (III, 1, 24).
  25. John Boardman, Les Vases athéniens à figures rouges. La période archaïque, Thames & Hudson, Paris, 1991, p. 230.
  26. Gantz, p. 94.
  27. Boston 13.94 = John Beazley, Attic Red-Figure Vase-Painters (ARV), 1570.
  28. Kenneth J. Dover, Greek Homosexuality, Harvard University Press, Cambridge, MA, 1989, ill. R603 et p. 98.
  29. ARV 95.31.
  30. Zéphyr et Psyché, Salon de 1814. Musée du Louvre, inv. LL 7.
  31. Musei di Venizia

Articles connexes

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Bibliographie

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  • (en) Timothy Gantz, Early Greek Myth, Johns Hopkins University Press, [détail de l’édition], p. 18, 25 et 94.
  • Bernard Sergent, Homosexualité et initiation chez les peuples indo-européens, Paris, Payot, coll. « Histoire », (ISBN 2-228-89052-9), p. 104–105.

Liens externes

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