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Kōdō Sawaki

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Kōdō Sawaki
Description de cette image, également commentée ci-après
Kōdō Sawaki, en 1920
Naissance
Décès (à 85 ans)
École/tradition Sōtō (Zen)
Célèbre pour Retour au Zen originel (zazen)

Roshi

Kōdō Sawaki (沢木 興道, Sawaki Kōdō?, - ) est un maître du bouddhisme zen japonais de l'école Sōtō du XXe siècle.

Enfance et adolescence difficiles (1880-1896)

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Né près du sanctuaire d'Ise (shintô) sous le nom de Tada Saikichi, Kōdō Sawaki est le dernier enfant d’une famille plutôt aisée de sept enfants. Dès son enfance, ses parents envisagent d'en faire un moine, afin de diminuer leurs frais pour entretenir l'enfant. Mais sa mère meurt alors qu’il n’a que cinq ans, et son père décède quand il a huit ans. Il est alors adopté par un oncle, qui meurt à son tour, et c’est un ami de celui-ci, Sawaki Bunchiki, qui prend en charge Saikichi. Toutefois, Sawaki Bunchiki est un homme peu recommandable, joueur invétéré et patron de maison de jeu, vivant avec une ex-prostituée qui connaît régulièrement des crises d'hystérie[1]. C'est donc un couple instable qui s'occupe de l'enfant.

Alors qu’il n’a que 13 ans, Saikichi travaille comme guetteur pour la pègre du quartier, surveillant maisons de jeu et bordels pour avertir d'une arrivée de la police. Il doit également fabriquer et vendre des lanternes japonaises, afin de payer sa pension à Sawaki Bunchiki. Il est mal vêtu, mal nourri, et s'il ne ramène pas suffisamment d'argent, il est battu. Dans ces conditions difficiles, il va devenir un marginal[1].

Un soir, une femme du quartier l'emmène à une conférence sur Shinran, le fondateur de l'école jodo-shinshu. Quelque temps plus tard, dans une maison close où il travaille, il est témoin de la mort d’un vieillard. Cette scène est un choc, elle va le poursuivre et le pousser à changer de vie. Il a des liens réguliers avec une famille honnête et éduquée, les Morita Soshichi, et fréquente un temple de l'école jodo-shinshu, où on lui conseillera de se diriger vers le zen.

Premiers maîtres (1896-1900)

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À l’âge de 16 ans, il décide de devenir moine à Eihei-ji, un des deux temples mères de l’école Sōtō. Malheureusement il n’obtient qu’une place de serviteur, mais pourra cependant apprendre à pratiquer le zazen[2]. L'année suivante, en 1897, Sawada Kōhō, supérieur du temple de Daiji-ji dans l'île de Kyūshū, l’ordonne moine sous le nom de Kōdō. Et en 1899, il rencontre celui qui devient son nouveau maître, Fueoka Ryōun Oshō, qui lui enseignera pendant un an le zen et shikantaza.

Dans l'armée japonaise (1900-1905)

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En 1900, il est incorporé dans l'armée japonaise qui se prépare à une guerre avec la Russie. En 1904, la guerre russo-japonaise éclate et il est envoyé comme fantassin sur le front chinois. À cette époque, l’endoctrinement nationaliste nippon est important et Sawaki semble ne pas y avoir échappé. Il combat sans retenue, peut-être aussi dans l’espoir de mourir et de n’être plus un poids pour personne. Il est grièvement blessé à la tête au combat et laissé pour mort sur le champ de bataille, puis jeté dans un charnier. Mais lorsqu'on brûle le tas de cadavres, un médecin le voit qui remue et l'emmène à l'hôpital. Sawaki revient alors au Japon pour y être soigné, et retrouve son oncle qui se montre déçu de le revoir, car il espérait qu'il meure afin de toucher une pension[1]. Il se remet de sa blessure, mais partiellement : il souffrira sa vie durant d'une élocution difficile.

En 1905, il est renvoyé en Chine jusqu'à la fin de la guerre russo-japonaise.

De 1905 à 1945

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À la fin de ce conflit, Sawaki reprend la pratique de zazen, et en 1908, il commence à suivre des cours de philosophie à l’école Horyu-ji de Nara. Quatre ans plus tard, il devient premier assistant du dojo de Yōsen-ji, puis il suit le maître Oka Sōtan au temple de Daiji-ji dans la province de Nara. Durant sa retraite à Daiji-ji, Sawaki se consacre à zazen et à l’étude du Shōbōgenzō. Après la mort de Oka Sōtan, Sawaki devient lecteur (kōshi) à Daiji-ji. Ensuite, en 1922, il quitte définitivement le temple pour effectuer des conférences à travers le pays.

À partir de 1935, Sawaki devient professeur à l’université de Komazawa et éducateur (godō) du temple Sōji-ji où il rencontre Shūyū Narita et Kōshō Uchiyama qui plus tard recevront de lui le shiho (transmission du Dharma). C'est là aussi qu'il rencontre Yasuo Deshimaru, à qui il conseillera de vivre dans la société tout en pratiquant zazen. En 1940 Sawaki fonde le centre Tengyô Zen-en au temple de Daichû-ji, il y dirige des retraites rigoureuses pendant la guerre.

Après la Seconde Guerre mondiale (1945-1963)

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Après la Seconde Guerre mondiale, Sawaki ne s’installe dans aucun temple, mais il acquiert une certaine renommée en organisant des sesshin et des conférences ouvertes à tous, laïcs et religieux. Sawaki est alors surnommé « Kōdō sans demeure » (Yadonashi Kōdō). Sawaki focalise alors ses enseignements sur la pratique de zazen.

À partir de 1949, Sawaki prend la direction du temple d'Antai-ji abandonné durant la guerre.

Fin de vie (1963-1965)

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En 1963, Sawaki tombe malade et se retire au temple d'Antai-ji pour se concentrer sur sa pratique. Dans les derniers temps, il contemple longuement par sa fenêtre le mont Takagamine.

Peu de temps avant sa mort, il dit à une nonne : « Regarde ! La nature est sublime. Je comprends les problèmes des hommes, pourtant je n'ai jamais rencontré quelqu'un digne de ma soumission ou de mon admiration. Mais la montagne de Takagamine me regarde toujours de haut en me disant : Kōdō, Kōdō. »

Sawaki Kôdô Roshi meurt le à l’âge de 85 ans.

Maîtres et Disciples

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Disciples ayant reçu sa transmission formelle

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Bien qu'il ait eu de nombreux élèves ou disciples, Kōdō Sawaki Rōshi n'a accordé sa transmission formelle du Dharma (Shiho) qu'à huit disciples, trois nonnes et cinq moines :

Autres élèves

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Notes et références

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  1. a b et c Dominique Blain, Sensei : Taisen Deshimaru, maître zen, Paris, Albin Michel, (lire en ligne)
  2. Les maîtres spirituels et mystiques contemporains. Bruno Solt. Éd. Retz, 2008, page 130. (ISBN 9782725660219)

Ouvrages en français de Kodo Sawaki

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  • Le Chant de l'éveil. Le Shôdôka de Yôka Daishi commenté par un maître zen, Paris, Albin Michel, 1999, 361 p. (ISBN 978-2-226-10727-5)
  • La religion de la salle à manger. Commentaires du Jujikigokan, soutra du repas. Nice, Mikan, 2012. (ISBN 978-2-954-15130-4)
  • À toi, Paris, Éd. L'Originel - Charles Antoni, 2019, 112 p. (ISBN 979-1-091-41380-0)
  • Force vitale, Préface de Roger Lipsey, Paris, Éd. L'Originel - Charles Antoni, 2022, 160 p. (ISBN 978-2-383-57011-0)
  • Le Zen, Préface de Muho Nölke, Éd. L'Originel - Charles Antoni, 2024, 188 p. (ISBN 978-2-383-57033-2)

Bibliographie

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  • Kosho Uchiyama Roshi et Shohaku Okumara (trad. du japonais), Kado Sawaki, un zen vagabond, Paris, Le Relié, , 334 p. (ISBN 978-2-35490-156-1)
  • (en) Brian Victoria, « Sawaki Kōdō, Zen and Wartime Japan: Final Pieces of thePuzzle », The Asia-Pacific Journal, vol. 13, no 18,‎ (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes

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Liens externes

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