Dan (roi)
Dan est le nom donné à la dynastie des rois légendaires dans la mythologie nordique qui donnèrent leur nom au peuple Danois et au Danemark.
Le Chronicon Lethrense
[modifier | modifier le code]Selon la Chronicon Lethrense, composée vers 1170, un premier roi primitif, Ypper of Uppsala, eut trois fils, Dan qui dirigea les Danois, Nór qui devint le roi des Norvégiens et Østen celui des Suédois. Selon la chronique Dan est le premier qui règne sur Seeland et préserve son peuple de l'attaque des troupes de l'empereur romain Auguste et les Jutes les hommes de Fionie et de Scanie l'acceptent comme roi, l'ensemble de ces territoires prennent alors son nom pour former le Danemark. Son épouse Dana et leur fils Ro.
Le Rígsthula
[modifier | modifier le code]D'après le poème de l'Edda poétique, Rígsþula, Dan et sa sœur Drott étaient les enfants de Ríg qui était le pseudonyme du dieu Heimdall. Par la suite, Drott épousa le roi légendaire de Gamla Uppsala Domar.
La Skjöldungasaga
[modifier | modifier le code]Selon l'épitomé en latin de la Skjöldungasaga (en) d'Arngrímur Jónsson de 1597 :
Ríg (Rigus) était l'un des hommes les plus remarquables de son temps. Il épousa la fille d'un certain Danp (vieux norrois Danpr), seigneur de Danpsted, dont le nom était Dana ; et plus tard, après avoir gagné le titre royal dans sa province, il laissa comme héritier son fils né de Dana, et appelé Dan ou Danum, dont tous les sujets étaient appelés Danois.
Cette tradition est proche de celle de la Rígsthula. Ce Dan épouse Olof, la fille de Varmund, et devient ainsi le beau-frère de Offa d'Angeln mentionné dans le poème en vieil anglais Beowulf. Dan règne d'abord sur le Jutland mais il conquiert le Seeland sur le roi Aleif, fondant ainsi le royaume de Danemark.
Saga des Ynglingar
[modifier | modifier le code]L'Ynglinga saga de Snorri Sturluson évoque le roi Dyggve de Suède [1]:
Drótt, la mère de Dyggve était fille du roi Danp, le fils de Ríg, qui fut le premier à être appelé konungr [roi] en langue danoise [(Vieux norrois)]. Ses descendants tinrent toujours le nom de konungr pour le titre le plus éminent. Dyggve fut le premier de sa race à être appelé konungr, car auparavant ils avaient porté le nom de dróttinn [souverain], leurs femmes portant celui de dróttning, et leur suite celui de drótt. Chacun des membres de cette race fut également désigné par le nom de Yngvi, ou Ynguni, et tous reçurent l’appellation d'Ynglingar. La reine Drótt était la sœur du roi Dan Mikilláti (c'est-à-dire le Superbe), d'où vient le nom du Danemark tient.
Ici Ríg est le père de Danp le père de Dan. Le titre Mikilláti peut être traduit par Fier ou Superbe. Snorri ne dit pas à cet endroit que Dan est aussi un descendant du roi Fridfrodi ou Fróði le Pacifique qu'il présente comme régnant sur le Zealand, comme contemporain de Fjölnir fils de Frey six générations avant le roi Dygvi. Snorri écrit plus loin[2] :
À l'époque à laquelle ces rois vivaient à Uppsala, les souverains suivants régnaient sur le Danemark : d'abord Dan Mikilláti, qui atteignit un âge élevé puis son fils, Fróði Mikilláti, ou le Pacifique, ensuite les fils de ce dernier Halfdan et Fridleif, qui étaient de grands guerriers.
Le pacifique Fróði semble être un doublet du premier Fróði. Dans sa préface de l'Heimskringla (qui inclut l'Ynglinga saga), Snorri évoque l'époque des Cairns[3] :
Comme le roi des Danois Dan Mikilláti s'était fait élever un tertre et avait demandé qu'après sa mort on l'y transportât avec sa parure royale, son équipement guerrier, son cheval muni de tout son harnachement et beaucoup d'autres objets précieux, nombreux furent ses parents qui l'imitèrent. Mais chez les Suédois et les Norvégiens l'âge de la crémation se poursuivit encore longtemps.
Sven Aagesen
[modifier | modifier le code]L'historien du XIIe siècle Svendl Aagesen mentionne Danu Elatus 'le Fier', sans doute Dan Mikilláti, et fait de lui le successeur de Uffi, qui est Offa, fils de Varmund, en conformité avec la Skjöldungasaga. Il dit que ce Dan était un si puissant roi qu'un autre roi était son page et que deux nobles lui tenaient son cheval.
La Gesta Danorum
[modifier | modifier le code]Saxo Grammaticus dans la Gesta Danorum évoque trois monarques danois différents nommés Dan. On ignore s'il a divisé un seul monarque en plusieurs, ou s'il s'agit de trois rois que les autres ont confondus.
Saxo commence son histoire avec deux frères nommés Dan et Angul, fils de Humbli, qui deviennent souverain avec l'accord du peuple du fait de leur bravoure. Ils ne sont toutefois pas appelés "roi", car ce n'en est pas encore l'usage [4].
Angul est l'éponyme de la région d'Angul et son peuple deviendra ensuite les Angles qui donneront leur nom à l'Angleterre. Dan est le père de deux fils, Humblus et Lotherus, nés de son épouse Grytha. On ne connait rien d'autre de lui, bien qu'un roi nommé Humli soit le chef des Huns dans les vieilles sources norroises la Bataille des Goths et des Huns. Lotherus doit être mis en relation avec le dieu scandinave Lóðurr ou le roi en exil Heremod mentionné dans Beowulf ou avec les deux. Selon Saxo, Lotherus est le père du fameux héros Skioldus.
Le second roi nommé Dan apparaît plus tard dans le livre IV comme le fils de Uffi fils de Varmund, (qui est l'Offa d'Angeln fils de Varmund). Saxo ne l'évoque qu'en quelques lignes comme un roi guerrier qui dédaigne ses sujets et gaspille sa richesse comme un successeur, très dégénéré, de ses ancêtres[5]
Il est suivi par le roi Huglek, « qui écrasa les tyrans suédois Homothus et Hogrimus lors d'un combat naval » [6]puis par Fróði l’Énergique, qui a à son tour comme successeur Dan III. Saxo ne précise pas la parenté de chacun de ces rois[7]. Pour le dernier Dan, Saxo évoque seulement une anecdote lorsque Dan est âgé de 12 ans, lassé par l'arrogance des ambassadeurs saxons qui viennent exiger le paiement d'un tribut sous peine de guerre, il établit un pont de bateau sur l'Elbe avec des bateaux traverse la rivière et remporte une grande victoire[8]. Ce Dan III est le père de Fridlevus, dans lequel certains reconnaissent Fridleif et son fils Fróði souvent mentionné dans les sources norvégiennes, le dernier du moins du fait de sa parenté, le pacifique Fróði que Snorri introduit au début de son Ynglinga saga[9].
La ballade d'Eric
[modifier | modifier le code]La Ballade d'Eric (en) était autrefois considérée comme une source précieuse pour l’histoire de la période de migration, mais est maintenant considérée comme un fakelore inauthentique créé au cours du XVIe siècle.
La ballade traite d'Eric, le premier roi de Geatland (fyrsti konunger i Götalandinu vidha). Il envoie une troupe de Geats vers le sud dans un pays nommé Vetala, où personne n'avait encore cultivé la terre. En leur compagnie se trouve un homme sage qui devait faire respecter la loi. Finalement, un roi nommé Humli ordonna à son fils Dan de diriger les colons et, après Dan, le Vetala fut nommé le Danemark.
La chanson a été publiée pour la première fois en 1554 en traduction latine dans l'Historia de omnibus Gothorum Sueonumque regibus de Johannes Magnus. Il déclare que la chanson originale était communément chantée en Suède à l'époque.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Dan (king) » (voir la liste des auteurs).
- Snorri Sturluson traduit et présenté par François-Xavier Dillman Histoires des rois de Norvège L'Aube des peuples Gallimard Paris 2000 (ISBN 2070732118) « Histoire des Ynglingar » chapitre 19 p. 72
- Snorri Sturlusson & François-Xavier Dilmann Op.cit chapitre 25 p. 81
- Snorri Sturluson & François-Xavier Dillmann Op.cit. Heimskringla « Prologue » p. 52
- Saxo Grammaticus, La Geste des Danois traduite par Jean-Pierre Troadec et présentée par François-Xavier Dillmann Gallimard Paris (1995) (ISBN 2070729036). Livre premier chapitre I p. 33
- Saxo Grammaticus, La Geste des Danois Op.cit. chapitre VI p. 158
- Saxo Grammaticus Op.cit. chapitre VII p. 158
- Saxo Grammaticus Chapitre VIII p.158-159
- Saxo Grammaticus Chapitre IX p.159-160
- Saxo GrammaticusOp.cit Chapitre X p. 160-161
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Saxo Grammaticus traduit par Jean-Pierre Troadec présentée par François-Xavier Dillmann, La Geste des Danois, Livre I -IX, Paris, Gallimard l'aube des peuples, (ISBN 2070729036).
- Snorri Sturluson présenté et annoté par François-Xavier Dillmann, Histoire des rois de Norvège première partie, Paris, Gallimard l'aube des peuples, (ISBN 2070732118).
- Régis Boyer En lisant Saxo Grammaticus « Le passé légendaire du Danemark » Les Belles Lettres, Paris 2016 (ISBN 9782251730448).